L’INQUIéTANTE éTRANGETé DES PROPRIéTéS DES CHOSES

Léopold Rabus, Les propriétés des choses, 2020, huile sur toile, 300 x 400 cm

En ce début de printemps alors que les oiseaux commencent à chanter le renouveau printanier et la reverdie, la galerie Wilde présente la dernière exposition du peintre suisse Léopold Rabus, « Les propriétés des choses ». Mêlant plusieurs médiums, cette exposition questionne les frontières perméables entre le réel et l’imaginaire, le naturel et le fantastique, l’habituel et l’étrange. Présentées sur deux salles, les œuvres réalisées par Léopold Rabus racontent toutes une histoire à la fois émotive et silencieuse dont l’atmosphère pesante et fascinante incite à la contemplation et à la réflexion. Une exposition qui ne laisse pas de marbre, à voir jusqu’au 1er mai. 

Léopold Rabus fait partie des peintres suisses contemporains reconnus et exposés dans de nombreuses galeries en Suisse et à l’international. Il est né à Neuchâtel en 1977 où il commence sa formation à l’Académie de Meuron avant d’entrer à l’École d’arts appliqués de la Chaux-de-Fonds, puis de finalement rejoindre la prestigieuse Cité Internationale des Arts à Paris. Aujourd’hui, il est de retour dans sa ville natale où il vit et travaille. Il est le frère cadet de l’artiste-peintre Till Rabus. 

Léopold Rabus, Scène médiévale, 2021, huile sur toile, 210 x 160 cm

Profondément inspiré par la peinture classique et les paysages naturels de la région neuchâteloise, Léopold Rabus réalise des peintures figuratives ainsi que de surprenantes installations qui déroutent le spectateur en proposant une ouverture sur un monde à l’atmosphère étrange et surréaliste où rêves et cauchemars se côtoient et s’entremêlent. Parmi les œuvres présentées à la galerie Wilde, une « scène médiévale » à la composition saugrenue et absurde met en scène un chevalier en armure arrêté au milieu d’un cours d’eau enneigé et rempli d’agrumes. À côté, un autoportrait inquiétant questionne l’image de soi alors que la salle suivante est remplie de peintures de différents formats représentant des oiseaux et autres volatiles. Ces réalisations rappellent indubitablement la peinture animalière flamande du XVIIe siècle. Néanmoins, ces oiseaux qui semblent à première vue tout à fait normaux sont en réalité fantasmagoriques et chimériques, souvent dotés de particularités physiques étonnantes et inattendues. L’installation mécanique « Le rappel des oiseaux » fait défiler une bâche sur laquelle l’artiste a peint une histoire, créant ainsi une véritable narration. Accompagné d’effets sonores renforçant l’expérience visuelle, ce tableau mouvant enivre de son charme simple et brut, rendant ainsi au spectateur son âme d’enfant. Enfin, l’œuvre phare de l’exposition, une immense toile représentant un arbre peuplé d’innombrables volatiles de différentes espèces symbolise l’idéal de classification du Livre des propriétés des choses. Cette peinture est un clin d’œil assumé aux concerts d’oiseaux peints par les maîtres flamands Frans Snyders et Jan Breughel le Jeune. Une belle ode à la nature et au monde qui nous entoure.

Quant au titre de l’exposition « Les propriétés des choses », il fait référence au célèbre livre « De proprietatibus rerum » écrit par le franciscain Barthélémy l’Anglais au XIIIe siècle. Cet ouvrage encyclopédique, divisé en dix-neuf livres, s’intéresse à la classification du vivant et à la mise en ordre des connaissances. Il connut un immense succès au Moyen Âge et fut traduit en plusieurs langues dont le français sur commande du roi Charles V. 

Léopold Rabus, Les propriétés des choses
Jusqu’au 1 mai 2021
Wilde Gallery
24 rue du Vieux-Billard, 1205 Genève

www.wildegallery.ch