Rêve party
Crowd de Gisèle Vienne – © Estelle Hanania
La pandémie nous a résolument fait manquer les folles soirées et les danses endiablées. Alors que l’on semble enfin souffler, La Comédie nous offre une représentation qui nous fait résolument oublie restrictions et pass sanitaire. Au programme ? Fêtards et fêtardes qui se déchainent en dansant au clair de lune lors d’une rave party. Entre ralentis, mouvements saccadés et GIF (oui oui) Crowd de Giselle Vienne nous entraine jusqu’au bout de la nuit. Une chorégraphie sous hypnose tout simplement hallucinante.
Figurez-vous la scène de la nouvelle Comédie de Genève. Sur celle-ci débarquent des fêtards survoltés qui l’envahissent pour transformer son espace en un immense dance floor où les corps s’entremêlent et s’entrechoquent. Puis tout à coup la gestuelle des corps nous captive. Leurs mouvements étranges et saccadés nous font penser à des vidéos, que l’on pourrait passer en accélérer, au ralenti, stopper toutes les secondes, ou alors transformer en GIF répétitif. En les observant, nous avons presque la sensation d’avoir pris part à la rave party nous-même et d’halluciner. Crowd, de Giselle Vienne, nous rappelle alors à une histoire et une réalité souvent oubliées. Car oui, après tout la fête et la danse, tout comme la musique, sont à la base les objets du rite. Bien plus qu’une activité, c’est une expérience intense qui se vit pleinement, à travers la transe, les cérémonies, les rites de passages, les sacrifices. Et tout à coup la danse révèle ses acteurs. Chacun des 15 danseurs se différencie, et par ses gestes, par l’histoire portée par cette chorégraphie nous en dit un peu plus sur lui, son parcours, sa vie. On assiste à des bagarres, des baisers, des corps à corps, des scènes de flirts, de jalousies, de conflits. La vie au ralenti, ou en accéléré, le rêve aussi. On ne sait plus.
Giselle Vienne nous prend au dépourvu et nous surprend. La chorégraphe franco-autrichienne, philosophe et marionnettiste de formation, met l’accent sur l’intensité de l’art de la danse. Intensité de l’action, mais aussi intensité de l’imagination qu’elle provoque. Car oui, il devient difficile de stopper son esprit en étant spectateur de ses chorégraphies. On se laisse hypnotiser par ces corps qui semblent eux aussi être dans un état d’hypnose, sur une scène qui se transforme en fête. Un spectacle qui nous rappelle résolument à une réalité oubliée, puis fraichement retrouvée. En sortant de la Comédie il vous prendra peut-être l’envie de vous aussi vous enfermer dans une pièce bondée, et de vous laisser à votre tour happer par la musique et les corps qui vous entourent. Mais n’hésitez pas, car après tout comme nous le rappelle Crowd, danser c’est en fait ça la vie.
Crowd, chorégraphie de Giselle Vienne, les 11, 12 et 13 novembre 2021, entrée du public sur l’Esplanade Alice-Bailly 1, 1207 Genève, informations et réservations sur https://www.comedie.ch/fr/crowd