LES NORMES SOCIÉTALES EN ECHEC

La Bulle Rose de Vanessa Ferreira Vicente et Marie van Berchem ©Giona Mottura

Les échiquiers géants du parc des Bastions font véritablement partie du paysage urbain et culturel genevois. Chaque jour, passionnés et amateurs s’affrontent à coup de pions surdimensionnés, mais force est de constater que ce terrain de jeu est majoritairement occupé par des hommes alors que les femmes et les plus jeunes se divertissent à d’autres endroits du parc. C’est pourquoi, le collectif féministe La Bulle Rose a décidé de changer le jeu, au sens propre comme au sens figuré, en ajoutant aux traditionnels échiquiers un échiquier Yalta aux couleurs pop et acidulées. Un changement radical qui a pour but de questionner la répartition des genres dans les espaces publics mais aussi d’inciter tout un chacun à investir cet espace et à se le réapproprier. 

 

Si vous êtes passés par le parc des Bastions récemment et que vous vous êtes promenés près des grands échiquiers, vous avez alors sûrement remarqué ce drôle de jeu éclatant de couleurs flashy qui s’est invité, sans discrétion, au milieu de ce lieu habituellement immuable. « Tout change constamment, y compris dans le monde des échecs » disait le champion d’échecs Mikhaïl Botvinnik, et il ne croyait pas si bien dire ! Aux Bastions actuellement, les échecs ne se développent plus uniquement autour du principe de binarité puisqu’ils ne se jouent plus à deux mais à trois, et les pions comme le plateau se parent de couleurs vives. Le jeu d’échecs traditionnel s’est drastiquement métamorphosé pour que de nouvelles populations osent investir le lieu et s’y sentir légitime. En repensant le jeu d’échecs, le collectif questionne les normes et les assignations de genre, de classe et de race à la fois présentes dans les échecs et dans la réalité. Quant aux échecs Yalta, il s’agit d’une variante des échecs traditionnels qui se jouent à trois. Ceci dit, pas de panique, le jeu reste pratiquement inchangé et un panneau explicatif clarifie les quelques modifications de règles afin que chacun puisse y jouer. De surcroît, vous pouvez participer activement à ce projet lors de deux ateliers de création de pièces d’échecs qui seront organisés le 3 juillet et le 28 août, de 14h à 16h. Lors de ces ateliers, les participants seront invités à réinventer une ou plusieurs pièces du jeu afin de s’interroger sur les stéréotypes de genre. Ces journées seront alors l’occasion pour tous d’échanger et de réfléchir quant aux normes formatées et imposées par notre société. Attention, le nombre de place étant limité, il est nécessaire de confirmer sa présence en envoyant un mail à l’adresse du collectif : bulleroose@gmail.com.

La Bulle Rose de Vanessa Ferreira Vicente et Marie van Berchem ©Giona Mottura

 

Ce projet est subventionné par la Ville de Genève dans le cadre du plan d’action municipal « Objectifs zéro sexisme dans ma ville », la fondation Emilie Gourd et Vadavi SA.

La Bulle Rose

En 2019, Vanessa Ferreira Vicente et Marie van Berchem lancent la Bulle Rose, un projet artistique féministe et engagé questionnant les diverses représentations des corps et de la sexualité. En engageant des actions créatives dans l’espace public et en créant des installations participatives, la Bulle Rose nous invite à déconstruire les représentations imposées par la société et à créer de nouveaux archétypes divers et inclusifs. Par ailleurs, ce sont elles qui ont créé Vulvita, l’immense vulve confectionnée en velours et en sequins qui a défilé lors de la grève des femmes en 2019.   

 

 

 

La Bulle Rose N° 6 : jeu d’échecs Yalta
Echiquiers du parc des Bastions
Ateliers : 3 juillet & 28 août de 14 à 16h
Instagram : @labulle__rose
Facebook : @labullerosege
Bulleroose@gmail.com
www.geneve.ch/zero-sexisme