Club de vin local

Terroir wine club

Le vignoble genevois n’a pas toujours joui d’une bonne réputation. Le prestige associé à ses homologues français, italiens ou espagnols a également contribué à lui faire de l’ombre, sans parler des aspects de prix des vins importés…. Ce temps est aujourd’hui révolu, la production locale ayant atteint des niveaux de qualités qui n’ont rien à envier à leurs voisins. Le vin genevois a effectivement gagné ses lettres de noblesse et n’a plus à rougir de ces comparaisons. Fort de cette croyance, Sandro Krstovic, né à Genève, a souhaité transmettre son goût du terroir et faire découvrir les vigneron.nes qui s’y rattachent. Pour ce faire, il a pensé et lancé tout récemment le site internet « terroir wine club ». Son système permet de s’abonner pour recevoir chaque mois, une box de trois bouteilles d’un domaine de la région, sélectionnées par ses soins. 

Attablés autour d’un café (pas de vin en pleine après-midi, désolé), Go Out! s’est entretenu avec un passionné. 

Bonjour Sandro, quel est votre parcours?
Je travaille au département du territoire du canton de Genève. Après un master à HEC Lausanne, il y a un peu plus de dix ans, j’ai travaillé trois ans dans le privé avant de rejoindre l’administration publique. J’ai toujours été passionné par le vin et pour approfondir mes connaissances, j’ai entrepris la formation auprès du « Wines & Spirits Education Trust » (WSET). Cette formation délivre des connaissances en viticulture et vinification, aborde en profondeur les différents styles de vins du monde et contient un module pratique qui traite de l’analyse sensorielle des vins, permettant de déterminer le cépage, le millésime ainsi que la région de provenance des vins, à l’aveugle. Actuellement, il me reste à passer le quatrième et dernier niveau du cursus.

D’où est venu votre intérêt pour le vin?
Un soir, avec des amis, j’ai participé à un soirée dégustation: on nous a expliqué comment goûter un vin, ce que l’on recherche, les critères d’évaluation de la qualité, etc.  Ça m’a beaucoup intrigué. J’ai commencé à me documenter sur le sujet en lisant à peu près tout ce qui me passait sous la main. A partir de là, j’ai voulu continuer à explorer cet univers. Ce qui est fascinant c’est que chaque bouteille raconte une histoire, avec des gens, des anecdotes, dans des langues différentes. Chaque bouteille peut être mise dans un contexte historique, géographique, climatique. Boire du vin, c’est faire appel à tous nos sens. Et vous pouvez goûter un vin et vous en souvenir pour toujours : la bouteille a disparu mais le moment reste là, à jamais.

Pour entrer dans le vif du sujet : d’où vous est venu cette idée de site internet?
A travers la formation que j’ai suivie, je me suis dit que c’était bien d’accumuler des connaissances mais que ce serait encore mieux de pouvoir les utiliser pour en faire quelque chose. Je savais qu’aux Etats-Unis il existait un concept de box mensuelles auxquelles on pouvait s’abonner pour recevoir à la maison à peu près tout ce qu’on voulait (vins, légumes, produits cosmétiques, etc.). Ça a été une inspiration pour élaborer mon projet. Et pourquoi la box de vins genevois?  Une année, j’ai participé à la Sélection des vins de Genève, un concours qui classe les vins présentés par les vigneron.nes selon certains critères qualitatifs. J’ai découvert des vins exceptionnels et l’idée est partie de là.

Les vins locaux gagnent à être connus et contrairement à l’idée reçue, je trouve qu’il y a un rapport qualité/prix hors du commun. Si je peux contribuer à ma modeste échelle à faire découvrir le terroir genevois, alors je serai très content. J’ai bu du vin comme j’ai voyagé: j’ai fait le tour du monde avant d’aller voir le Cervin. J’avoue que j’ai d’abord pensé à créer un club avec des vins du monde, mais ça m’a rappelé cette histoire du tailleur de pierre à qui on demandait pourquoi il ne voyageait jamais et il répondait: à quoi bon voyager quand je ne connais pas tous les cailloux de ma commune.

Concernant les boîtes, elles sont en carton recyclé et produites en Suisse. J’ai essayé de réduire au maximum l’empreinte carbone en n’imprimant aucun papier supplémentaire. Un QR Code disponible dans la boîte donne accès à des informations sur l’histoire du domaine, le contenu de la box, une description de la structure des vins, des arômes dominants ainsi que des anecdotes et des conseils d’accords mets-vins. 

Ne pas choisir ses vins et se laisser surprendre par votre sélection, c’est plutôt audacieux comme procédé…
C’est ça l’idée: recevoir à la maison une boîte surprise qui varie selon les mois et les domaines viticoles. Donc il faut être prêt à recevoir du rouge, du blanc, du rosé, voire de l’orange [Vin issu de cépages blancs dont le processus de vinification a comme particularité de laisser en contact le jus de raisin et la peau pour une durée plus ou moins longue. Également appelé vin blanc de macération, NDR] ou un mélange. Je sélectionne les vins en fonction des spécificités de chaque domaine et des styles pour amener de la diversité. Donc, dans une boîte, il y aura trois vins différents d’un domaine . Le mois d’après, trois autres vins d’un autre domaine et ainsi de suite…

Pourquoi trois bouteilles? 

J’aime bien le chiffre trois. Il revient un peu partout, tout le temps : les trois dimensions, les Rois mages, les Trois petits cochons…[Rires].

En off, tout à l’heure, vous me parliez de développement durable avec ce projet. En plus d’une empreinte carbone minimale, y-a-t-il autre chose?
Oui, une partie du prix de l’abonnement est reversé à une société suisse (REBO) qui lutte contre la pollution de l’environnement à travers des programmes de récupération pour collecter les bouteilles en plastiques sur les rives et dans les océans.

Un petit mot pour la fin?
Ne pas oublier l’objectif principal qui est de faire connaître le terroir local et ses vignerons car ce sont eux les stars de la fête.