Portrait Milano : un palais renaît

Portrait Milan sis sur la Piazza del Quadrilatero dans l’ancien séminaire archiépiscopal ©Portrait

Troisième d’un triptyque hôtelier débuté à Florence puis à Rome, « Portrait » de Leonardo Ferragamo (fils du fondateur de la maison de couture éponyme) dévoile son adresse milanaise sise dans le plus ancien séminaire d’Europe. Cette résurrection historique a de quoi rouler des mécaniques. Elle révèle un projet audacieux incarnant le dynamisme légendaire de la cité lombarde en plaçant les visiteurs dans son cœur physique, spirituel et fastueux. Récit d’un séjour fringant dans un lieu alliant majestueusement restauration, culture et divertissement.

 

 

Où s’émerveiller
Bien que Milan – deuxième plus grande ville d’Italie – ne puisse rivaliser avec la beauté de Rome ou de Florence, elle recèle une encensante mosaïque de styles architecturaux, une infinie offre artistique et des détails déroutants dissimulés derrière des façades chargées d’histoire. L’été dernier, on y a déniché une nouvelle adresse hôtelière dont le tout Milan se chuchote entre oreilles d’initiés: The Portrait. Pour y accéder, il suffit de percer le célèbre quadrilatère de la mode dans le quartier commerçant napoléonien de 1,7 km de long, rival mondial de Bond Street à Londres et de la Cinquième Avenue à New York. On y pénètre, entre le Corso Venezia et la via Sant’Andrea, un passage en pierre qui mène à une cour privée où on est soudainement happé par l’impressionnant hall de l’hôtel Portrait Milan encadré par des arcades carrées en pierre de la Villa Necchi Campiglio, conçue par Portaluppi en 1935. Difficile de ne pas rester pantois face à la sublime restauration de ce collège religieux baroque commandé en 1565 par l’archevêque de Milan et futur saint Charles Borromée. 

Le collège religieux baroque de 1565 ©Portrait 

Après être devenu caserne napoléonienne, le séminaire archiépiscopal, (le deuxième plus ancien du monde) fut utilisé comme hôpital pendant les guerres mondiales, bombardé pour finalement être transformé en bureaux dans les années 1980. Placé et jeté aux oubliettes durant plusieurs décennies, il a été découvert en 2013 par Valeriano Antonioli, le PDG de Lungarno (le groupe hôtelier détenant la marque Portrait) complètement enchanté par les lieux. Mais le corps du séminaire était catégorique sur le fait qu’il ne deviendrait jamais un hôtel. Après cinq ans de négociations et d’un concours, Lungarno remporte finalement le contrat. Et c’est l’architecte Michele Bonan, maître des hôtels Portrait à Florence et Rome qui crée les 73 suites romantiques, suites familiales et chambres spacieuses pour Portrait Milano. Ici, il va s’inspirer d’un événement très particulier où le séminaire a été touché par l’âge d’or du design milanais, lorsqu’il a été restauré par le rationaliste pionnier Piero Portaluppi dont le travail a remodelé le Milan d’après-guerre, aux côtés de celui de l’architecte et légende du design Gio Ponti. 

La réception de l’hôtel, spot incontournable des lieux ©Portrait

Où se laisser aller dans les bras de Morphée
L’éducation et les archives s’immiscent ici en leitmotiv : la bibliothèque – foyer incontournable de l’hôtel – propose une importante sélection de livres sur l’art et le design milanais. On admire en parallèle les photos des icônes du design de la ville accrochées au côté de modèles de chaussures sculpturales siglés Salvatore Ferragamo. Les ascenseurs et les vestiaires sont cloutés comme des malles en cuir. Les suites se dévoilent spacieuses en noyer et velours rouge cardinal. Un sentiment d’intimité est particulièrement palpable où il règne un silence de sanctuaire. Ce qui nous a bluffé? Le souci du détail! Ainsi, notre œil affuté reste bouche bée face aux poignées en cuir façon bois de cerf réalisées par des artisans florentins. Mention spéciale au tabouret chromé à imprimé géométrique qui complète le grain couleur caramel du marbre Carrera dans les salles de bain et les kits beauté dissimulés dans des malles en daim et en laiton! Avis aux familles, l’aile nord dispose de huit chambres communicantes au deuxième étage pouvant accueillir jusqu’à 21 personnes.

Une des Studio Deluxe jardin ©Portrait

Où se délecter
Pour la restauration, Ferragamo a misé sur le jeune chef piémontais Alberto Quadrio, 32 ans, ex-élève du Disfrutar de Barcelone et du Geranium de Copenhague, encadré par les cardinaux de la cuisine Alain Ducasse et la légende milanaise Gualtiero Marchesi. Au restaurant 10_11 (à l’intersection du 11 Corso Venezia et du 10 Via Sant’Andrea), un petit-déjeuner buffet composé de Franciacorta Prosecco, de spremuta, d’œufs et de muffins Veneziane alla crème fraîchement sortis du four aussi moelleux que des pompons est suivi d’un partage d’assiettes pour le déjeuner et souper. On s’y délecte sur des banquettes en velours rouge – de plat lombards classiques tels que le risotto milanais au safran garni d’osso buco (jarret de veau mijoté)! Un régal. Une deuxième adresse, elle carnivore, sert d’alternative: le Beefbar (chaîne de steakhouses haut de gamme). Après avoir ouvert une vingtaine de spots à travers le monde, son fondateur italien Riccardo Girardo ouvre ici sa première adresse en Italie.

La chaîne de steakhouses haut de gamme Beefbar propose un menu alléchant dédié aux carnivores!

Où se ruiner
Adeptes du shopping, il vous suffit de sauter du lit pour vous retrouver au rez-de-chaussée qui se veut le nouveau terrain de jeu milanais avec un appel à la mode italienne. On y trouve le deuxième magasin (750 mètres carrés) de la géniale enseigne de mode milanaise Antonia, conçu par l’architecte et designer Vincenzo De Cotiis. Ce véritable temple de style décline une panoplie des créateurs avant-gardistes émergents à l’image de la chausseuse jordano-roumaine Amina Muaddi. Sous la colonnade voûtée aux intérieurs impressionnants et aux visuels accrocheurs, on découvre de singulières collaborations avec des marques internationales, des marques cultes de streetwear. Portrait Milano comprend également SO-LE Studio, le premier magasin phare de la marque de bijoux créée par Maria Sole Ferragamo (la fille de Leonardo Ferragamo), qui récupère les chutes de cuir. Ses créations sculpturales de forme organique comme des nautiles métalliques vivants s’inspirent de l’architecture de Zaha Hadid. De quoi repartir stylé d’un séjour qu’on n’est pas prêt d’oublier

Les créations de Maria Sole Ferragamo: SO-LE Studio ©DR

 

Portrait Milano Hotel – Lungarno Collection
Corso Venezia, 11, 20121 Milan, Italie
Tél. +39 02 3679 95800
www.lungarnocollection.com/portrait-milano-hotel