Porto : triptyque de gîtes pépites

Dormir dans un monastère à la Pousada Mosteiro de Guimarães à 45 minutes de Porto ©DR

Agrafée à une falaise, silhouette sibylline taillée en escalier sur le fleuve Douro, Porto semble de prime abord âpre. Elle se dévoile sémillante et encensante. La cité dotée sans doute de la plus belle gare du monde, de ruelles fuselées illuminées dazulejos, de vertigineux ponts et d’une culture abondante, abrite au centre et dans ses alentours 3 magnifiques hôtels siglés Small Luxury Hotels (SLH):  Palacete de Valdemouro, The Rebello et Pousada Mosteiro de Guimarães. On s’est immiscé dans ses trois gîtes d’exception sis à Porto, Aveiro et Guimaraes. Tour d’horizon.

Alors que Lisbonne reste la destination la plus connue, Porto la talonne et mérite d’autant d’attention. En témoignent ses ponts imposants, sa production de porto et la fierté de son passé mercantile et libéral. Elle se dévoile surtout animée et très généreuse et particulièrement en hébergements dans la région. On est allé découvrir 3 hôtels estampillés Small Luxury Hotels (SLH). Le dicton dit que « small is beautiful » et cette collection hôtelière exclusive qui regroupe 580 petits hôtels de luxe à travers le monde, le confirme. Notre épopée débute à une heure de Porto, au nord, direction la campagne constellée de vignobles, à Aveiro. Là dans cette ville surnommée la Venise portugaise un bijou de boutique-hôtel: MS Collection Aveiro, Palacete de Valdemouro. 

Le majestueux hall du Palacete de Valdemouro ©DR

Un hôtel à l’histoire épistolaire
À quelques encablures de l’estuaire, la bâtisse historique du XVIIIe siècle ayant appartenu à l’un des plus grands noms de la littérature portugaise Eça de Queiroz renaît de ses cendres pour sublimer un pan de l’histoire ibérique. L’ancienne demeure de cet écrivain-diplomate s’est transformée en un hôtel 5 étoiles (le seul dans la ville) de 39 chambres de six types, toutes uniques. Le patrimoine littéraire d’Eça s’y manifeste via des suites inspirées de ses personnages (Carlos da Maia, Luísa de Brito ou encore Padre Amaro), avec des éléments représentatifs de l’époque, et d’autres avec une décoration plutôt art déco. Plusieurs objets datant de l’époque où Eça écrivait ses œuvres ont été glanés aux enchères, à Paris et à Londres par souci d’authenticité. Les couloirs et les hauts plafonds eux s’affichent rafraîchissants. Ici, tout est spacieux et lumineux.

La piscine de l’hôtel avec en toile de fond le portrait de l’écrivain Eça de Queiroz par le graffeur-peintre Vhils aka Alexandre Farto ©Ivo Tavares Studio

De l’entrée aux chambres, cet hôtel se révèle être un refuge pour ceux qui aiment profiter de la ville, avec raffinement et tranquillité. À chaque étape, le charme du passé et la nostalgie rencontrent l’élégance contemporaine. Et cela se voit d’emblée, de la réception à la salle de lecture en passant par le somptueux escalier, dont les boiseries et les rampes sont d’origine à l’impressionnante fresque murale réalisée par le graffeur-peintre Vhils aka Alexandre Farto. Dans la cour, des livres sont disponibles pour la lecture, à côté du restaurant Prosa, ouvert pour le dîner, où est servi un menu créé par Rui Paula, composé de plats locavores, goûtus, comme la morue, anguilles et huîtres. Cest si vous pouvez vous abstraire de la peinture murale de Vhils (Alexandre Farto), réalisée dans le but de dévoiler les couches cachées de lHistoire, trouvées au-delà de la surface. Côté détente, l’hôtel dispose d’un spa doté de salles de soins, d’une piscine intérieure chauffée, d’un jacuzzi, d’un sauna, d’un bain turc et d’une douche sensorielle. 

