L’ART CONTRE L’OCCUPATION

Khaled Jarrar devant son Mask

Parmi la myriade d’expositions à ne pas manquer cette rentrée, on ne pouvait pas passer à côté de l’exposition personnelle de l’artiste palestinien Khaled Jarrar qui se tient jusqu’à début novembre dans les locaux de la galerie Wilde. Mêlant subtilement différents médiums, dont la sculpture, la photographie, la vidéo, l’installation et la performance, l’artiste développe un discours percutant et engagé qui explore le concept d’esthétique de l’occupation au sens large. Une expérience transformative qui invite le public à réfléchir sur les différentes formes de tensions qui rythment nos sociétés modernes. Une présentation incisive et monumentale à découvrir sans plus tarder à la galerie Wilde. 

 

Il y a des expositions qui vous prennent au corps. All The Wounds to Close fait assurément partie de celles-ci. Par sa pratique artistique, Khaled Jarrar dénonce la situation conflictuelle en Palestine occupée avec justesse et force. Ses œuvres, à la fois oniriques et dramatiques, invitent le public à réfléchir sur l’inexorable condition des populations locales qui subissent les conséquences de cette occupation féroce et vivent dans une forme d’angoisse et de frustration quotidienne. Son installation monumentale « One Thousand One Tins », fabriquée à partir de bidons d’huile vides imprimés avec l’autoportrait de l’artiste, se dresse dans la galerie à la manière d’un château fort entouré de vastes murailles, comme pour signifier l’isolement que subissent les populations qui vivent dans ces territoires militarisés. La série d’œuvres sculpturales créées à partir de pièces israéliennes (l’Agora) et reprenant les formes des tenues de Raqs Sharqi, qui est la danse orientale, dénonce avec une beauté assourdissante l’asservissement économique et historique des populations palestiniennes. L’exposition inclut également plusieurs peintures vigoureuses ainsi que des photographies tirées de la série « Passage » qui documente la migration des réfugiés. Une exposition coup de poing qui est assurément notre coup de cœur du mois. 

Socks, 2023 Socks, custom with Agorot 59,5 x 44,5 cm

Khaled Jarrar est né en 1976 à Jénine, en Palestine occupée. Après avoir étudié le design d’intérieur à l’Université Polytechnique de Palestine, il travaille clandestinement comme menuisier à Nazareth. À l’âge de vingt-deux ans, il entreprend une formation militaire intensive et intègre la Garde présidentielle de l’Autorité palestinienne. Il a été le garde du corps personnel de Yasser Arafat jusqu’à la mort de ce dernier en 2004. L’année suivante, il commence la photographie et par la suite, il poursuit des études à l’Académie internationale des arts de Palestine à Ramallah, d’où il sort diplômé en 2011. Plus récemment, il a complété sa formation artistique avec une Maîtrise en beaux-arts de l’Université d’Arizona en 2019. Sa pratique multidisciplinaire allie vidéo, installation, sculpture et peinture.

One Thousand and One Tins, 2023 1001 printed tins – Installation 35 x 23,5 x 23,5 cm

 

Khaled Jarrar – ALL THE WOUNDS TO CLOSE

Jusqu’au 2 novembre 2023
Wilde Gallery
Rue du Vieux-Billard 24, 1205 Genève
www.wildegallery.ch