KUNST & KLUBS ENTRETIEN AVEC NORBERT BISKY

Norbert Bisky, Peyote, 2020, huile sur toile, 200 x 150 cm. Courtesy Galerie Templon, Paris – Bruxelles © Adagp, Paris, 2020.

Figure emblématique de la scène artistique contemporaine, l’artiste allemand Norbert Bisky présente actuellement ses dernières créations à la Galerie Templon à Paris. L’exposition Desmadre Berlin met à l’honneur le monde de la nuit berlinois avec des œuvres dynamiques et hautes en couleurs qui dépeignent la jeunesse alternative enivrée par la danse et la fête. En cette période de fin de confinement, Norbert Bisky nous a accordé un entretien par mail, l’occasion d’en savoir un peu plus sur le travail actuel de l’artiste. 

La situation actuelle a-t-elle des répercussions sur votre production et votre art ? Est-ce plutôt une période d’expérimentation artistique ou l’inverse ? 

Bien sûr que ces temps exceptionnels affectent mon travail. À l’intérieur de mon studio l’atmosphère reste la même mais les bruits de la ville me manquent. Ces jours, les fins d’après-midi sont horriblement silencieuses. Mon studio se trouve dans une des parties les plus vibrantes de la ville juste à côté du Berghain, maintenant j’ai plutôt l’impression de peindre dans un studio reculé à la campagne. Néanmoins, je continue de peindre tous les jours, les sujets restent les même – la beauté de la vie urbaine moderne – mais à présent je dois tout mémoriser. 

 

L’exposition actuelle à la Galerie Templon n’était accessible que de manière virtuelle en raison de l’épidémie. Que pensez-vous de ces nouveaux moyens virtuels pour rendre l’art accessible ? Pensez-vous qu’ils amorcent un changement dans la manière dont les œuvres seront exposées ? 

Qui sait ? La beauté d’une installation in situ est une expérience que les images digitales ne peuvent pas transmettre, mais chaque avancée qui rend l’art plus accessible est une bonne avancée, tant qu’on ne finit pas à produire des œuvres seulement pour plaire sur Instagram… 

Norbert Bisky, Hyperarousal, 2020, huile sur toile, 100 x 80 cm. Courtesy Galerie Templon, Paris – Bruxelles © Adagp, Paris, 2020.

 

Pourriez-vous nous éclairer sur le titre de votre exposition à la Galerie Templon ?

Berlin est connu pour sa fameuse vie nocturne libérée. Chaque week-end, des milliers de touristes envahissent la ville pour y faire la fête et parmi eux se trouvent de nombreux hispanophones. Desmadre signifie : « maman n’est pas là », mais cette expression a de nombreuses connotations : « wild party, total chaos, super fun, filthy dirt ». J’aime bien ces différents niveaux de signification, ils s’accordent bien avec mon travail. 

 

Vos dernières œuvres rendent hommage à la vie nocturne berlinoise. Fréquentez-vous encore les clubs ? Quel regard portez-vous sur leur évolution ?

Oui, bien sûr j’adore sortir ! Dans le coin, il y a la plupart des grands clubs et espaces alternatifs comme about blank, Watergate, Suicide club et surtout le Berghain. Je me réjouis qu’ils réouvrent tous dans les meilleures conditions possibles. 

Norbert Bisky, Lab, 2020, huile sur toile, 130 x 130. Courtesy Galerie Templon, Paris – Bruxelles © Adagp, Paris, 2020.

Vous avez fait entrer votre art dans les clubs et les clubs dans votre art. Cette association vous tient-elle à cœur ? 

J’ai grandi dans l’Empire Soviétique de la fin des années 80 avec toutes ses restrictions. Une fois que le mur est tombé, les clubs de musique, les espaces d’art et les projets de rue ont commencé à émerger partout à Berlin. Je suis totalement tombé amoureux de cet esprit libre et j’ai décidé de devenir artiste, donc pour moi les deux sont liés. Les clubs et la scène artistique ont beaucoup en commun, les deux ont besoin d’une société libre, tolérante et espiègle. Tout cela est sensible et fragile, gardons-le précieusement. Après tout, qui pourrait vivre sans art et sans musique ?

Norbert Bisky, Desmadre Berlin

Jusqu’au 23 mai 2020 

Galerie Templon

28 Rue du Grenier Saint-Lazare

75003 Paris

www.templon.com