Échappée graphique

Le Montesol est un hôtel qui fait partie intégrante de l’histoire d’Ibiza. Un lieu mythique, bâti dans les années 1930, devenant repère des hippies dans la décennie 70’s, sa terrasse depuis devenue un incontournable de l’île. Cette année, après avoir été acquis par le groupe Experimental, la bâtisse légendaire faisait peau neuve sous la direction de Dorothée Meilichzon. Véritable héritage architectural, classé d’intérêt culturel par l’UNESCO, l’hôtel se pare aujourd’hui d’une esthétique colorée et ludique, où l’art et l’artisanat locaux ont la part belle. Une modernisation quelque peu excentrique qui vient transporter le visiteur dans un espace hors du temps, rappelant sans mal la maison d’un collectionneur aux goûts éclectiques. Quelques mois après la réouverture du Montesol, nous avons rencontré la designer Dorothée Meilichzon qui a conçu ce projet comme un hommage à Ibiza et son passé. Fragments choisis. 

Comment avez-vous envisagé ce projet dans un lieu si marqué par son héritage architectural, mais aussi par son histoire sur cette île ?
De l’architecture nous n’avons repris que le blanc et le jaune pâle mais par contre nous avons repris toute la symbolique de ce lieu. L’hôtel Montesol fait partie de l’histoire d’Ibiza, c’était la terrasse cool du centre-ville, il y a d’ailleurs une affiche très connue du Pacha de 1976 avec des hippies aux fenêtres, une affiche qui a été ensuite reprise plusieurs fois à travers les années. C’est de cela dont nous avions envie de parler, davantage que de l’architecture coloniale du bâtiment.

Le décor de l’hôtel réserve une place de choix à l’artisanat et l’art local, mais aussi à la culture des Baléares, le style de vie que l’on retrouve sur l’île. C’est un véritable mélange que l’on observe. Comment avez-vous conçu cet espace et son esthétique ?
En fait, le décor est un hommage à Ibiza, sa liberté, son audace. S’il y a un hôtel à Ibiza, pour moi il devait ressembler à cela. Un peu bohème, un peu espagnol mais pas que, un peu indien aussi, un endroit des Baléares, mais surtout un endroit libre, créatif et qui ne ressemble à aucun autre. Et le soleil bien sûr, le soleil. Pour la bohème, des formes très libres, organiques, beaucoup de mélange de tissus, de motifs. Pour l’Inde, l’Ayurveda, dont nous avons repris le principe de couleurs. Pour les Baléares, l’artisanat minorquin nous a permis de fabriquer quelques-unes des pièces dans les Baléares. Nous avons également travaillé avec une artiste de Majorca qui a réalisé les masques dans les chambres, Anna-Alexandra. Le soleil est un vrai sujet à Ibiza, au moment du sunset on remercie le soleil de nous avoir éclairés et réchauffés. C’est presque un moment de communion. Et bien sûr quand le soleil se couche et que la lune apparaît c’est l’annonce de la nuit, un grand sujet aussi à Ibiza.
Alors on a joué avec ça, la lune et le soleil se court après. La lune est dans les ouvertures des salles de bain, dans les chaises, le soleil est cousu sur les coussins de ces chaises, sur les murs….Et enfin les hippies ! Nous nous sommes amusés des grottes dans lesquelles vivaient certains d’entre eux avec les coquillages pris dans la roche. Nous avions déjà joué avec ça dans le restaurant en créant une grotte avec les coquillages pris dans l’enduit mais là nous sommes allés plus loin avec un enduit fait en pressant des coquillages. Il est unique au monde. Pour les meubles nous avons donc tout dessiné dans cet esprit, et avons rajouté les chaises de Diego Faivre, qui était un peu « excentriques » et très colorées et c’est ce que nous voulions pour l’hôtel.