Tuberville + Mosse

Richard Mosse, capture tirée de Broken Spectre Rondônia SIG aérien multispectral ©Richard Mosse

Ce sont deux univers qui se côtoient sur les murs de Photo Élysée sans jamais se rencontrer. Durant tout l’hiver, le public est invité à venir découvrir un programme d’exposition pluriel, nous entraînant notamment à la rencontre des clichés de Déborah Tuberville et Richard Mosse. Deux mondes différents, deux approches, deux sujets, deux techniques, qui nous emmènent à la rencontre de ces approches diverses de l’art photographique à travers leurs objectifs. Quand Tuberville + Mosse s’emparent des murs du musée de Plateforme 10. 

 

Déborah Tuberville, sous la surface
C’est un nom que l’on a croisé plus d’une fois dans les crédits éditoriaux des anciens numéros de Vogue US, Vogue Italia, Harper’s Bazar, ou encore dans les campagnes de marques telles que Comme des Garçons. Mais à Photo Élysée, Déborah Tuberville n’est pas présentée pour son travail commercial. C’est à l’inverse une rétrospective sur son œuvre des plus personnelles qui nous est proposée, plongeant notre regard sous la surface à la rencontre de ses créations photographiques transcendant le simple médium qu’est l’appareil. Son regard féminin qu’elle a baladé sur les pages des publications de mode, elle le retrouve dans son travail artistique, la Femme se faisant sujet central de ses clichés. Mais ici pas de simples portraits. À l’inverse, un travail de la matière, de la texture, un jeu de superposition rendu possible par les arts du découpage et du collage, l’utilisation du papier kraft, le scotch prenant tout à coup des allures de médium précieux. Les femmes elles sont le plus souvent immortalisées en noir et blanc dans des portraits évanescents, où leur beauté vient donner vie à l’image. Loin de ses images léchées sur papier glacé, l’exposition Photocollage vient mettre en avant la richesse d’une approche plus artisanale et plus brute ouvrant notre regard sur des créations intimes et vulnérables qui nous invitent à découvrir un nouveau pan du travail de Tuberville.

Deborah Turbeville Luisa Posos, 1991 ©Deborah Turbeville (MUUS Collection)

Richard Mosse, objectif engagé
C’est un tout autre univers qui nous attend ici, le noir et blanc laissant la place à des couleurs vibrantes, presque agressives. À travers son projet Broken Spectre, pour la première fois ici présenté en Suisse, Richard Mosse vient tirer la sonnette d’alarme en immortalisant par son travail photographique, à la limite du scientifique, les ravages et conséquences de la déforestation en Amazonie. Le spectateur se retrouve alors face à un écran monumental de 19 mètres sur lequel défilent ces clichés d’une forêt détruite, brûlée, de ces arbres remplacés par la culture, l’élevage, l’exploitation de mines d’or. Pour aboutir à ces photos, Richard Mosse fait l’usage d’une technologie d’imagerie de pointe empruntée aux sciences de l’environnement, plaçant encore un peu plus son travail engagé à la limite du documentaire par l’image. Des clichés de la nature en péril, mais aussi des hommes et des femmes de cette région, des images aériennes, d’autres immortalisant des détails ayant leur importance. Des photographies semblant parfois abstraites, mais racontant toujours une histoire, une des histoires les plus importantes de notre temps.

Deborah Turbeville, Escalier dans Passage Vivienne, Paris, France (1980) ©Deborah Turbeville (MUUS Collection)

 

Déborah Tuberville, Photocollage & Richard Mosse Broken Spectre

Jusqu’au 25 février 2024
Photo Élysée / Plateforme 10
Place de la Gare 17, 1003 Lausanne
www.elysée.ch