Il était une fois à Hyères

Oubadah Nouktah, Gesture, Prix du Public Accessoires de mode, © Philippe Jarrigeon

C’est avec beaucoup de bonheur que nous avons appris que le Festival International de mode, de photographie et d’accessoires de mode d’Hyères a pu être maintenu en cette période de crise. Rendez-vous incontournable, le festival dont la première édition remonte à 1986, soutient les jeunes créateurs venus du monde entier et promeut leurs créations à travers un concours qui récompense les talents émergents les plus prometteurs. En cette année si particulière, le président du jury mode n’était autre que Jonathan Anderson, fondateur de la marque J. W. Anderson, et aujourd’hui également à la tête de la très chic marque espagnole Loewe, un invité de marque aux goûts des plus sûrs. Du côté des lauréats, difficile de rêver mieux. Une diversité exquise, une conscience écologie marquée, une qualité digne des meilleurs, et par-dessus tout un esprit créatif explosif. Hyères nous démontre une nouvelle fois que la création ne connait pas de limites.

La création à son apogée

Le prix du jury dans la catégorie mode présidée par Jonathan Anderson nous donne le ton. De la couleur, de l’excentricité, et un peu plus qu’un brin de folie, tels sont les mots qui semblent le mieux décrire les créations étonnantes du lauréat Tom Van der Borght. À l’aube d’une nouvelle décennie, ce coup de peps était le bien venu selon le jury exigeant du Grand Prix, désireux de s’éloigner de l’aspect commercial pour se rapprocher d’une mode tendant de plus en plus vers l’art. Pas de compromis, une simple expression de la créativité pure, Tom Van der Borght pose les fondations d’une nouvelle décennie qui semble changer les codes de la mode. Dans cette catégorie, nous noterons également la dotation du géant de l’automobile, Mercedes-Benz, qui a récompensé la créatrice Emma Bruschi pour avoir intégré dans sa collection des pratiques responsables, une problématique impossible à éviter aujourd’hui. Du côté de la photographie, notre regard a été attiré par le prix American Vintage qui a récompensé le photographe hongrois András Ladocsi. Des images simples et pures qui jouent avec la lumière, pour nous offrir des clichés semblant ré-enchanter notre monde. Une poésie délicate qui a enthousiasmé le président du jury photo, Paolo Roversi, avec qui nous ne pouvons que nous accorder.

Look de Marvin M’Toumo, lauréat du Chloé Award, © Etienne Tordoir/Catwalkpictures.com

Nos coups de coeur, la Suisse à l’honneur

Nous ne faisions certes pas partie du jury, mais chez Go Out ! nous avons tout de même notre avis. Et en cette année riche où la couleur et l’excentricité l’ont emporté, nous nous retirons dans une sobriété bien aimée. Parmi les nombreux lauréats, un nous a tapé dans l’oeil. Oubadah Nouktah, designer d’accessoires de mode spécialisé en maroquinerie, a su nous séduire avec sa création Gesture toute en élégance et en géométrie. Le jeune créateur franco-syrien diplômé de l’ECAL démontre la prépondérance des jeunes designers issues des écoles suisses sur la scène de la mode. Un coup d’oeil original, une coupe nette, et par-dessus tout une maitrise parfaite du matériau et de ses techniques, Oubadah Nouktah a su séduire le public dont il obtient le prix en cette édition 2020. Toujours du côté des accessoires de mode, nous notions avec joie la présence de Giulia Chéhab parmi les finalistes, qui ne cesse de nous charmer avec ses créations originales toute en sobriété. Côté mode, on reste bouche-bée devant les réalisations de Marvin M’Toumo qui remporte le Chloé Award. Salué pour sa technique aux frontières de la perfection, l’esprit poétique de Chloé était bel et bien présent dans sa création, agrémentée d’une touche street propre au créateur, qui est parvenu à offrir un look au rendu digne des plus grands. Encore une fois cette année Hyères nous donne un aperçu du futur des plus prometteurs, et nous prouve que les prochaines générations de créatifs ne cesseront de nous surprendre.