Sanders, quand l’hôtel se fait opéra

L’Hôtel Sanders ©DR

Si le travail l’a amené à vivre durant deux ans à Lausanne, où il fut danseur étoile du Ballet Béjart, Alexander Kølpin est de retour depuis plusieurs années dans sa ville d’origine, et de cœur, Copenhague. C’est ici que sa carrière sur les planches a commencé, et maintenant, à quelques mètres seulement du théâtre où il effectua ses premières représentations, c’est un autre spectacle qu’il assure au quotidien. En plein centre de Copenhague ouvrait en 2017 l’Hôtel Sanders. Havre de paix et de luxe discret au milieu de la capitale danoise, l’établissement se distingue par son décor évoluant à mesure des étages, entraînant les hôtes et visiteurs dans un opéra dont ils sont eux aussi les acteurs. Une expérience en soit à laquelle vient s’ajouter un esthétisme qui ravira les amoureux de design, les amateurs de confort, et les voyageurs en quête d’un chez soi temporaire dans la capitale scandinave. Quand l’hôtellerie se fait représentation. 

 

Prologue
Situé dans le quartier culturel de la capitale danoise, à quelques mètres seulement du Théâtre Royal Danois, Sanders est un hôtel avec une histoire. Autrefois, ce bâtiment datant de 1869 à l’architecture au chic discret, était déjà un hôtel : l’Hôtel Opéra, repère des danseurs, chanteurs, acteurs et des amoureux de la scène. Mais les années passent, et les lieux perdent de leur éclat. C’est alors qu’Alexander Kølpin fait son entrée. On pourrait se demander quel est le lien entre le monde de la danse et celui de l’hôtellerie, mais en réalité l’ancien danseur du Ballet Béjart n’en est pas à son premier projet. Déjà propriétaire de deux hôtels dans une station balnéaire danoise, il est également le fils d’un architecte et d’une designer mode, baignant depuis toujours dans l’univers créatif. Un univers qui l’inspire, et après avoir mis fin à sa carrière sur les planches, il fait revivre dans l’hospitalité. C’est en 2016 qu’il fait l’acquisition de l’ancien Hôtel Opéra, le renommant Sanders, son surnom, conférant immédiatement au lieu un caractère personnel. « J’aime raconter des histoires. Je viens de ce milieu de la scène, de la représentation, et dans mon travail j’ai le désir d’entraîner les autres avec moi dans un véritable récit, un spectacle. C’est comme ça que j’ai imaginé Sanders. Il était capital pour moi de conserver l’histoire des lieux, dans laquelle je me retrouve, mais également de totalement repenser l’espace. Au départ, il s’agissait de trois bâtiments distincts que nous avons réunis, et l’hôtel qui possédait de nombreuses chambres a vu son nombre réduit à 54. Tous ces choix ont été décidés bien à l’avance, j’avais tout en tête, je savais quelle histoire je voulais raconter » nous confit-il.

L’Hôtel Sanders ©DR

L’hôtel comme opéra
En pénétrant dans le hall de l’hôtel, c’est un salon raffiné et rempli d’objets chinés qui nous accueille. Aux murs des dessins, des photos, sur les tables trouvés chez des brocanteurs des lampes en porcelaine, mais aussi partout des livres d’art, des petits objets qui confèrent une âme à cet espace intimiste. C’est au rez-de-chaussée, dans ce cadre dont le confort saute aux yeux, que se trouvent le restaurant de l’hôtel, modestement nommé Sanders Kitchen, ainsi que le bar à cocktail TATA réputé à travers la ville. En empruntant les escaliers pour rejoindre les chambres, les couloirs voient leurs murs ornés de photographies, de dessins, rappelant l’histoire de l’hôtel et son passé, mais aussi celle d’Alexander lui-même. « J’ai conservé certains objets et certaines oeuvres qui appartenaient à l’ancien hôtel, et j’y ai ajouté des pièces plus personnelles, des références à ma carrière de danseur, mais aussi à Copenhague, ma ville. Au dernier étage vous pourrez également trouver une ancienne affiche du Ballet Béjart » souligne-t-il. Dans les chambres, le luxe se fait discret mais omniprésent, dans un esprit de quiet luxury qui se démarque par la beauté des objets, la touche personnelle apportée par les oeuvres d’art, mais également l’attention au détail. Le dernier étage de l’hôtel est certainement la plus grande surprise. Une véranda et une terrasse où cohabitent mobilier en rotin et plantes se propose comme le dernier acte à un spectacle que l’on ne peut qualifier que de réussi.

L’Hôtel Sanders ©DR

Lind + Almond + Kølpin
Pour donner vie à son projet, Alexander Kølpin fait appel au studio londonien Lind + Almond. « J’aimais beaucoup le travail qu’ils avaient réalisé dans d’autres espaces, et leur vision semblait s’aligner parfaitement avec la mienne. Nous avons travaillé en trio, partageant une même vision. C’était une collaboration à six mains » explique le propriétaire des lieux. Ici pas de style scandinave, mais au contraire une chaleur et une richesse qui se manifestent par une palette chromatique piochant dans les verts, les bruns, et les rouges, des coloris naturels. De nombreux objets de mobiliers ont été designés expressément pour les lieux, avec en tête l’idée de créer un mobilier hors du commun, unique, qui traverserait les époques. Pour les designers, l’objectif était de donner au lieu un caractère international, de lui offrir une histoire à travers son décor. Ainsi, le mobilier est influencé par l’Asie, mais aussi les années 30, 50 et 70, tout en incluant une touche résolument contemporaine. « Ce que je souhaitais avant tout c’était de créer une histoire avec cet hôtel, que le design de ce lieu soit tel un opéra que les hôtes traversent en plusieurs actes, et n’oublieront pas » conclut Alexander Kølpin. Un hôtel qui en quelques années est devenu une référence à Copenhague, et qui écrira bientôt le second acte de son histoire à Milan, avec un récit totalement nouveau, pour une expérience que l’on devine déjà digne des plus beaux opéras italiens.

 

Hôtel Sanders, https://hotelsanders.com/