La culture en résistance

S’il y a un projet qui prouve que la culture ne se laissera jamais confiner c’est bien celui des Bains des Pâquis! Le légendaire îlot genevois a su surfer sur la vague du web durant le confinement avec une initiative vive d’esprit baptisée, les Bains en résistance. Cascade de concerts panachés, de quoi s’entrainer confiné avec un cours de natation sur tabouret, apéros philo et rendez-vous poétique…le tout en plein air et avec la rade en toile de fond, de quoi nous transporter hors de nos cloitres désolés. Ces deux derniers mois, ce haut lieu de la culture genevoise, nous en a mis plein les yeux. Beach break avec l’initiateur de ce projet hardi: le président de l’association d’Usagers des Bains des Pâquis (AUBP): le chaleureux et généreux Frédéric Favre.

Comment avez-vous atterri aux Bains des Pâquis?

J’ai grandi dans le Valais mais je suis Tessinois d’origine et je suis arrivé à Genève il y a une vingtaine d’années pour mes études. Très vite ce qui m’as séduit dans la cité de Calvin, c’est sa vie associative. Je suis arrivé au crépuscule des squatts avec une vie créative et effervescente. Je suis ainsi tombé amoureux de cet univers culturel et alternatif. Je me suis très vite impliqué avec la Garden party. Je jonglais avec ma vie estudiantine et le festival qui avait lieu au mois de mai pour lequel j’investissais le plus clair de mon temps au lieu de plancher sur mes cours (rires). De fil en aiguille, je suis devenu coursier à vélo, ce qui m’a permis d’intégrer davantage les milieux alternatifs. Puis, j’ai crée une association « Roue libre ». On a commencé à organiser des évènements un peu décalés avec des vélos sur la jetée des Bains des Pâquis. C’est comme ça que j’ai eu mon ticket d’entrée pour intégrer le comité de l’association. Cette activité coule de source pour moi car j’aime beaucoup l’eau, nager et m’y ressourcer. 

D’ailleurs, à la fin de mes études, je suis devenu professeur de philosophie. Pendant dix ans, j’ai enseigné au collège et j’avais pour habitude de corriger les copies d’épreuves aux Bains des Pâquis car je m’y sentais extrêmement bien en observant l’horizon lointain. 

 

Durant le confinement, vous avez initié le projet les Bains en résistance. Pourriez-vous nous en dire davantage?

Les Bains en résistance répondent à une tentative de continuer à exister de manière sociale et culturelle et de maintenir le lien avec nos usagers, malgré la crise. Lorsqu’on a dû fermer et que toutes nos activités ont été bloquées, on a pris la décision de geler nos comptes, remercier nos bénévoles et mettre nos employés au chômage. On ne pouvait plus rien faire. On a donc décidé de créer un groupe transversal où n’importe qui peut participer sous réserve d’un projet intéressant. Cela nous permet de poursuivre des activités culturelles, sportives et sociales aux Bains. Le groupe et les idées sont ouvertes, comme une cellule de crise, complètement perméable. Ainsi, quiconque peut soumettre des initiatives, des envies. C’est une invitation à toute la population. On se réunit une fois par semaine et on discute des différents projets. Cela s’apparente à une main tendue: n’importe quel usager fait partie de la famille des Bains et chaque proposition est écoutée. Au départ, on filmait avec les moyens du bord et Jeff Vercasson, un ami réalisateur indépendant, nous a contacté pour nous féliciter mais également pour nous dire que c’était moche (rires)! Il a de suite intégré l’équipe pour chapeauter l’aspect audio-visuel du projet. 

Frédéric Favre devant le drapeau réalisé par l’artiste Baptiste Lefebvre

 

Est-ce que les artistes sont rémunérés?

On a monté une billetterie en ligne, sur laquelle chacun peut verser ce qu’il veut. Ainsi cela permet de verser un petit cachet pour les artistes.

 

Que nous concoctez-vous pour les semaines à venir ?

On programme une séquence de sport le jeudi de l’ascension puisque c’est férié puis le vendredi 22 mai au soir, on propose une belle collaboration avec Bongo Joe Records un label Genevois qui s’exporte de plus en plus sur la scène européenne. Ils ont un de leur groupe – L’Eclair – qui est composé de six jeunes très talentueux. Ils avaient un vernissage d’album prévu mais avec le COVID19, il a été annulé. On a décidé de le faire aux Bains, chez nous, il y aura un invité: Cyril Cyril, l’un des fondateurs du label-même. Pour la première fois, on aura deux groupes qui vont se succéder. C’est un peu un challenge technique parce que cela veut dire qu’il y aura changement de scène, c’est plus compliqué au niveau logistique sur un live, donc cela nous demande plus de préparation mais on est à fond et ça va être cool. Tous les samedi, on propose un rendez-vous poésie à 11h. Un vendredi sur deux vu que le temps nous taquine souvent on a un concert ainsi que du sport et du yoga régulièrement. On organise également des apéros philo: ici un(e) philosophe vient parler de sa réflexion sur le monde en direct. Il s’agit d’un débat ouvert car les internautes sur Facebook peuvent poser des questions. Le prochain aura lieu le 27 mai avec Marie-Claude Sawerschel ex-bras droit de la directrice du DIP (Département de l’Instruction Publique). Elle viendra nous parler de la philosophie sous le temps du COVID.

 

A quand la réouverture des Bains ?

On essaie de planifier une ouverture aussi vite que possible mais aussi lentement que nécessaire en respectant bien évidemment les directives sanitaires des autorités. On prévoit une ouverture pour le 8 juin. On verra comment évolue la pandémie mais c’est l’objectif que l’on vise avec des limites et des craintes. On met tout en œuvre pour rouvrir cet été. Il y aura une limite de mille personnes présentes en même temps, et on craint un peu peur les files d’attentes. Mais on s’attend à ce que les gens soient civiques et qu’ils laissent leur place après un certain temps passé dans l’enceinte des lieux. On reste en constante recherche de solutions.

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