Studio Kronos: incub-rapeur romand

Studio Kronos ©DR

Au cours de la dernière décennie, le rap en Europe est passé de l’underground à un phénomène incontournable. Toutefois, en Suisse romande, de nombreux rappeurs suisses romands restent vulnérables face au manque de structure. Conscients de ces difficultés pour les avoir eux-mêmes vécues, BKJ et DEYO, co-fondateurs du label Kronos ouvre le 11 décembre prochain, un studio au modèle unique en Suisse. Un accompagnement complet aux artistes, sans les contraintes habituelles de l’industrie.

 

Le projet Kronos part d’un constat : en Suisse, peu d’artistes vivent de leur musique et la plupart manque de soutien et d’infrastructure. Le rap, malgré sa démocratisation, reste un genre musical pas toujours pris au sérieux. Dans le pays, les fonds de l’État ne se bousculent pas, et des entreprises comme la Migros investissent dans la musique, mais rarement dans cette catégorie musicale. C’est un cercle vicieux : peu remarqué, le rap suisse attire rarement l’attention des investisseurs, entraînant ainsi un déficit en infrastructures essentielles. « En Belgique, il y a clairement un avant-après Damso et Hamza » affirme BKJ. Ce manque de soutien oblige les artistes à se débrouiller par eux-mêmes, un contexte où la vigilance est de mise face aux nombreuses arnaques et à l’incompétence qui sévissent dans le milieu. « Pas plus tard que récemment, une rappeuse s’est vue escroquée de 5’000 CHF sur Instagram. Ce genre de mésaventures est fréquent », révèle Deyo. À seulement 24 ans mais avec 10 ans d’expérience dans l’industrie musicale, Deyo et BKJ, ont pleinement conscience de ces défis. Pour y remédier, ils ont initié le studio Kronos. Conçu comme un havre pour les musiciens, ce studio offre l’expertise d’une équipe expérimentée et de confiance, tout en préservant l’indépendance des artistes grâce à l’absence de contraintes contractuelles. Ce concept d’accompagnement, novateur en Suisse, a d’ores et déjà conquis plus de cinquante artistes. L’inauguration de ce studio prometteur est prévue pour le 11 décembre prochain.

BKJ ©DR

De rappeur débutant à vedette signée, il y a tout un monde
Signer chez un label traditionnel ouvre la porte à de nombreux privilèges en termes d’outils, de contacts et de moyens financiers. Mais passer d’amateur à artiste labélisé représente un véritable gouffre. De plus, une fois signé, l’investissement financier reçu par les artistes constitue une pression énorme et leur créativité se retrouve souvent confinée dans les murs insonorisés des labels. Chez Kronos, c’est l’inverse. Les musiciens conservent leur liberté tout en ayant accès à l’expertise et aux moyens du label. En plus de leur équipe interne dédiée, (composée de réalisateur, photographe, responsable marketing, artiste 3D et webmaster, responsable technique, ingénieur son et beat maker), Kronos  s’appuie sur un réseau extérieur soigneusement sélectionné par BKJ et Deyo, composé de professionnels compétents et fiables. Ce réseau répond à des besoins variés et spécifiques, allant de l’influenceur aux opérateurs de drones, en passant par des experts en effets spéciaux comme la manipulation de serpents. L’autre atout majeur du studio réside dans leur capacité à offrir un environnement propice à la créativité et à l’expression, grâce à une équipe formée pour être accueillante et à l’écoute. C’est cette combinaison d’une structure flexible et d’une ambiance ouverte qui fait de Kronos un véritable incubateur pour la musique.

Deyo ©DR

Un message, une vision
Beaucoup ignorent que Tayron Kwidan’s, un rappeur talentueux, a déjà fait salle comble à la Cigale à plusieurs reprises. C’est révélateur d’une réalité surprenante : en dehors de quelques exceptions notables, le rap suisse peine à éveiller l’attention des médias et du public, même au niveau local. Mais pour Kronos, cette situation n’est pas une fatalité. Le duo dynamique qui pilote le label voit au-delà des sentiers battus : il existe une multitude de canaux encore inexplorés. « En Suisse, nous n’avons peut-être pas les communautés de quartier dynamiques comme en France, mais notre pays regorge d’autres atouts, notamment la plus grande densité de festivals en Europe », explique le duo avec enthousiasme. Leur philosophie ? Ne plus se lamenter mais agir. Selon eux, le secteur musical local n’exploite pas encore tout son potentiel, ralenti par un manque flagrant de collaboration. Les communautés souvent isolées par ville manquent d’interactions, notamment en termes de featuring artistiques. Pour briser ce moule, Deyo a lancé son album mixtape « Swiss Wave », une collaboration ambitieuse avec dix rappeurs suisses. De plus, le label Kronos a pris l’initiative d’organiser des rencontres mensuelles pour les musiciens, afin de tisser des liens plus forts entre eux. Leur objectif ultime ? Forger une communauté soudée et développer une identité musicale distinctement suisse. Leur message est clair : « Il est temps de sortir des sentiers battus du rap français et d’affirmer notre propre style.»

 

Studio Kronos
Rue de Genève 77b
1004 Lausanne
www.kronosmusic.com