Christian Marclay: explorateur du son et de l’image

Christian Marclay, « Disques vinyles avec annotations, utilisés lors de performances », 1979–1986. Dimensions variables. Collection de l’artiste

Dans un monde où la musique sest évaporée dans le nuage numérique, Christian Marclay lui rend toute sa matérialité. Depuis les années 1970, lartiste helvético-américain Christian Marclay issu de la scène post-punk new-yorkaise transforme le son en images, faisant du vinyle – et de son emballage – les ressources premières de ses collages et mash up picturaux . Son terrain de jeu? Il s’étend du septième art, aux comics en passant par le manga! On avait eu la chance de succomber il y a deux étés à – The Clock – une œuvre audio-visuelle dune durée de vingt-quatre heures au Cinéma Le Plaza. On a eu la chance de découvrir en avant-première le travail de ce plasticien du son au Centre Pompidou pour une rétrospective aussi hypnotique que ludique, accompagnée par la banque genevoise Mirabaud. Extraits. 

Tel un DJ
Haut-parleurs, vinyles, pochettes de disques, cassettes audios ou vieux téléphones, le prolifique artiste Christian Marclay, les assemble, les fragmente, les détourne, les recolle… Un travail à la jonction de plusieurs univers, de la performance acoustique à la photographie, de la vidéo au collage et qu’on a découvert à travers une exposition généreuse au Centre Pompidou de Paris l’automne dernier. L’artiste helvético-américain, l’un des plus brillants de sa génération, nous avait déjà séduit avec The Clock, une œuvre audio-visuelle d’une durée de vingt-quatre heures présentée au Cinéma Le Plaza en 2021 et pour laquelle il avait obtenu le Lion d’Or à la 54e Biennale de Venise! Son rapport critique à la consommation des images et des sons pointe avec humour et dextérité l’ambigüité idéologique de la culture de masse.

Christian Marclay (1955, États-Unis) Untitled (Crying) 2020

Labyrinthe captivant 

C’est la première fois depuis 2007 que l’œuvre de ce chasseur de son est largement présentée dans un solo show à Paris. Pensé comme un labyrinthe, sans parcours chronologique, mais selon un réseau d’affinités et d’échos son travail pluridisciplinaire mêle dès le départ, détournements et métamorphoses. Ici, le tracé artistique se déroule sans bornes et sans ordres, permettant au visiteur de déambuler librement entre ces quelques murs déployant toute l’étendue d’une production aussi variée dans les thèmes que dans les médiums explorés par l’artiste. L’artiste à la démarche sonique pointue explique qu’il souhaitait « construire dans l’esprit des gens une architecture dans laquelle se perdre ». On commence l’exposition avec l’une de ses toutes premières vidéos datant de 1982, «Fast Music», dans laquelle le l’artiste multimédia dévore des vinyles!  Puis ses fameux Body Mix, remix visuels composés de plusieurs pochettes de vinyles pour réaliser des sortes de cadavres exquis. Accrochés aux murs de la scénographie aérée de l’expo Marclay, on y croise entre autre Michael Jackson dans une pose glamour, en petite culotte transparente, le faciès de Debbie Harry y fusionne aussi avec celui de Prince tandis que la tête de Grace Jones s’y dresse sur un corps encore plus musclé que d’ordinaire.

© DR

Œuvres interactives

Plus original et surprenant, l’artiste multitask peu enclin aux réseaux sociaux, a tissé une collaboration avec Snapchat d’où découle son oeuvre « All together ». Approché par l’application, ce dernier lui a mis à disposition ses ingénieurs. L’idée? Nous faire réaliser que les sujets des vidéos sont les mêmes, sur toute la planète où seul le son fait la différence. Ainsi, on découvre une installation à base de dix smartphones débitant de courtes vidéos. La façade de la bâtisse du Centre Pompidou s’est également transformée en un instrument de musique à travers une collaboration entre l’artiste et des techniciens de Snap AR. Les visiteurs peuvent tester Playing Pompidou, une expérience en réalité augmentée, audio et visuelle, depuis le parvis du centre.

Assemblages virtuoses
Parmi les vidéos et installations, on découvre le génial montage produit spécialement pour l’exposition intitulé Doors: une collection d’une centaine d’extraits de films ultra ingénieuse composée de scènes cinématographiques de passages de portes ! Ici on découvre des personnages entrer par une porte, traverser un espace et ouvrir une autre porte en vue de sortir. La porte constitue le point de coupe et grâce au raccord image, c’est un autre acteur qui entre alors dans le champ dans un mouvement ultra fluide. Un montage virtuose et hypnotique!
Il y également Telephones, la première vidéo dans laquelle ce cinéphile a manifesté son amour fou du cinéma. Entre saluts et adieux rapides, les voix disparates des combinés téléphoniques sont tissées dans une tapisserie de causettes familières façonnant une comédie humaine sans queue ni tête! Le montage dure sept minutes et présente des acteurs de films hollywoodiens à l’instar de Katharine Hepburn, Whoopi Goldberg, Cary Grant ou Humphrey Bogart – qu’on voit composer, raccrocher, se diriger vers une cabine téléphonique, écraser un récepteur ou regarder avec envie celui qui ne sonne pas!

Téléphones, 1995, installation vidéo

Partenaire arty 

La banque genevoise Mirabaud toujours très impliquée dans son soutien à l’art annonce à travers cette exposition, son partenariat pluriannuel avec le centre Pompidou.« Les artistes contemporains nous invitent à garder les yeux et l’esprit ouverts et à être prêts à être surpris et émerveillés par les aspects toujours changeants de la vie. C’est pourquoi Mirabaud s’intéresse particulièrement à l’art contemporain qui, associé aux oeuvres des siècles passés, jette un pont entre tradition et modernité. Cette approche reflète également la vision engagée et à long terme du Groupe dans ses activités de gestion » confie Lionel Aeschlimann, associé gérant de la banque. Et d’ajouter: « L’art nous connecte à nos émotions et à la capacité de nous faire réfléchir plus profondément sur l’humanité et le monde »! Ainsi, Mirabaud rejoint la communauté des plus de 800 mécènes, qui, depuis 120 ans, contribue à l’enrichissement et au rayonnement des collections du Centre Pompidou.

Le Centre Pompidou compte désormais un mécène genevois: la banque Mirabaud

Christian Marclay
Jusqu’au 27 février 2023

Centre Pompidou
Place Georges-Pompidou, 75004 Paris, France
www.centrepompidou.fr