La Casa TO : oasis organique

Figurez-vous un hôtel, sur la côte Pacifique du Mexique, baigné dans un oasis de verdure. Partout, le bruit de l’eau qui s’écoule lentement, comme coupé du monde dans une bulle où l’extérieur et l’intérieur se mêlent avec grâce. Vous-y-êtes ? Car ce rêve est une réalité, un projet de l’architecte Ludwig Godefroy baptisé la Casa TO. Etrange cathédrale de béton inspirée de l’ancienne architecture locale, l’hôtel qui abrite neuf chambres est une pépite tout simplement hors du commun. Le choix des matériaux employés, des formes apposées dans l’espace, du système de circulation dans les lieux, font de la Casa TO un bâtiment à part entière nous entraînant vers le futur, mais trouvant ses sources et inspirations dans les merveilles d’ingénierie du passé. Un espace pensé dans ses moindres détails, des arbres chargés de fruits aux meubles créés par des artisans locaux. Bien plus qu’un hôtel, c’est une brèche dans la réalité que semble avoir créé Ludwig Godefroy.

Paradis perdu

Dans la région de Oaxaca, sur la zone côtière de La Punta Zicatela, se trouve un lieu hors du commun. La villa TO, prenant la fonction d’un hôtel confidentiel accueillant neuf chambres seulement, est un petit paradis perdu au milieu de la jungle, à quelques pas de l’océan Pacifique. Imaginée comme une retraite sereine par l’architecte d’origine mexicaine mais né sur le sol français Ludwig Godefroy, la Casa TO a été pensée comme un oasis de verdure et de sérénité, devenant rapidement un lieu de visite incontournable pour les nomades modernes en quête d’évasion luxueuse. Sa situation géographique inspire alors l’architecte dans la conception des lieux, piochant ses idées dans les temples d’Oaxaca, mais s’inscrivant également dans la démarche de la région encore préservée et dont la communauté de Zicatela est reconnue pour ses prouesses en matière de mode de vie écologique. Les surfeurs trouvent ici un petit coin de paradis en arpentant des plages désertes, également appréciées par les nomades en quête d’isolement pour pratiquer la méditation. Mais en réalité une importante partie des invités de l’hôtel y séjournent dans l’objectif de participer à la préservation des tortues de mer dans les sanctuaires locaux créés pour leur sauvegarde. Un lieu qui en dit déjà long sur l’histoire de la Casa TO. 

La Cada TO- Ludwig Godefroy, ©Jaime Navarro

L’architecture consciente 

Situé dans un région géographique où la préservation de l’environnement est capitale pour la communauté, le projet architectural de Ludwig Godefroy se devait de répondre à ces valeurs. Tout commence par une intégration dans le paysage respectueuse de l’environnement, et se poursuit par l’introduction d’éléments venant réduire l’impact de l’hôtel au niveau local, mais aussi au niveau planétaire avec une gestion plus durable. « Chez Casa TO, la conscience et la durabilité sont considérées comme des aspects fondamentaux de la vie de luxe aujourd’hui, et s’expriment dans son engagement à réduire son impact environnemental avec des actions telles que la mise en place d’une station d’épuration pour réutiliser les eaux usées pour les zones plantées ; des panneaux solaires pour stocker l’énergie ; et une politique zéro plastique » confie l’architecte. Un engagement qui va de paire avec la volonté de valoriser la région et ses acteurs. En effet, les lieux sont meublés avec du mobilier imaginé par des charpentiers venant des régions de Puebla, Guadalajara et Oaxaca. Des pièces organiques et uniques venant s’intégrer à la perfection à l’architecture à la fois dépouillée et sculpturale des lieux. De plus, chaque meuble et objet de l’hôtel est à vendre. L’objectif ? Valoriser le travail des artisans locaux dans une démarche de commerce équitable. Dans la Casa TO nous retrouvons par exemple les créations de Tiago Solís Van Beuren apportant un fort caractère et jouant sur le travail des textures, mais aussi les créations de bien d’autres créateurs et artistes actifs sur ce territoire. 

La Cada TO- Ludwig Godefroy, ©Jaime Navarro

Architecture sculpturale 

Pour créer ce lieu résolument unique, l’architecte Ludwig Godefroy a cherché son inspiration dans les merveilles d’ingénierie du passé. Plaçant son édifice dans la région de la Punta Zicatela, il décide alors de reproduire, à sa façon, dans un style contemporain, l’un des temples de Oaxaca. Une première source qui vient ensuite se mêler à deux créations : la Citerne Basilique ou Yerebatan Sarayi d’Istanbul, datant du 6ème siècle, et le Hornsey Wood Reservoir à Finsbury Park, Londres, construit durant le 19ème siècle. Des ouvrages hydrauliques dont la fonction égale l’esthétique, et qui correspondent parfaitement à la Casa TO où l’eau tient une place de choix. En effet, tout autour de l’hôtel, elle est le fil conducteur à travers le biais de la piscine à débordement aux murs rectilignes, rappelant le travail du Corbusier. Tout autour de ce cours d’eau artificiel, le béton brut est le matériau de choix. Ludwig Godefroy l’utilise alors comme un céramiste utiliserait la terre pour modeler la villa, lui conférant un caractère brut et naturel intemporel. Dans le béton, des formes géométriques sont taillées, le solarium se fait voûte contemporaine tandis que des passages circulaires ouvrent l’espace de manière originale. Le béton sculptural se voit ici mêlé à d’autres matériaux naturels prédominants, notamment l’acier, le bois et l’argile. Dialoguant les uns entre les autres, ils viennent créer un sentiment organique omniprésent dans la Casa TO, encore un peu plus renforcé par la dominance de la végétation présente en masse dans l’espace. Des choix de matériaux qui lui permettent ainsi de jouer avec la texture, et de conférer à l’espace un caractère à la fois épuré, recherché, et résolument inscrit dans les codes de l’architecture contemporaine. Une villa qui se visite à la manière d’un musée, chaque espace, chaque détail, se faisant pépite à part entière, tout en incarnant un modèle de durabilité. 

La Cada TO- Ludwig Godefroy, ©Jaime Navarro

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