Une biennale BIGarrée : Grosse bagarre

La Biennale Interstellaire des espaces dart de Genève (BIG) est un festival dart qui se tient une année sur deux, dans lequel des dizaines de galeries, des clubs, des ateliers, des collectifs, des initiatives, des luronnes et lurons en tous genre.s.x. auront comme point commun de se retrouver sur le terre-plein du chantier du futur 110 rue de Lyon, dans cette zone industrielle et artisanale (et stellaire) qui tend à surbaniser en face du nouveau bâtiment de la HEAD et de Planète Charmilles. 

Depuis qu’on dressa des menhirs pour signifier notre envie de nous rassembler, la vie n’allait jamais plus être pareil. Stonehenge, Carnac, Blieskastel ou Göbekli Tepe et maintenant la troisième édition de la BIG : la fête se poursuit ! Donc voici à présent depuis 2015 que se tient cette extraordinaire entreprise cosmogonique sur la plaine de Plainpalais. Pour rappel, les moins mal informés avaient pu distinguer déjà de loin un amoncellement de containers de fret aux antipodes tant de leur usage ferro-portuaire que de leur port d’attache, aussi franc soit-il. Les containers étaient volontiers investis et transformés sans aucun égard pour le qu’en dira-t’on : cabine de douches sprinters pour festivaliers en peignoir, boîte de nuit à cassettes audio, installations artistiques à faire pâlir un train fantôme, musiciens ça et là en pagaille, des débits de boissons parfois aussi perchés qu’un stylite moderne qui passa son temps juché sur une plateforme ligneuse à plus de dix mètres d’altitude.  

 

En réalité, un badaud ballant se baladant là, n’aura pu manquer l’évènement et se risquant quelques pas à l’intérieur du cercle aura été propulsé dans une ambiance peu genevoise d’échanges spontanés, de rires partagés avec des inconnus, une sorte de liberté ivre d’elle-même que tout le monde était libre de s’approprier. Il est des manifestations plus habituelles qui rassemblent un nombre congru de personnes et de stands, le tout dans un ordre et un horaire certain. Là, hors l’horaire tenu par l’état de droit et la maréchaussée, le reste était en envol permanent, l’euphorie frappait quasiment instantanément. De là à se sentir comme un passionné de jeux virtuels qui se verrait proposer d’habiter dans sa console préférée, il n‘y avait qu’un pas. Il est par ailleurs normal de considérer prévoir un peu d’animation musicale pour tout margotton ou kermesse locale qui se respecte, mais là on parlait d’(au moins) un dancefloor qui résonnait comme une redite locale de l’Homme qui Brûle, avec moins de dérives du néolibéralisme, c’est l’idée. 

On constate dès lors quelques petites modifications sur le programme de cette édition vis-à-vis de ses prédécesseurs : la plaine de Plainpalais qui avait accueilli les deux premières éditions souffrait de manque de disponibilités, cest donc ailleurs que la BIG va venir malaxer la pachamama : en plein quartier des Charmilles qui se transforme en profondeur et qui donc disposait de lieux idoines. Sautant chaleureusement sur loccasion, des initiatives dirigées spécialement vers les riverains seront prévues telle la parade fanfaresque reliant Plainpalais et les Charmilles par exemple.  

Cette année c’est 69 espaces d’arts qui sont listés au programme, et qui vont se répartir en trois catégories, avec les capsules, les espaces satellites et l’Antenne, sorte de lieu central dédié à la collecte, l’archivage et la distribution de la biennale en mode méta où le concept sera généré en direct, avec la BIG Gazette produite par l’association Alaazic, des émissions de radio avec Radio Vostok, l’émission féministe Crépidules, et Radio Cosmique proposée par l’Espace Vélodrome. Ensuite, il y aura bien entendu les capsules, et là les magistraux mais étouffants containers bleus seront remplacés par des serres modulables et fluides qui laisseront passer espoir et lumière réalisés par le Laboratoire d’Architecture. Le public aura l’occasion de découvrir parmi une trentaine d’autres projets, dont un qui récupère des anciens distributeurs de clopes et en fait des espace de création, le kaléidoscope géant par le collectif Yakari Spaceship, le Fesse-tival qui qui pose un nouveau discours autour des sexualités ou encore une collaboration entre le collectif Dénominateurs communs et Le 99 – Espace de quartier des Charmilles. Concernant les espaces mobiles, il y a la boîte à outils de La Manivelle, le festival Baz’art qui mettra en orbite un camping interstellaire ou encore un bateau transformé en navette-fusée SEED proposée par L’Epicerie de l’agonie et Andreas Kressig. On notera aussi qu’aura lieu BIG BANG, une installation monumentale donnera voix à plusieurs collectifs oeuvrant localement. 

La Biennale a pour ambition de montrer toujours plus à la population genevoise comment elle se vit elle-même, ce que signifie le mot cultureemployé dans ce contexte dit alternatif, de mettre en lumière linvestissement constant et passionné des gens qui la vivent. La culture lutte, rendez-vous au prochain chantier ! 

BIG – Biennale Interstellaire des espaces dart de Genève
Du 28 au 30 juin
Chantier du 110 rue de Lyon
1203 Genève
bigbiennale.ch