Rentrée Littéraire : l’art et la nature à l’honneur

©Taschen

The End of the Game, Peter Beard

«Plus l’homme blanc s’est enfoncé en Afrique, plus la vie s’y est effacée, quittant les plaines, le bush… Jusqu’à disparaître en hectares de trophées, de peaux et de carcasses.» Ces mots sont ceux du photographe Peter Beard, amoureux de la nature et désireux de montrer par ses images et ses textes le génocide animalier dont est victime l’Afrique. À travers sa publication The End of the Game il rassemble plus de vingt ans de recherche sur les ravages causés par l’homme sur la faune africaine. Dans cette nouvelle édition, on retrouve les mots de ces hommes et de ces femmes qui ont laissé leur emprunte sur l’Afrique, des explorateurs, des chasseurs, participant sans vergogne à la disparition de la population de rhinocéros, de lions, d’éléphants. Mais dans cette édition revisitée et publiée quelques mois après la disparition du célèbre photographe qui nous quittait en avril dernier, nous trouvons également un entretien avec le défenseur de l’environnement Esmond Bradley Martin, et la contribution en toutes lettres d’écologistes engagés auprès de cette faune menacée. Témoignage des erreurs humaines, ce livre rassemblant écrits et images poignantes nous entraine sur les traces d’un passé qui ressemble encore trop à notre présent. Cimetière d’éléphants affamés et assoiffés, trophées de chase, fourrures, ou encore le simple désir de l’homme de tuer plus fort, plus grand que lui, Peter Beard nous emmène dans une odyssée photographique sans filtre et à l’objectif critique. Un ouvrage capital réalisé avec talent mais dont la valeur va bien au-delà de celle des photographies de cet homme engagé.

The End of the Game, Peter Beard, Editions Taschen, sortie prévue en septembre 2020, www.taschen.com

©Flammarion

Bruegel, Françoise Roberts-Jones et Philippe Robert-Jones

Véritable mystère de l’histoire de l’art, Bruegel l’Ancien ne cesse de fasciner. À la frontière entre art médiéval et Renaissance, liant par ses œuvres le Nord et le Sud, le peintre à la renommée à l’épreuve du temps continu de fasciner et de faire couler l’encre des historiens de l’art. En cette rentrée chargée en culture, un nouvel ouvrage voit le jour chez Flammarion sous la direction de Françoise Roberts-Jones et Philippe Robert-Jones qui s’attèlent à décortiquer l’oeuvre de cet artiste au style aussi mystérieux que déroutant. Connu du grand public pour ses scènes hivernales et ses paysages rustiques, l’artiste flamand a cependant gracier de sa touche des sujets bien plus variés qui sont présentés dans cet ouvrage désireux de présenter le style Bruegel l’Ancien dans sa totalité. Scènes énigmatiques, représentation du temps qui passe à travers les saisons et leurs variations, peintures religieuses, les quelques 40 toiles qui nous restent aujourd’hui du peintre démontrent la diversité de son génie et l’adaptation de sa touche à tous types de sujets. Mais si les toiles peintes sont peu nombreuses, une profusion de dessins peuplent le catalogue de Bruegel l’Ancien. Dans ces croquis élaborés, toute son imagination débridée se donne libre cours, notamment dans une interprétation des Péchés capitaux pour le moins originale. Au-delà des dessins, les historiens de l’art à l’origine de ce nouvel ouvrage s’attèlent également à l’étude des nombreuses gravures de l’artiste témoignant d’une époque à la croisée des genres. Si Bruegel l’Ancien fascine, rares sont les ouvrages consacrés à l’entièreté de son oeuvre, de la peinture au dessin, mais se penchant également sur la vie de ce personnage énigmatique. Cette publication saura fasciner les amoureux d’histoire de l’art et tous ceux d’entre nous qui ne cessent d’être interpellés par les créations uniques et originales de cet artiste incomparable.

Bruegel, Françoise Roberts-Jones et Philippe Robert-Jones, Editions Flammarion, parution prévue le 9 septembre 2020, www.editions.flammarion.com

©Editions Alternatives

Habiter l’air, Michèle Boni

Si nous devions répondre à la question, « où habitez vous ? » l’air serait une réponse valable. Lieu de vie commun de chacun, il nous entoure tandis que nous le remplissons de nos corps et de nos constructions. Mais lorsqu’il s’agit d’habitation, l’air s’avère être une matière novatrice et aux mille et uns possibles que les architectes travaillent avec un regard résolument tourné vers l’avenir. Habiter l’air nous invite à la découverte de trente habitations où l’invisible devient indispensable. Si l’on connaît déjà bien les structures gonflables, de véritables bulles d’air coupées du monde et pourtant bien respirables, aujourd’hui les architectes vont encore plus loin. Grâce à d’ingénieux systèmes de parois, l’air est isolé, créant des espaces architecturaux en pleine ville ou alors perdus au milieu de la nature. Pensées avec les préoccupations écologies du moment, ces innovations aux dispositifs bioclimatiques permettent à l’air de créer des espaces où le confort est bel et bien présent tout en respectant la nature. Habités par une volonté de s’adapter à un futur toujours plus complexe où le climat et l’écologie sont au centre de nos préoccupations, les architectes de demain se doivent de penser à une occupation de l’espace à la fois respectueuse et répondant aux exigences des hommes. Habiter l’air nous démontre que parfois les murs sont inutiles, que l’ouverture sur l’extérieur est nécessaire, et par-dessus tout que cet air qui nous est vital est notre allié. Un allié à protéger et à intégrer dans notre mode de vie futur où l’écologie tient une place capitale et non négociable. Un gros bol d’air frais entre quatre murs imaginaires.

Habiter l’air, Michèle Boni, sortie prévue le 1er octobre 2020, Editions Alternatives, http://www.editionsalternatives.com