OVNI(s) : Objet Visuel Non Identifié

« La France et les séries ne se mélangent pas, c’est un peu comme l’huile et l’eau ». Cette phrase, figée dans le temps, on pouvait l’entendre à l’époque où les productions les plus connues du paysage audiovisuel français étaient également les moins méritantes : « Julie Lescaut », « Joséphine ange gardien », « Sous le Soleil », et beaucoup d’autres. Il aura fallu attendre le boom des séries et une certaine chaîne payante pour que les choses bougent…Depuis, la qualité des séries françaises a atteint celle de ses homologues américaines ou britanniques avec des titres comme « Engrenages », « Le Bureau des Légendes » ou… « Ovni(s) ». Close-up.

 

« Regardez ! Là-haut dans le ciel ! c’est…»

Un oiseau? Un avion? Non, un ovni! Pour Objet Volant Non Identifié. D’ailleurs, il est pratiquement inutile de rappeler la signification de l’acronyme, tant les soucoupes volantes et les petits hommes verts ont pénétré la culture populaire. De nombreuses œuvres télévisuelles ont traité le sujet, dont la plus célèbre pourrait être la série « X-Files ». Depuis, les zombies et les narcotrafiquants ont pris le relais, reléguant le thème aux oubliettes. Si bien qu’en 2021, reprendre cette thématique semblait incongru. Mais c’était sans compter sur le principe cyclique infini de Lavoisier: Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. En lieu et place d’une série fantastique lorgnant du côté de l’horreur (l’épisode Home de « X-Files » ne sera pas rediffusé par la Fox), « Ovni(s) » penche complètement vers la comédie loufoque.

Rigolades & Gaudrioles

« Ovni(s) » fonctionne sur le principe du « poisson hors de l’eau ». Cela signifie qu’un personnage est catapulté dans un milieu inconnu, adoptant si possible un point de vue opposé au sien. C’est ainsi que le pragmatique scientifique Didier Mathure (incarné par Melvil Poupaud) intègre contre sa volonté le « Geipan », un service peuplé d’illuminés (d’où le « s » du titre) chargés d’enquêter sur des phénomènes spatiaux non identifiés. Un pari pas évident dans un genre où l’écriture et le rythme priment. Heureusement, « Ovni(s) » remplit haut la main ce cahier des charges. Scénario, personnages, dialogues : la maitrise est quasi-totale (petit bémol sur la toute fin) et confère au tout un ton burlesque bienvenu. La reconstitution fidèle des années septante ainsi que le casting aux petits oignons place sans aucun doute « Ovni (s) » parmi les séries à suivre en 2021.

Le Geipan, un service bien réel

C’est lui, l’autre bizarrerie de la série. Le « Geipan », pour Groupe d’Etude et d’Informations sur les Phénomènes Aérospatiaux Non identifiés a été créé à Toulouse en 1977. Dépendant du Centre National d’Etudes Spatiales (CNES), son objectif est d’étudier sérieusement ces phénomènes dénommés « Pan ». Sur le site du service*, en date du 5 mars 2021, des statistiques classent les 2897 cas en catégories correspondant aux quatre premières lettres de l’alphabet. 661 cas de la catégorie A correspondent à des phénomènes parfaitement identifiés (22,8%). la catégorie B et ses 1164 cas correspondent à des phénomènes probablement identifiés (40,2%). 973 cas de la catégorie C renvoient à des phénomènes non identifiés par manque de données (33,6%). Et la dernière catégorie, la D, fait état de 99 cas de phénomènes non identifiés, après enquête. Soit 3,4% des cas. Une catégorie qui aurait fait le bonheur de Mulder & Scully, assurément.

*https://www.cnes-geipan.fr/