LES NOUVEAUX LACUSTRES

L’Escale

Pour cet article sur la saison chaude à Genève, nous avons décidé de proposer une expé-rience calviniste au fil de l’eau, englobant des éléments d’animation connus, et d’autresqui viennent de voir le jour. L’idée étant de s’ambiancer certes, mais pas aux dépens d’une certaine fraîcheur. D’ailleurs, vu les records de température que notre talent de société industrielle et post-industrielle est en train d’éclater comme jamais, nous ne mentionne- rons que les animations se passant en extérieur, ou face à un extracteur d’air de chantier professionnel.

ELLA SCÈNE, C’EST PAR OÙ ?

Certaines institutions sont toujours présentes et fleuris- santes, telle la scène Ella Fitzgerald, cathédrale moderne de nos étés insouciants. On notera la programmation bienvenue de Jakob Graf qui inclut notamment l’ex- cellentissime Borealis avec l’OSR, merci Dan Acher, le 5 juillet, Keb Mo et son blues a capella sans concession mais l’énergie du renouveau le 19 juillet, la sweet’n’sour Fatima, une représentante de Shoreditch et son jazz rapé le 26 juillet, Asian Dub Foundation le 2 août, c’est-à-dire un des fers de lance du mouvement Asian Underground du début des années 2000. N’oublions pas Marina Satti qui polyphonise en grec moderne de la musique qui ne l’est pas moins le 7 août, l’Ensemble Orpheus XXI qui distille de la musique traditionnelle moderne disons méditerranéenne par l’immense Jordi Savall le 9 août.Une autre tête d’affiche, la fadiste Ana Moura qui aurasu ressusciter le fado pour le grand public, ce qui fait tout ça de gagné sur la musique d’ascenseur générée par ordinateur.

© L’Escale

QUATUOR D’OMBRES TERRASSÉES

Lorsque Númenor fut engloutie, les survivants s’enfui- rent fonder l’Arnor et le Gondor. Ceux que les geekeries du Seigneur des Anneaux n’avaient pas séduits n’auront sans doute pas saisi la référence, qu’ils nous pardonnent et nous pardonnerons leur mescience. Ainsi depuis la débâcle des Fêtes, plusieurs initiatives plus modestes et dispersées ont vu le jour, sauf l’Escale qui avait commencé son œuvre amélioratrice un peu avant. On parle donc de l’Escale susdite, la Bronzette, l’Estivale et le Jardin du Rhône.

L’Escale et son atmosphère délicieusement boisée en est à sa troisième édition et la magie continue d’opérer, avantageusement placée qu’elle est à l’entrée de la nouvelle plage des Eaux-Vives. Des jeux pour enfants et leurs adultes sont proposés, dont certains en format extra-large, une tour bibliothèque ornée de hamacs et d’ouvrages en libre-service auront déjà l’heur d’en égayer certain.e.s.x. Deux buvettes sont parées pour arroser le chaland sur autant de terrasses adjacentes, avec des produits locaux et pas de plastique non-réu- tilisable. Et la scène, double, avec un piano ouvert aux mélomanes d’un côté, et la scène qui produit des artistes locaux de l’autre. On compte tous les jours du jeudi au dimanche des mois de juillet et août donc plus d’une quarantaine de soirées, avec entre deux et trois per- formances par soir. La programmation est assurée parle Collectif pour une Vie Nocturne Riche et Diversifiéeaka les très motivés de la Salle des Terreaux, sise sous celle du Faubourg, un collectif immense composé de beaucoup des acteurs culturels de demain.

La Bronzette est la première de nos terrasses publiquesnouvellement installées au fil de l’eau, celle proposéepar The Hamburger Foundation sur le Quai du Mont- Blanc. C’est avec l’Association de Soutien à la Musique Vivante qui chapeaute la salle de concert du Chat Noir et le festival Voix de Fêtes, fondée entre autres par le très regretté Alain Gilliand. Le festival Label Suisse de Lausanne sera de la mouture également. Là aussi, groseffort de programmation de qualité, variée et locale, uneambiance qui tient tant du plagiste à l’italienne que du biergarten prussien, le tout accompagné de sustenta- tions à base de poulet local GRTA, saucisse et raclette.

