OLNI : OBJET LYRIQUE NON IDENTIFIÉ

Einstein on the beach ©GTG

En 1976, Avignon est charmée par une œuvre hors norme qui réunit la musiquede Philip Glass, les lumières de Bob Wilson et la chorégraphie de Lucinda Childs. Érigée au rang de mythe, Einstein on the Beach est jouée à Genève pour la pre- mière fois du 11 au 18 septembre. La Compagnia Finzi Pasca dont nous avons pu récemment apprécier les talents lors de la Fête des Vignerons est coproductrice.La collaboration entre plusieurs acteurs culturels romands d’envergure offre unspectacle saisissant. Le format non-narratif et cyclique détonne et se déploie sur une durée de 4 heures contre près de 4h40 pour la version originale.

L’ŒUVRE

Un récit ? Ne le cherchez pas, il n’y en a pas. Il s’agit avant tout d’un thème et de variations. Philip Class résumait simplement son œuvre comme l’histoire d’un grandmathématicien qui aimait la musique. La mise en avantdu scientifique allemand n’a pourtant pas été le premierchoix. Gandhi, Charlie Chaplin ou encore Adolf Hitler ont été un temps proposés pour cet opéra basé sur unpersonnage historique. Au final, le choix d’Einsteinépouse à merveille le projet artistique de Philip Class.Qui de mieux qu’un homme dont le travail novateur questionne la rationalité et l’irrationalité pour illustrerun opéra dont le langage est, lui aussi, novateur. Les textes se composent en effet de chiffres de un à huit répétés inlassablement, de notes de solfège ainsi quede poèmes écrits par Christopher Knowles. D’autres textes de Lucinda Childs intègrent l’ensemble. Le tout s’entrelace avec une musique tantôt lente et contempla- tive, tantôt rapide et répétitive. Ce processus cumulatif et cyclique instaure une perte de repère. Les 4 heuresde spectacle sont organisées autour d’une construc-tion entre le temps et l’espace en lien avec la théorie de la relativité d’Einstein. Étant donné la nature de la musique lente répétition de petits éléments, évolution et changements très graduels, motifs récurrents et la durée, le public peut aller et venir dans la salle à sa guise.Enfin, on ne peut s’empêcher d’apprécier le clin d’œil de représenter une œuvre sur Einstein à Genève lorsque l’on sait que les théories qu’il a énoncées sont exploitées au quotidien au CERN tout proche. La programmationd’une telle œuvre au Grand Théâtre pour lancer lasaison 2019-2020 est donc aventureuse, mais résume bien la ligne directrice du nouveau directeur Aviel Cahnpour son institution dont l’audace et l’originalité sont lefer de lance.

RÉVÉLATION ONIRIQUE

La compagnie Finzi Pasca qui coproduit Einstein on the Beach est habituée aux grandes manifestations comme la récente Fête des Vignerons où Daniele Finzi Pasca a fait mouche, ou bien les cérémonies Olympiques de Turin et Sochi. Néanmoins, elle se distingue tout au-tant dans l’opéra. On se souvient des mises en scènede Aida au théâtre Mariinski de Saint Petersbourg ou de Pagliacci et Carmen au théâtre San Carlo. Cette longue expérience des shows grandeurs maxi est mise au service d’un spectacle pluridisciplinaire qui mêlent vidéo de Roberto Vitalini, lumières scéniques de Alexis Bowles, chorégraphie de maria Bonzanigo et arts du cirque.

 

COLLABORATIONS FÉCONDES

La Haute École de Musique de Genève collabore dans Einstein on the Beach grâce à un chœur de 16 élèvesdont l’entrainement de presque une année garantit uneprestation de haut niveau. Cet opéra particulièrement exigeant est conduit par le chef Titus Engel. Le Zurichoiss’est déjà fait remarquer avec la direction de BrokebackMountain en 2014 dont le répertoire est similaire. Le Festival de la Bâtie compte également parmi les parte-naires de même que le CERN qui s’associe avec le Grand Théâtre pour l’organisation de journées portes ouvertessur le thème de la science.

Einstein on the Beach

Du 11 au 18 septembre 2019 Grand Théâtre Boulevard du Théâtre 11
1211 Genève
022 322 50 50
www.gtg.ch