La Matrice Festival, avant tout une communauté

A défaut de l’avoir vécu, les images des soirées underground aux débuts du hip-hop témoignent de la passion caractéristique de cette époque. Des rythmes Boom-Bap au Dirty South en passant par le G-Funk, du freestyle aux battles, ces scènes reflètent une énergie indomptable. C’est sans doute ce qui a inspiré la naissance de La Matrice Festival, un événement hip-hop alternatif qui animera Lausanne du 15 au 17 septembre, sur l’Esplanade de la Cathédrale, mappé pour la première fois. Dans cette optique, Omar nous entraîne au cœur de ce monde fascinant.

Pouvez-vous présenter la Matrice Festival à nos lecteurs ?
Avant d’être un festival à part entière, La Matrice était d’abord une marque de vêtements lausannoise, créée par un groupe d’amis partageant une même « matrice » d’inspiration. En 2019, une association à but non lucratif a vu le jour. Après le succès d’une soirée et la réponse enthousiaste du public, l’idée de La Matrice Festival a émergé, avec pour objectif de rassembler cette communauté dans un espace sécurisé et accessible, basé sur le concept de contribution libre. Notre programmation met en avant les nouveaux styles et artistes du rap et du hip-hop underground, en accord avec notre public cible. Cette année encore, l’événement prendra place sur l’Esplanade de la Cathédrale à Lausanne.

Qu’est-ce qui vous démarque des autres festivals ?
Ce qui nous distingue, c’est notre communauté hyper engagée. Bien que nous soyons encore un petit festival, notre public est fidèle et participe activement au succès du festival, et à notre évolution. Notre lien avec l’audience est si fort, que notre public participe chaque année à l’établissement de notre programmation. Nous avons aussi une identité bien marquée et nous accordons une grande importance au design et à l’esthétique visuelle de nos affiches et de nos scènes. À noter que nous sommes la première association à avoir la possibilité de projeter sur la cathédrale.

Quels sont les nouveautés cette 4ème édition ?
Nous sommes fiers d’avoir rallongé la durée du festival d’une journée, témoignant de l’engagement de notre public et de la confiance de la ville. En plus de notre programmation musicale alternative, il y aura des battles de danse (ajouter noms) et une scène secrète, réservée exclusivement aux âmes les plus aventureuses et curieuses. Cependant, en raison d’une contrainte organisationnelle avec la ville, nous avons dû proposer une soirée payante. Ainsi, pour compenser, nous avons prévu une soirée exclusivement consacrée aux concerts à partir de 22h.

Vous définissez votre public comme « fan de musique underground », qu’est ce que cela signifie pour vous ?
Notre public, âgé de 16 à 23 ans, est principalement composé de jeunes. Le terme « musique underground » englobe, selon moi, le rap new wave, l’hyper pop et le jersey, un sous-genre de Chicago caractérisé par un tempo très élevé, un rythme rapide et un style de livraison parfois non conventionnel.

Mais alors, à quel moment un artiste cesse-t-il d’être underground ?
C’est une question délicate… Je me baserais sur le moment où un artiste a son propre « type beat » sur YouTube, c’est-à-dire quand d’autres artistes cherchent à reproduire les codes musicaux d’une chanson à succès. C’est à ce moment-là, selon moi, qu’un artiste cesse d’être underground.

Quel est le public de La Matrice festival, que vous aimeriez convaincre ? et comment ?
Je pense que convaincre les personnes âgées de 25 à 35 ans peut être un défi… Le style musical que nous proposons ne leur correspond pas nécessairement. Cependant, nous ne nous laissons pas décourager et nous lançons une série sur Instagram visant à présenter les artistes de La Matrice. Cela nous permettra de faire découvrir notre univers et, qui sait, peut-être de conquérir cette tranche d’âge.

Votre vision est de devenir un festival international, n’avez-vous pas peur de devenir un Festival mainstream ?
C’est une préoccupation légitime, et il est vrai que chaque année, nous incluons une soirée un peu plus « conventionnelle », par exemple en introduisant de l’afro pour attirer un nouveau public et potentiellement le fidéliser. Même si la part underground restera toujours présente dans notre programmation, il est inévitable que des artistes plus mainstream soient également présents.

A quel artiste mainstream pensez-vous ?
C’est difficile… Je suis un grand mélomane. En tête de liste, je dirais JUL, Drake et El Grande Toto, en raison de mes origines marocaines.

 

Informations pratiques :

La Matrice Festival
15 au 17 septembre

Esplanade de la Cathédrale
Pl. de la Cathédrale 1, 1005 Lausanne
https://www.lamatricefestival.ch/