On arrête le progrès !

Hello World, Bertrand Planes, 2020-21

Les Galeries du Théâtre Forum Meyrin nous mettent face à une question qui, à notre époque, résonne tout particulièrement. Son point de départ ? Cette question posée par l’artiste français Bertrand Planes, « Et si on avait confondu progrès et nouveauté? » À une époque où la course au progrès va de paire avec la surconsommation, la pollution, et la culture du toujours plus vont bon train, l’exposition Low Tech nous rappelle à une simplicité et une écologie trop souvent oubliées. À travers des créations d’artistes sur le devenir de nos sociétés, et plus généralement de notre humanité, l’exposition interroge sur ce mode de vie où l’expression « on n’arrête pas le progrès » semble avoir perdu son sens, et n’est plus si positive. Dans toutes ces oeuvres le Low Tech qui donne son nom à l’accrochage est alors mis à l’honneur. Gros plan sur une exposition résolument dans l’air du temps, et qui en profite au passage pour nous faire redescendre sur terre.

Cette question vous trotte peut-être dans la tête, qu’est-ce que le Low Tech ? Pour faire simple, il s’agit de l’opposé du high tech. Il se caractérise notamment par l’utilisation de technologies simples, peu onéreuses, auquel tout le monde peut avoir accès, et qui sont également faciles à réparer – exit le smartphone. Le Low Tech a également pour objectif de sourire des matériaux naturels de manière responsable, en prenant soin de respecter l’environnement. En un mot, il s’agit d’une technologie responsable qui nous ramène aux sources. Mais le progrès ne s’y oppose pas, et comme Bertrand Planes l’a si bien dit, « et si on avait confondu progrès et nouveauté ? ». La nouvelle exposition des Galléries du Forum Meyrin s’attaquent à une problématique d’actualité dont l’art, critique en maître de la société, a décidé de s’emparer à son tour. À travers une vingtaine de créations, l’exposition Low Tech présente une série d’oeuvres qui s’inscrivent dans ce mouvement. Toutes pensées dans un esprit de développement durable, elles retournent à des matériaux simples et peu coûteux, s’opposant au principe même de la course folle à la technologie et à la nouveauté dans laquelle nous évoluons. Parmi les artistes présents, on retrouve Maxime Berthou & Mark Požlep, Alexander Calder, Les Frères Chapuisat, Claire Eliot, ou encore le plus que célèbre Jean Tinguely. Tous viennent s’inscrire dans la thématique avec des projets artistiques qui s’ils n’en restent pas moins des oeuvres d’art tendent à une simplicité aujourd’hui souvent oubliée. Entre recyclage et réutilisation des matériaux, nouvel usage donné à des objets pour leur offrir une second vie dans le monde de l’art, mais aussi humour, Low Tech nous ouvre les yeux sur une option, presque une autre vie, qui serait possible.

End of Life, Christina Hemauer Roman Keller, 2010

Au-delà des oeuvres des artistes qui seront exposées dans les galeries, il sera également possible pour le public d’expérimenter la low tech. Car parmi ses autres principes on retrouve également l’accessibilité à tous, mais aussi le retour au travail manuel, à la manipulation des matériaux. À la suite de l’exposition, il sera alors possible de passer un moment dans l’espace conçu en collaboration avec Fablab Onlfait, Materium et la Ressourcerie Genevoise pour créer à son tour son objet low tech. Imprimante 3D, matériauthèque, et outils en tous genres seront à disposition pour repartir avec sa création, qu’il s’agisse d’une machine à gribouiller, d’un cyanotype, ou d’emballages en mycelium. Comme quoi parfois ça fait du bien d’arrêter un peu le progrès.

Low Tech, du 25 septembre au 24 décembre 2021, Galeries du Forum Meyrin, Place des Cinq-Continents 5, 1217 Meyrin, https://meyrinculture.ch/evenement/low-tech