Pépites d’espoir

« Lumen », Jasmine Morand © Sylvain Marchand

La crise n’aura pas eu raison de l’incontournable festival genevois de La Bâtie. Se relevant au milieu des cendres des derniers mois, l’événement qui a malheureusement du subir quelques annulations répondra cependant bien présent en ce mois de septembre, nous entraînant dans Genève et ses alentours pour un voyage culturel à la croisée des arts. Au-delà de sa volonté de répondre présent pour son public, le festival laisse également pousser un soupir de soulagement aux artistes du monde des arts vivants, parmi les premières victimes de ce chamboulement mondial. Danse, théâtre, hybrides, mais aussi soirées clubs, restaurants et siestes acoustiques rythmeront cette édition 2020 dans le respect des règles sanitaires. La culture renait alors, nous prouvant qu’en suivant quelques règles simples et en respectant son prochain, elle peut continuer à nous enchanter. Alors visages masqués et gel hydroalcoolique en main on file se ressourcer dans la programmation rafraichissante de La Bâtie.

Toujours placé sous le signe de l’éclectisme, le festival de La Bâtie revient cette année avec une programmation enchanteresse et rafraîchissante qui nous rappelle à quel point la culture est vitale. Mêlant les arts vivants à l’image du théâtre et de la danse, mais regardant aussi du côté de la vie nocturne, des restaurants, et des expositions, le festival regroupe toutes les victimes de cette crise qui a frappé le milieu culturel de plein fouet. Désireux de mettre en avant des artistes locaux, mais également venus de contrées plus lointaines, les organisateurs du festival nous plongent dans un melting pot culturel qui nous convie à découvrir la culture dans tous ses états. Coup d’œil sur les pépites que nous réservent cette édition au doux son de l’espoir.

« Hibou », Les trois points de suspension, © Sylvain Marchand

Les arts vivants retrouvent la scène

Après une trop longue pause, les danseurs, acteurs, performers, retrouvent la scène pour notre plus grand bonheur. On découvrira alors avec des yeux émerveillés la dernière création tant attendue de Jasmine Moran, Lumen, qui nous parle à travers des jeux de lumière et des mouvements des corps de nos peurs, de nos fantasmes, jouant avec les reflets et nous entraînant dans une expérience éblouissante où nos sens seront en éveil. Le « danseur de l’année » selon le magazine Tanz sera également présent au festival. Trajal Harrell, danseur américain à la réputation plus que brillante, viendra alors interroger ce titre. Que signifie-t-il ? Que danser après avoir reçu une telle récompense ? Quelle estime de soi est-il possible d’avoir après une telle consécration? Revisitant son héritage chorégraphique, il nous entraine à travers l’histoire de la danse dans une introspection à l’élégance sans pareil. Côté théâtre, on nous interroge sur notre rapport avec nos proches disparus. Autour d’une table, le collectif des Trois Points de Suspension évoque avec émotion les rites de la mort, mais aussi la question de l’éternité, dans leur Hibou mêlant théâtre, musique et arts plastiques autour d’une thématique complexe discutée avec délicatesse et tendresse. Teatro Amazonas s’encre lui dans une réalité bien sombre. Le collectif espagnol Azkona&Toloza nous invite à porter un regard critique sur le néocolonialisme à travers une enquête retraçant la construction d’un des plus grands opéras du Brésil. Un spectacle tristement ancré dans l’ère du temps qui sera présenté pour la première fois dans le cadre du festival. Pour plus de légèreté, on accourra pour découvrir Histoires sans gloire et pratiquement sans péril pour 4 voix sur pente raide du Collectif Moitié Moitié Moitié. Dans une succession de tableaux pittoresques et traditionnels, ces joyeux lurons nous racontent avec humour leurs aventures rocambolesques, entre balade champêtre qui ne se termine pas comme prévu, et folie bovine. Une pépite de rire et de tradition qui vient encore enrichir le programme des arts vivants de cette édition où tous les espoirs sont permis.

La Bâtie Festival Genève, du 28 août au 13 septembre 2020, Programmation complète et réservation sur www.batie.ch