Napier, la Mecque néo-zélandaise de l’Art déco

On se croirait dans un décor de cinéma. On ne rêve pas. On visite la rivale de Miami Beach, aux Antipodes.

Bernard Pichon
Texte et photos

 

Ce 3 février 1931, sur la côte Est de l’île néo-zélandaise du Nord, la terre se met à trembler. Le séisme atteint une intensité de 7,9 sur l’échelle de Richter et tue 256 personnes. En quelques secondes, la petite ville de Napier se retrouve sous les décombres. Et comme elle est essentiellement bâtie en bois, les incendies parachèvent cette catastrophe, la plus sévère jamais enregistrée sous ces latitudes. Tout est à reconstruire. 

Venue de Belgique, la tendance esthétique est alors à l’Art déco. Une mode qui triomphe notamment à Paris, avant de susciter une coqueluche planétaire, du Portugal à l’Afrique du Nord, de l’Inde aux Philippines en passant par le Vietnam. Après les volutes de l’Art nouveau, on revient à la rigueur classique: ordre, symétrie, design inspiré de la géométrisation cubiste. Les architectes attelés à la reconstruction de Napier s’imprègnent de ce courant partout où cela est possible: dans les immeubles industriels, commerciaux, ou pour les simples particuliers qui en ont les moyens. Quelque 140 bâtiments édifiés entre 1931 et 1940 – aujourd’hui soigneusement restaurés, ripolinés comme chez Disney – font de cette ville un véritable conservatoire de cette période effervescente.

Un air de Gatsby

A l’entrée de l’avenue principale – proche d’un petit musée qui évoque le tremblement de terre – une délirante boutique fait commerce d’objets, parures, chromos et autres curiosités ramenant à la période de l’Entre-deux guerres. Des voitures d’époque sont parquées alentour. On s’attendrait presque à en voir sortir Al Capone ou Buster Keaton. Arborant la tenue rétro de circonstance – pour les hommes: chapeau, élégants gilet, nœud papillon et boutons de manchettes – des guides bénévoles témoignent de leur engouement pour les années 30:  

« Savez-vous qu’à la fin de la décennie – soit à la veille de la Seconde Guerre mondiale – Napier était la ville la plus récente du monde ? », relève Harry, avant de désigner l’hôtel considéré comme le plus moderne de son époque. Sa loggia du premier étage accueillit Elizabeth II et le prince Philip pour saluer la foule lors de leur tournée royale de 1954. Le hall dispose de cheminées d’origine, de boiseries chaleureuses et d’une étonnante moquette à rayures multicolores, montant l’escalier.

Capitale viticole 

Napier est aussi un centre privilégié de dégustation de bons vins et de crus locaux. Plus de 70 exploitations sont installées dans le secteur de la baie d’Hawke. La plupart proposent des dégustations directement dans les chais. Un tour sportif des vignobles est conseillé aux touristes, à vélo ou en tandem. L’actualité du mois, c’est le festival annuel Art déco, qui n’a pas pu avoir lieu ces deux dernières années à cause de la pandémie, mais qui se déroule du 15 au 19 février.

Y aller L’accès sur terre ferme à de nombreux sites néo-zélandais dignes d’intérêt peut s’avérer compliqué, voire impossible pour atteindre certains fjords. Une bonne alternative est donc le choix d’une croisière faisant escale aux principales villes côtières (Wellington, Dunedin, Eden, Christchurch, etc.)  

Spécialiste dans ce secteur, l’américaine Norwegian Cruises propose des circuits d’une douzaine de jours à bord du NCL Spirit, un paquebot de la fin du XXe siècle remis à neuf (www.ncl.com).