Kiki Smith, la lumière onirique

Kiki Smith, Oak Leaves IV, 2018, bronze © Kiki Smith, courtesy Pace Gallery
Entre énigme et onirisme, l’artiste Kiki Smith ne cesse d’interroger et d’intriguer. Reconnue dans le monde entier pour ses oeuvres aux symbolismes fascinants et son travail des artefacts du passé, l’artiste américaine vient accrocher ses oeuvres cet automne aux murs de la galerie Pace qui accueillera l’exposition Light. Jouant de la culture visuelle du passé et de ses symboliques, la créatrice pluridisciplinaire se consacre ici à la lumière et à son travail, mais par-dessus tout à ses significations. Lumière sur une énigme de l’art contemporain.
C’est une artiste énigmatique, vénérée mais qui semble ne jamais dévoiler ses mystères. Kiki Smith revient à Genève 30 ans après son exposition au Centre d’Art Contemporain, s’installant cet automne à la galerie Pace. Figure majeure du monde de l’art contemporain, elle fut l’objet de nombreuses expositions dans des galeries mais aussi des musées du monde entier, faisant voyager ses compositions chargées d’idées novatrices et d’un onirisme décadent. Curieuse d’un monde appartenant au passé, de ses artefacts et de ses mythes, l’artiste s’emploie à communiquer à travers ses créations la condition humaine, usant des significations et des symboles visuels pour faire vivre son message. À travers Light, Kiki Smith nous transporte dans le monde étrange et fascinant de la lumière, se focalisant sur les significations à la fois symboliques et littérales de cette matière insaisissable. Artiste pluridisciplinaire par excellence, elle apprend tout d’abord la sculpture auprès de son père Tony Smith, avant d’entrer à la Hartford Art School qu’elle quitte rapidement. Elle intégrera alors le collectif de Collaborative Projects à New York, refusant le système commercial de l’art des galeries pour préférer un art communautaire, accessible, et ancré dans une réalité plus terre à terre.

Kiki Smith, Sungrazer VI, 2019, bronze © Kiki Smith, courtesy Pace Gallery
Durant cette période elle découvre la gravure, aujourd’hui un des médiums principaux de sa pratique. La technique de l’impression cyanotype est largement représentée dans l’exposition, une pratique reposant sur le travail de la lumière qui vient marquer les feuilles de papier sur lesquelles sont déposées des plaques de plexiglass gravées. Mais Light ne se contente pas de présenter des oeuvres de cette la série « light of the world » réalisée en 2017 qui vient étudier à la fois l’esthétique et la mécanique de la lumière. Sur les murs de la galerie s’intercalent tapisseries, estampes, sculptures et gravures, mais aussi travaux sur papier, réalisés entre 1997 et 2019, partageant la lumière et ses mystères comme point d’union. Expérimentant avec divers procédés et matériaux, Kiki Smith s’attèle par-dessus tout à placer les éléments de la nature sur un pied d’égalité. Végétaux, animaux, et êtres humains animant ses créations nous donnent une leçon de démocratie d’un esthétisme sans pareil. Des délicates feuilles de chêne en bronze de son oeuvre Oak Leaves IV (2018) à Earth (2018), une monumentale série de tapisseries, la rêveuse Kiki Smith nous ouvre les yeux sur un monde qui nous entoure mais que nous ne voyons pas. Un monde diversifié, égalitaire, qui ne demande qu’à être compris.
Kiki Smith, « Light », du 9 septembre au 31 octobre 2020, Galerie Pace, 15-17 Quai des Bergues, 1201 Genève, www.pacegallery.com/galleries/geneva/