Une des chambres à thème de l’hôtel ©DR

MS Collection Aveiro Palacete de Valdemouro
R. José Estevão 50, 3800-201 Aveiro, Portugal
Tél. +351 234 245 630
www.mscollection.pt/aveiro

Un monastère ranimant l’âme du pays
Notre deuxième stop, nous embarque à 50 km au nord de Porto dans le district de Braga à Guimarães, berceau de la nation portugaise et dont le centre historique est classé patrimoine Unesco. Notre repaire luxueux estampillé SLH et classé monument d’intérêt public? La Pousada Mosteiro Guimarães. Le concept des Pousadas au Portugal est unique. Le gouvernement s’est approprié des bâtiments architecturaux chargés d’histoire qu’il a restauré en hébergement offrant une expérience inédite aux hôtes. Cette chaîne luxueuse est gérée par le groupe Pestana Hotel Group.

Ici, à flanc de colline de la ville, se dresse majestueusement la Pousada Mosteiro Guimarães, ancien monastère attribué au XIIe siècle aux chanoines réguliers de Santo Agostinho. Au XVIe siècle, l’édifice passe à l’Ordre de Saint-Jérôme qui y crée une école de philosophie et de théologie, où étudient les enfants des rois. Le projet de reconversion en maison d’hôtes, ayant raflé le Prix National d’Architecture en 1985, est imaginé par l’architecte portugais Fernando Távora, fondateur de l’Escola do Porto, la faculté innovante de la Faculté d’architecture, où il a enseigné à d’autres architectes de renom tels que Siza Vieira et Souto Moura.

La Pousada Mosteiro de Guimarães ©DR

Union parfaite entre le passé historique et le confort contemporain, la Pousada Mosteiro de Guimarães dévoile dans l’antre de ses hauts plafonds en chêne, ses vastes espaces communs et entre ses couloirs feutrés parsemés de carreaux du XVIIIe siècle, 51 chambres. On y découvre également un bar et un restaurant Dona Mafalda (nom de la première reine du pays pour laquelle a été construit le monastère) dans un imposant salon aux arches en pierre lisse qui servait autrefois de granges et de chambres de la monnaie. Au menu? Des croquettes de queue de bœuf, crème de champignons et raisins macérés et le traditionnel filet de morue en croûte de pain de maïs et olive accosté de pommes de terre, choux à larôme dail et salade de poivrons grillés. La cerise sur le gâteau? Une pâtisserie traditionnelle du couvent:  le Toucinho do céu littéralement le Bacon du ciel, un flan aérien qui vaut largement le détour calorique! 

Une des chambres du Monastère revisitée mais qui conserve son authenticité © DR

Après le repas, on recommande vivement une ballade dans un de nos crushs de ce lieu comme suspendu dans le temps: le jardin de neuf hectares doté d’une véritable forêt d’arbres centenaires, de vieilles statues recouvertes de mousse et d’un magnifique lac circulaire conviant à la méditation. Il y a même un itinéraire botanique à tester pour se ressourcer. L’expérience y est innefable!

La luxuriante cour intérieure de l’hôtel ©DR

Pousada Mosteiro de Guimarães
Lugar da Costa, Largo Domingos Leite de Castro, 4810-011 Guimarães, Portugal
Tél. +351 253 511 249
www.pousadas.pt

The Rebello: gîte pour pirate esthète
Notre dernière étape se termine en beauté sur les rives du fleuve Douro à Porto dans l’un des hôtels les plus stylés que l’on ait visité cette année: The Rebello. Son nom, il le doit aux célèbres rabelos de Porto – des bateaux en bois qui transportaient des tonneaux de porto sur le fleuve – ce qui explique sa situation à côté du seul chantier naval restant de la ville. Le lieu conçu avec dextérité et créativité par le studio d’architecture Metro Urbe investit d’anciens bâtiments industriels, ex-usine d’ustensiles de cuisine du XIXe siècle et dévoile 103 chambres et suites de style loft, dotées de grandes fenêtres, aux détails monochromes. Les architectes ont restauré deux longues bâtisses donnant sur la rivière, en préservant leurs façades en pierre historiques, et ont construit deux nouveaux volumes au centre du site qui intègrent des structures d’origine plus petites et résolvent la topographie en pente.

