Monique Jacot, la femme derrière l’objectif

Monique Jacot, Maude Liardon, danseuse, Prangins, 1990
C’est une photographe qui à travers ses clichés allait capturer la société d’une époque. Monique Jacot fait aujourd’hui l’objet d’une rétrospective organisée par UBS et Photo Elysée qui nous raconte la photographe à travers son travail. Connue pour ses images prises à travers le monde, elle était également celle qui parvenait avec brio à immortaliser la vie quotidienne suisse, en se focalisant tout particulièrement sur la condition féminine. Mais au-delà de son œil acéré, elle était aussi une artiste. Un accrochage qui met en lumière ces clichés où Monique Jacot laissait toujours une place à l’onirisme.
Photographe du monde
Dès le départ, Monique Jacot semblait faite pour laisser sa trace. Née à Neuchâtel en 1934, elle grandit pour atterrir à l’Ecole des Arts et Métiers de Vevey où elle étudie de 1953 à 1956 auprès de Gertrude Fehr, l’une des premières femmes photographes professionnelles, qui allait réaliser des portraits d’artistes célèbres. Auprès d’elle, Monique Jacot façonne la photographe qu’elle allait devenir à son tour, s’inspirant de son autre passion qu’elle cultive depuis le plus jeune âge, le cinéma. Mais pour la suissesse tout commence par une collaboration avec les journaux. Elle immortalise pour eux la vie quotidienne pour des reportages sociaux culturels qui l’entraîneront à travers le monde. Puis elle partira réaliser des voyages pour l’Organisation Mondiale pour la santé à la fin des années 60. Des clichés qui allaient faire d’elle une figure reconnue, une photographe qui mieux que personne allait immortaliser le quotidien, ailleurs, mais aussi ici, sur le territoire helvétique. Monique Jacot collaborera pour des publications prestigieuses, puis au fil des ans son engagement pour la cause féministe s’accroit pour finalement constituer une part capitale de sa production photographique. Avec son regard aiguisé, elle capture le quotidien des femmes à la campagne, dans les usines, dans la rue, et peu à peu, son objectif toujours tourné vers le monde, elle s’éloigne du style documentaire pour trouver à travers la photographie une nouvelle façon d’expérimenter l’image.

Monique Jacot, Helena Zwiquer, Danseuse, Bienne, 1990
Photographe artiste
C’est au milieu des années 1970 que le changement semble s’opérer. La réalité du monde à travers l’objectif n’est plus la raison d’être de sa discipline, au contraire, elle souhaite tourner ses recherches vers de nouveaux horizons. Rapidement, sur ses images, la figure se multiplie, ses reflets pluriels et identiques à la fois. Elle travaille le montage de ses images, se laisse aller à des jeux de miroirs, et confère une esthétique unique et nouvelle à sa photographie. La réalité est encore là oui, mais elle est comme évanescente, à l’image d’un rêve partant d’une vérité pour s’évanouir dans un monde imaginaire, la poésie s’accaparant tout à coup une place de choix. Mais son âme de photo-journaliste ne l’a pas quittée, et à travers ses clichés plus artistiques, elle ne manque pas de capturer la réalité d’une société et d’un monde. Cette exposition retrace ce parcours, ce changement qui allait ajouter une nouvelle dimension au travail de Monique Jacot. Sa Suisse natale et ses habitants resteront l’un de ses sujets de prédilection, mais à travers son travail nous sommes transportés plus loin, dans un monde où la réalité se mêle au rêve, où la photographie n’est pas que reproduction, et a en réalité tant à nous dire.
Monique Jacot. La figure et ses doubles, du 28 septembre au 11 novembre 2022, Hall UBS Place St-François 16, 1003 Lausanne, https://elysee.ch/expositions/monique-jacot/
