La Villa La Coste : soif de sensations

Las des plages et leurs palmiers, en quête d’un nouveau tropisme, exit les îles désertes, on a trouvé un nouvel eldorado estival pour bronzer au soleil des œuvres, à l’ombre d’un musée à ciel ouvert où flâner en plein air: la Villa La Coste. Sur le domaine du Château éponyme, à moins de 400 km au nord d’Aix-en-Provence, entre vignes et forêts se disputent 450 hectares de verdure provençale servant d’écrin somptueux à une nuée d’œuvres de stars de l’art contemporain et à une cascade de prix Pritzker. On peut y laisser bercer ses yeux sur les bâtisses signées Tadao Ando, Renzo Piano, Frank Gehry ou encore Jean Nouvel, sans oublier l’araignée de Louise Bourgeois, un mobile géant d’Alexander Calder ou une installation de Kengo Kuma. Ici les beaux jours se savourent verre de vin à la main, sur une lande au biotope idéal où la sérénité échappe au temps, où l’évasion prend esprit et corps. Le ciel devient plafond, la terre plancher et les murs formés par l’écran des vignes transcendent les cimaises en ligne d’horizon. L’expérience ne serait ultime sans résider à l’hôtel-spa cinq étoiles du château, où l’art poursuit sa quête holistique et se niche à chaque coin de couloir. Le paradis artistique et gastronomique tel qu’on l’avait fantasmé par pub interposée. Immersion polysensorielle.

Art, nature et vigne

Loin des murs des musées urbains existe en France une terre d’évasion pour tout amateur d’art: la Villa La Coste. Là, règne une paix insouciante. La vie s’y écoule, douce et tranquille, entre promenades dans les vignobles, siestes improvisés et douceur de vivre provençale. On y découvre un musée extérieur voué à l’art contempo- rain et l’architecture alignant un patrimoine d’œuvres, pensées de manière symbiotique pour épouser le site et tous ses éléments. Du jamais vu dans l’Hexagone! Tout ici est pointu, arty, unique. L’art prend des allures de fairy tale: Sophie Calle dialogue avec Ai Wei Wei, Tadao Ando y côtoie Jean-Michel Othoniel! Le reste des œuvres – jouant à cache-cache entre les arbres – fait pâlir tous les adeptes de sculptures et installations, signées par les plus grands maîtres contemporains du genre. Ce projet exclusif en Europe provient d’un homme d’affaires irlandais: Patrick McKillen, dit « Paddy ». Ce sexagénaire plus discret qu’un agent secret possède déjà plusieurs hôtels prestigieux en Irlande et en Angleterre (avec notamment le Connaught et le Claridge à Londres). Ce projet, véritable laboratoire grandeur nature dans le sud de la France, il le doit à sa sœur Mara, installée là de- puis plus de vingt ans. Elle lui donnera envie d’acquérir en 2002 ce terroir d’exception au domaine viticole dont les origines remontent au XVIIIe siècle. Il choisira d’en faire un lieu inouï doté d’une viticulture en biodynamie (en AOC côteaux d’Aix, labellisé agriculture biologique depuis 2009) et où pousseraient de manière éparse au beau milieu des cyprès, ceps, pins et chênes verts, des oeuvres de célèbres artistes et architectes.

Amour du partage

Tout débute avec Jean Nouvel. En 2006, le star-chitecte français imagine pour Paddy un nouveau chai: deux demi-cercles minimalistes en aluminium devenant ra- pidement la signature artistique du lieu. De l’arrivée du raisin à la mise en carton des précieux flacons, toute la chaîne de fabrication est visible. L’impulsion est donnée! Succéderont le centre d’art signé du génial architecte japonais Tadao Ando, pape de l’épure béton, capable de transcender toute forme en ode dédiée à l’introspection et à la méditation. Comme à son ordinaire, ici il joue avec les éléments, le dépouillement et le spectaculaire. Puis s’ajouteront l’araignée géante de Louise Bourgeois aka Maman baignée dans son miroir d’eau et un pa- villon pour la photographie réalisé par Renzo Piano, semi-enterré et enveloppé d’une voile reprenant le tracé graphique des plans de vigne. Puis suivront une tren- taine d’artistes et architectes qui choisiront tous le lieu avec une carte blanche pour imaginer et installer leur création originale. Le parcours se déroule sur un sentier à ciel ouvert autour d’une promenade de deux heures. On enterre ses confessions dans la tombe à secrets de Sophie Calle, on se retrouve au coeur d’un nid d’oiseau géant, vertigineux refuge d’Andy Goldsworthy. L’été, on assiste à un concert à la belle étoile dans le kiosque à musique conçu par Frank Gehry ou on profite des expos temporaires investies par des pointures au centre d’art signé Tadao Ando ou dans la galerie conçue par Jean-Michel Wilmotte.

Restaurant Le Louison

Le SPA

Havre de 28 villa-suites

Cette retraite d’esthètes se complète parfaitement avec un séjour dans une des 28 villas-suites (dont certaines avec piscine privée) taillées à flanc de coteaux, assurant un point de vue unique sur le domaine ainsi qu’une certaine intimité aux convives de l’hôtel. Contrairement au pavillon d’accueil du château et au chai qui affichent un parti pris architectural innovant, la Villa La Coste fait plutôt le lien avec la tradition des constructions provençales en privilégiant notamment la pierre sèche pour la couverture extérieure. Lignes modernes et in- timistes et toits plats végétalisés se fondent en osmose dans l’environnement. Dès l’entrée, le ton est donné : la bibliothèque est dotée d’une nuée de beaux livres sur le design l’art et l’architecture, on y repère des toiles de Damien Hirst et de Sean Scully, des lithographies de Louise Bourgeois; côté mobilier ce sera des luminaires Serge Mouille, une table au kilomètre siglé Jean Nouvel, un bureau Prouvé, un canapé George Nelson, un buffet Maurizio Cattelan! Les chambres immenses – la plus petite mesure 65 m2 – de blanc immaculé, sont toutes dotées de grandes verrières d’atelier et un mobilier de style industriel qui se marie au bois blond, mélange subtil que l’on retrouve au spa imaginé par l’architecte hongkongais André Fu (AFSO). Dans les salles de bains, vasques en marbre et sol en terrazzo.

Chambre intérieur de La Villa La Coste

Côté restauration, pas moins de cinq restaurants se fondent entre l’hôtel et le domaine. Et ce qu’on retient avant tout c’est la notion d’hospitalité qui ici revêt quelque chose sans commune mesure avec ce que propose d’ordinaire un établissement hôtelier siglé 5 étoiles. Elle se trouve consolidée par le sentiment de se trouver à la fois dans une villa privée, un repaire d’initiés et un club secret. On peut passer deux heures, quatre heures, une journée, une nuit dans le domaine… et jamais ne se lasser. Une destination en soi, un lieu comme une parenthèse où l’art devient une allure, ac- cessible et intimidante, comme si toutes les frontières entre l’œuvre, l’intellect et le charnel finissaient enfin par s’abolir, devenant communion.

Hall d’entrée de La Villa La Coste

 

Le Château & la Villa La Coste
Le Centre d’art & La Promenade art & architecture
2750 Route De La Cride, 13610 Le Puy-Sainte-Réparade

www.villalacoste.com
https://chateau-la-coste.com