Perth, le grand boom du trou noir

Perth Centre
© Bernard Pichon

Antipodes. La verte capitale de l’Etat d’Australie-Occidentale est la ville la plus isolée du monde. Mais son dynamisme est en passe d’en faire l’une des plus branchées.

 

Bernard Pichon, texte et photos

Au milieu du XIXe siècle, la colonie ne comptait que 3 000 âmes qui devaient s’y ennuyer ferme, coincés entre l’océan et des territoires arides, à 2600 kilomètres d’Adélaïde, sa plus proche voisine. 

Pour tenter de doper l’économie, les autorités sollicitèrent l’aide du gouvernement britannique. La Couronne leur envoya 10 000 sujets majoritairement issus des classes disgraciées, bientôt impliqués dans une ruée vers l’or semblable à celle de l’Ouest américain. Car ici aussi, la découverte du métal jaune (1881) allait générer une migration massive, la plus grande de l’histoire australienne: 500 000 nouveaux expatriés en quête de bonne fortune. Ces Perthiens de la première heure étaient aussi des couche-tôt, sans doute éreintés par les mines, mais aussi…minés par la criminalité nocturne. Aujourd’hui bien sécurisée, Perth by night vibre au tempo d’une population jeune et décontractée.

Perth Centre  © Bernard Pichon

Métamorphose

De l’époque héroïque subsistent quelques façades aux allures victoriennes ou néo-orléanaises, avec leurs balcons à ferronnerie dentelée. Cernées de gratte-ciel qui leur imposent l’humilité, ces bâtisses abritent aujourd’hui des galeries marchandes, des banques, des pubs et des hôtels. Agencée selon un plan en carré courant des bords de la rivière Swan aux hauteurs de Kings Park, la ville dégage un charme unique. Elle surprend par l’étendue de sa banlieue coquette aux villas colorées, sagement alignées entre palmiers, bougainvilliers et araucarias. 

« En quelques décennies, notre façon de percevoir Perth a radicalement changé », se réjouit Adie Chapman, organisatrice de visites guidées. Trois facteurs expliqueraient cette évolution: la hausse de la population, l’essor industriel et une nouvelle réglementation sur la vente d’alcool. Cette dernière a permis l’ouverture de nouveaux bars et restos qui entretiennent une véritable effervescence.

Autour de la Marina   © Bernard Pichon

Vue du ciel

En 1962, l’Américain John Glenn coiffait la Terre en vol orbital. La ville eut alors l’idée d’allumer toutes ses lumières afin que, survolant de nuit cet apparent trou noir, l’astronaute pût témoigner d’une réelle présence humaine. Perth gagna ainsi son sobriquet d’« autre ville Lumière », surtout aux Etats-Unis. Mais cette célébrité fut éphémère. Il fallut attendre le milieu des années 1990 pour que la capitale d’Australie-Occidentale se réveille vraiment. Aujourd’hui, elle nargue un certain Karl Marx qui – dans Le Capital – en faisait l’exemple même d’une colonisation ratée. 

Y aller la plupart des Suisses volent vers Perth via Londres, Singapour ou les Emirats. Pour compenser son empreinte Co2 : www.naturelabworld.com/fr/calcul-empreinte-ecologique.

Séjourner on trouve des hôtels de toutes catégories, allant du logement pour routard au palace cinq étoiles. 

Sortir à Northbridge, l’ancien mauvais quartier devenu le lieu tendance, avec une kyrielle de bars tels le Sneaky Tony’s ou Birds, un des meilleurs endroits pour écouter de la bonne musique en dégustant des cocktails parfaitement équilibrés. 

Visiter l’île de Rottnest, à 25 minutes de Perth, par ferry express. Cet éden naturel, fief des adorables quokka se prête aisément à une excursion à la journée pour des balades à vélo le long de plages sauvages et de chemins enchanteurs. On peut aussi y séjourner.

Dépenser la vie est aussi chère qu’à Genève. Prévoir un budget en conséquence.

Se renseigner www.westernaustralia.com