L’Estivale

Les Jardins du Rhône enchaînent en reprenant l’an- cien quartier général des Fêtes, le Jardin Anglais. L’organisation est assurée par l’association 2rives, laquelle met l’accent également sur le terroir et les pro- duits de qualité dans un écrin de confort, à rapprocherde l’ambiance Quai Bezanson Hugues qui réchauffe lespavés des rives du Rhône du lac tout juste renaissant.

La petite dernière, l’Estivale, nous vient de RK Events qui collabore avec le restaurant Au Renfort à Sézegnin.Là aussi une offre qui tourne toute la journée et la se- maine, on y trouvera des propositions pour le midi et le soir. Des animations sont prévues pour tous les âges, y compris de la danse indienne, des DJs et des groupes de tous horizons. Les week-ends verront là aussi plus de mouvement qu’en semaine, et donc plus d’animations.

EN CAS D’URGENCE THERMIQUE PSYCHOLOGIQUE

Les plans d’eaux sont bien sûr disponibles mais le manque d’ombre peut en faire descendre certains dans le ranking de la supportabilité. Donc les Bains de Pâquisfaits de granits et de bétons, magnifiques et sympas,mais risqués. Genève-Plage avec ses ombrages et son ravalement de façade assez réussi sont évidemment à considérer mais tant le droit d’entrée que le risque d’agglutinement populaire pèsent sur ce candidat.

© Genève Tourisme, Julien Dejeu

La nouvelle plage des Eaux-Vives… Tant de questions,il est vrai, que le public se pose; arrêtons-nous sur cellequi nous anime tous : procure-t’elle des sage-space calo- riques ? Il semblerait, après enquête de nos envoyés spé- ciaux sur place, que ce ne soit pas l’argument de vente principal. Un lieu délicieux en octobre assurément. Ayantpassélarade,lesprochainesoptionscommencent à partir du Pont-sous-Terre avec sa rampe de lancement navale sur sa rive droite, ledit pont qui sert de rampe de lancement d’êtres humains cette fois, et les quais de la Promenade des Saules, qui ont pour avantage d’avoirà disposition ombrage et eaux fluviales, donc légère- ment plus fraîche (en tous les cas psychologiquement). Là, l’inconvénient se situe plus au niveau de la masse fréquentante qu’il est possible d’esquiver en évitant les heures de pointe entre 13h et 19h.

Pour les plus passionnés, ceux qui, comme votre serviteur, trouvent que même les eaux du Rhône sont déjà trop chaudes, il reste l’Arve. Au moment de mettre sous presse, la température de cette rivière de montagne culminait à 12°C, c’est-à-dire la moitié des 24°C du Rhône. Chacun tire ses conclusions.

THE FINAL PUBLIC SPACE

Last but not least, le dernier lieu que nous voulions cé-lébrer c’est Porteous, ce magnifique bâtiment industriel arraché à l’Office cantonal de la Détention à la suite d’unejacquerie socio-culturelle d’envergure. Une armada de radeaux médusés avaient l’année dernière descendu le Rhône et pris d’abordage le fameux bâtiment du chemin de la Verseuse. La victoire a entraîné une négociation pour que les lieux soient vidés et rénovés, un contratprécaire basé sur la confiance. On voit que la conceptiondu partenariat public-privé “alternatif” a fait des progrès depuis les années 80. Donc les activités continuent, sur l’immense quai adjacent à celui que des générations dedescendeurs fluviaux avaient surnommé “le plongeoir”.Allez leur faire des checks, surtout tous les dimanches pour le brunch, ils se battent aussi pour nous !

De début juillet à fin août (sauf exceptions)
Scène Ella Fitzgerlad : Les mercredis et vendredi de 20h30 à 22h Les Bains des Paquis : Toute la semaine de 7h à 23h
Les Terrasses : Différents horaires
La Pointe : Tous les jours de 13h à 21h, sauf les week-ends jusqu’à 22h
Porteus : Différents horaires (voir FB)