UNE VISION PEDAGOGIQUE UNIQUE SOUTENUE PAR DES ARTISTES INTERNATIONAUX
Le Centre des arts de l’Ecole internationale de Genève (ECOLINT)
Musique, théâtre, danse et expositions diverses. La fibre artistique fait partie du quotidien d’Isabelle Muller depuis toujours. Actuellement Directrice du Centre des arts de l’Ecole Internationale de Genève, cette dernière tend à mettre en lumière les valeurs du lieu au sein d’une programmation variée et engagée socialement. Le Centre constitue une véritable plateforme culturelle de transmission et de partage interdisciplinaire à Genève, accessible à une grande diversité des publics. Grâce à sa programmation et au développement de partenariats avec les communautés artistiques locales et internationales, le Centre des arts vient enrichir considérablement les programmes d’enseignement de l’Ecole Internationale de Genève.
Tête à tête avec une tête bien faite: Isabelle Muller.
Pourriez-vous nous présenter votre parcours et nous expliquer comment avez-vous atterri au Centre des arts ?
Cela fait plus de 25 ans que je suis dans le domaine artistique et culturel. À l’origine, j’ai une formation qui n’a rien à voir. J’ai appris le chinois durant mes études de lettres. Toutefois, j’avais déjà un attrait particulier pour l’art. Je faisais de la photographie et de l’histoire de l’art à côté. Très vite tout s’est enchaîné naturellement. Je me suis rapidement retrouvée comme organisatrice de manifestations, et curatrice également. Petit à petit, j’ai monté mon entreprise avec laquelle j’ai pu organiser plusieurs évènements pour la région; je pense notamment aux trois Nouvel An de la ville de Genève, ainsi que des évènements privés en tout genre. J’ai ensuite pris la direction artistique du MAD à Genève pour atterrir au Centre des arts à l’ouverture, en 2014.
Comment est né ce lieu artistique ?
Le Centre des arts est né d’une volonté première de pouvoir accueillir les départements d’art. Avant cette création, il n’y avait pas de bâtiments dédiés à cela à l’Ecole Internationale. Ce projet a pris de nombreuses années et a été dessiné par l’architecte Jean-Michel Wilmotte. Actuellement, nous avons les départements d’arts visuels, de théâtre, de musique et de danse qui ont lieu dans le bâtiment ; et ouvrons aussi notre centre ainsi que ses salles de spectacles au public genevois. Cet endroit représente aussi un lien entre le grand Genève et la Genève internationale.
De quelle manière composez-vous la programmation ?
Le but de ce centre est d’en faire profiter aussi bien les élèves que des personnes extérieures. Très vite, on a dû créer une mission qui n’existait pas encore. Nous nous sommes attardés sur comment mêler les deux univers et créer un impact important. L’Ecole Internationale est une fondation qui porte des valeurs humaines et environnementales très fortes. Le curriculum académique qui est décerné aux élèves reprend toutes ces valeurs. Ils sont les futurs leaders porteurs de notre monde, et nous souhaitons ainsi leur léguer les outils nécessaires pour les conduire vers un monde meilleur. Transmission, esprit critique, ouverture d’esprit, réflexion, sont au cœur de nos démarches. Nous avons réalisé que mêler le professionnel artistique au pédagogique est unique, et représente une valeur ajoutée extraordinaire. Nos élèves sont en permanence en interaction avec les artistes que l’on invite, ils peuvent échanger tous ensemble. Récemment, on a organisé un concert avec le célèbre groupe Amadou et Mariam. Ces deux chanteurs ont pu partager leurs expériences avec les élèves et le staff. Nous faisons aussi intervenir des artistes dans les classes afin qu’ils puissent exposer leur parcours. Parfois, ils interviennent lors d’ateliers collaboratifs. Par exemple, nous travaillons avec un festival de danse par le biais duquel nous organisons des masters classes. Les élèves peuvent bénéficier de la présence du chorégraphe. Dernièrement, nous avons reçu une soliste de République Dominicaine à l’occasion d’un concert au Victoria Hall, qui a donné un master class à deux élèves du Centre. Nous souhaitons renforcer la théorie et la pratique de nos élèves grâce aux divers parcours de ces artistes. La programmation proposée permet le partage de moments privilégiés entre élèves et artistes.
Qu’est-il prévu pour les mois à venir ?
Concernant le mois de janvier et ceux à venir, nous avons programmé une grande exposition avec Noële Baker. Cette dernière a travaillé sur un poirier qui a été découvert après l’effondrement des tours jumelles à New York. Ainsi, elle nous propose toute une installation sur la vie, la renaissance, la résilience à travers cet arbre, symbole d’espoir. En parallèle, Viviane Skynazy nous proposera des sculptures avec son exposition « Les gardiens de nos songes ». Également, on y parle de résilience, de renouveau, de recommencement, de compréhension de cet univers mystique que l’on ne comprend pas toujours. Une représentation des 3 Mousquetaires jouée par l’école moyenne est aussi prévue au Centre des arts. Avec notre expertise, on les aide à monter un véritable spectacle professionnel. On invite vivement la communauté à voir ce que les élèves font.
Avez-vous une prédilection pour la collaboration locale ?
La collaboration locale est très importante. C’est une école internationale, l’ouverture est nécessaire. Il y a des pépites et découvertes artistiques qui se dévoilent chaque année, à Genève. Il faut se lancer et oser, ce n’est pas parce que l’on n’est pas connu que l’on n’a pas sa chance. J’aime me dire que ce centre soit aussi une porte à cela. Je tiens à souligner que nous avons cette volonté d’être ouvert à tous et à toutes. On pousse à aller dans ce sens-là en proposant des événements à thèmes complexes. L’année précédente, nous avons réalisé une grande exposition sur le genre intitulée « What is Gender ».
Pouvez-vous dire que le Centre est socialement engagé ?
J’aime dire que nous composons une programmation socialement engagée en fonction des valeurs de la Fondation. Je pense notamment au développement humain et à l’environnement. Le but est que nos intervenants aient un impact positif et constructif pour nos élèves. Personnellement, je pense que le monde a besoin de ces artistes-là. Chaque année, on détermine un thème global concernant la programmation. Cette année, c’est la citoyenneté mondiale, « Global Citizenship ». On a ainsi choisi des artistes en fonction du programme pédagogique, en collaborant avec les professeurs et les écoles. En ce moment et ce jusqu’à Noël, nous accueillons le dessinateur de presse Hani Abbas. À travers le dessin, l’artiste évoque avec les classes de l’école moyenne et secondaire des sujets fondamentaux qui peuvent être incompris. Le résultat est assez impressionnant. Les enfants deviennent eux-mêmes activistes engagés dans ces moments-là.
Ancienne directrice artistique du MAD Genève, vous avez gardé certains vestiges…
Oui forcément, ce sont des années d’expériences supplémentaires. C’est tout de même complétement différent et beaucoup plus alternatif. C’était un univers plus « grunge » au MAD Genève. Cependant, on était déjà dans quelque chose de pluriculturel. On faisait une programmation artistique ainsi que proposions des cours, du cinéma, des activités diverses en journée. Lorsque l’aventure du MAD Genève s’est arrêtée, l’opportunité de travailler au Centre des arts s’est ouverte à moi.