Le hall d’entrée de The Rebello avec une des tapisseries murales d’Edurne Camacho ©DR

En foulant le pied dans le hall, le regard est immédiatement happé par les matériaux et les textures, les sols en béton poli et les conduits de plafond apparents. Deux tapisseries murales d’Edurne Camacho, représentant des sirènes, nous enrobe d’un sentiment inoubliable, celui qu’Ulysse a dû ressentir en entendant, pour la première fois, le chant envoûtant de ces êtres mi-femme, mi poisson. On ne rêve que de copier-coller la scénographie signée par l’architecte d’intérieur espagnole Daniela Franceschini – fondatrice de Quiet Studios ayant articulé les intérieurs autour de quatre éléments clés : l’eau, le vin, le bois et l’industrie. Au passage, on dérobera les prints de Josep Maynou, les céramiques de Grau Cerâmica ou celles d’Atelier Fig ou encore les lampadaires en chaîne, tous créés à partir de matériaux récupérés à partir de rotins mis au rebut. Avis aux nomades numériques qui trouveront leur bonheur pour travailler et chiller sur une variété de sièges moelleux et confortables, dans un espace lumineux!

La réception de The Rebello ©DR

L’hôtel offre certaines des plus belles vues sur le fleuve et le célèbre pont Dom Luís I de Porto depuis les chambres et les suites inspirées des années 1970, ultra lumineuses décorés de noyer, d’acier, de béton et de carrelage. Mention spéciale aux kitchenettes en travertin et en noyer, aux couvertures faites à la main à Serra da Estrela par Burel Factory, à la chaise « Moca » rembourrée rouge et à l’adaptation verte de la chaise « Hygge », toutes deux siglées par le Collector Group. Les chambres comprennent également des pièces sur mesure influencées par le design nautique et industriel, comme les éviers inspirés des anciens réservoirs d’eau et les têtes de lit de style organique renvoyant aux eaux ondulantes du fleuve Douro.

L’une des chambres dotée de sa kitchenette ©DR

En clin d’œil à l’histoire du site, le restaurant Pot & Pan du rez-de-chaussée sert des plats de style familial dans de grandes casseroles et poêles dans un espace décoré de murs et de plantes aux tons sombres pour créer une atmosphère décontractée. Un vaste restaurant sur le toit et une terrasse avec jardin où le marbre du Guatemala et les murs sombres servent de toile de fond à des éléments de design remarquables, notamment des appliques murales italiennes des années 1940, des éclairages Sergio Mazza des années 1960 et des installations sculpturales utilisant des casseroles en métal de Joana Passos. 

La scénographie ultra graphique d’une des chambres de The Rebello ©DR

Clou de ce spectacle archi arty? Un temple de la détente au pigment saumon vermillon offrant la palette parfaite pour le magnifique spa, inspiré des anciens thermes de Portus Cale. L’espace aux lignes épurées doté d’œuvres d’art brodées d’Agnieszka Owsiany et à l’imaginaire à la Wes Anderson, conquière nos rétines de merlan frit. La piscine chauffée aurait bien pu apparaître dans l’une des scènes du Grand Budapest Hotel. Il vous sera difficile voire impossible de briser le cercle vertueux: piscine, sauna et saut sur les lits de repos aux tons noyer. De quoi s’extirper du rythme effréné de la ville. Une fois la porte cintrée du spa franchie, les excuses pleuvent pour s’y rendre!
Parole de méditerranéenne! 

Le spa onirique de The Rebello ©DR

The Rebello
Cais de Gaia 380, 4400-245 Vila Nova de Gaia, Portugal
Tél. +351 22 002 8940

www.therebello.com