CORNLAND STUDIO X PASTEL

@ Cornland Studio

Cornland Studio est une société de production spécialisée dans l’audiovisuel fondée en 2017 à Genève par quatre passionnés, anciennement collègues sur les bancs du SAE institute. L’équipe composée de Michael Guillod (réalisateur), Benoit Perret-Gentil (chef-opérateur), Pierre Belli (monteur) et Allan Mantilleri (ingénieur son) présente l’avantage de gérer la chaîne de production d’un bout à l’autre en se passant d’intermédiaires. Suite à une campagne de financement participatif courant 2018, leur premier court-métrage, Pastel, signe une production de qualité dans le panorama du cinéma romand et sortira à l’horizon début 2020. Go Out Mag a eu la chance de pouvoir visionner le film encore en étape de post-production.

PAROLE ET NON-DITS

Le projet Pastel trouve sa source avec la lecture d’un article dédié aux centres de thérapies de conversions sexuelles aux États-Unis. La Suisse fait figure de mau- vaise élève dans ce domaine : le lieu commun d’envoyer son enfant en Suisse dans un centre de redressement est aussi connu que tristement vrai. Ces pays d’apparence civilisés se livrent à des activités barbares, souvent dans une indifférence la plus totale.

Sans proposer une adaptation formelle de cette thé- matique, le court-métrage d’une quinzaine de minutes déploie l’histoire d’une mère (Nathalie Sabato) qui dé- couvre son fils (Yann Philipona) embrasser un homme et qui désire le faire soigner en l’emmenant chez un psychologue. La trame pensée par Michael Guillod laisse volontairement une place importante aux non-dits et à l’implicite pour encourager le public à se faire sa propre interprétation. La tension de l’intrigue réside assurément dans l’absence de dialogue entre mère et fils. En effet, la mère s’adonne davantage à un monologue qu’à un véritable échange lors duquel le fils pourrait s’expliquer. Le mutisme du fils est particulièrement singulier pour une intrigue dont il est pourtant le protagoniste. Si le malaise nait du silence, on relève que l’apparition de la parole n’y change rien. Banalités et sujets religieux au détour d’un repas avec des proches accentuent notamment la lourdeur de certaines scènes et créent une atmosphère passive-agressive délétère mêlant reproches et incompréhension.

Le film se clôt sur un subtil retournement de l’horizon d’attente. On en vient à se questionner qui de la mère ou du fils avait réellement besoin de séances avec un professionnel. Un élément de réponse pourrait résider dans la signification de la couleur verte constamment employée pour dépeindre la mère – la psychose ? Le ridicule des réactions autour de l’homosexualité supposée du fils est par ailleurs retranscrit visuellement grâce à l’emploi d’effets de flou. Comme si la réalité se parait d’un fard pour signifier la bêtise. On salue le jeu de Yann Philipona qui, par son indifférence face aux piques qui lui sont adressées, peint le pastel d’une génération qui ne se construit plus uniquement sur l’avis qu’autrui projette sur elle.

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