Café DONA : la caféine féminine
Qu’évoque le café chez vous ? Une madeleine de Proust, une mousse de cappuccino parfaitement réussie, ou la caféine dont vous avez besoin pour assumer votre journée ? Pour Elisa Dot Bach, fondatrice du café DONA, boire du café est un engagement. En effet, malgré deux milliards de tasses consommées chaque jour, les caféicultrices qui occupent pourtant une place majeure dans cette industrie ne reçoivent qu’une infime partie des bénéfices, dans les cas où elles parviennent à se faire rémunérer. Chez DONA, la fondatrice s’engage alors à commercialiser un café exclusivement produit par des femmes et payé au prix équitable. Rencontre avec Elisa, à l’origine de ce mouvement.
Pourquoi avez-vous choisi le café ?
Le café coule dans mes veines ! J’ai toujours travaillé dans l’industrie du café, chez Nestlé avec Nescafé, Nespresso notamment. Lorsque je suis partie de Nestlé, il y a quatre ans, je pensais être sûre d’en avoir fini avec le café et que j’en avais fait le tour. Finalement, j’ai découvert que ce n’était pas qu’un travail, mais une passion. Pendant le confinement, je n’ai fait que lire des études, des livres, des recherches, sur le café et l’une d’entre elle m’a interpellé. Cette dernière démontrait que 70% du travail des plantations du café est effectué par les femmes, mais que ce sont les hommes qui se chargent de la commercialisation et qui empochent les profits.
Pouvez-vous nous en dire plus sur leur rôle des femmes dans cette industrie, et la manière dont vous choisissez les productrices avec qui vous travaillez ?
Les femmes sont largement invisibilisées dans l’industrie du café. Elles participent pourtant à la production du café que nous buvons : elles taillent les caféiers, cueillent et trient les cerises de café ; mais ce travail n’est que rarement rémunéré, car souvent considéré comme faisant partie des tâches ménagères. Pourtant, les études montrent que lorsque les femmes sont indépendantes financièrement, l’impact sur le niveau de nutrition, d’éducation, de santé est nettement amélioré au sein de leur communauté. Cela crée un cercle vertueux de croissance et prospérité à long terme pour les terres du café, dans une perspective de durabilité.
Chez DONA, je choisis les productrices qui collaborent avec l’organisation International Women’s Coffee Alliance (IWCA) à laquelle je suis associée. Je suis également attentive à la taille des structures et choisis généralement celles de plus petite ampleur où les femmes sont impliquées dans tout le processus, incluant également le transport et la logistique lorsque cela est possible. Lorsque je veux collaborer avec une caféicultrice et que les échanges passent par un homme, j’arrête tout de suite toute collaboration.
Qui est derrière les illustrations que l’on retrouve sur les paquets de café DONA ?
Il s’agit de l’artiste bâloise Patrizia Stalder, que j’ai choisie pour son flair pour les représentations versatiles et son amour de l’abstraction graphique. Pour le design que l’on retrouve sur les paquets, elle s’est inspirée de chaque femme ou coopérative de femmes cultivant du café avec qui nous travaillons. Ce que je trouve vraiment formidable dans le travail de Patrizia c’est sa capacité à représenter ces femmes, à refléter leur personnalité, et à également à y associer le caractère de nos cafés DONA.
Pour vous, qu’est-ce qui fait un bon café ?
Le café, c’est comme le vin, et selon moi, cela reste assez subjectif. Tout dépend des régions, de l’altitude, de l’aridité, mais aussi de la torréfaction. Si de nombreux facteurs entrent en compte, celui-ci est certainement l’un des plus importants car il va déterminer la saveur du café. Le goût va également être impacté par le choix du mode de transport, et de l’emballage. En réalité, le café est un produit qui est sujet à de nombreuses modifications durant tout son processus de production, les choix que nous réalisons visant à améliorer le goût au maximum. Chez DONA, le café est lentement torréfié, en petits lots, à Genève. Avec l’aide de l’expertise d’Ennio Cantergiani, formateur de la Specialty Coffee Association (SCA), nous avons sélectionné cinq variétés dont quatre pures origines, et un assemblage 100% arabica et classé de spécialité. Comme je vous disais tout à l’heure, le café et son goût sont subjectifs selon moi, mais à mes yeux ce qui fait un bon café reste le parfait équilibre entre acidité et amertume.
Lequel parmi les café DONA est votre préféré ?
Le Power 3 est celui qui plait au plus grand nombre. Il réunit trois productrices respectivement installées au Brésil, au Rwanda et sur l’île de Sumatra en Indonésie. Étant donné qu’il s’agit d’un assemblage, le goût est plus équilibré ce qui le rend d’une certaine manière plus universel gustativement. Mais personnellement j’adore le Congo pour son intensité et ses notes de chocolats, mais aussi pour son histoire. ll est produit par Marceline, une caféicultrice qui m’a beaucoup touché par son parcours. Après avoir obtenu son diplôme d’Agronome en 2015, elle a fondé Rebuild Women’s Hope (RWH), une association qui autonomise les femmes productrices de café de l’Ile d’Idjwi en proposant des formations, des prêts, et une infrastructure. J’ai beaucoup de chance de rencontrer toutes ces femmes tellement inspirantes. Grâce à elles, je sais que je suis sur la bonne voie.
Vous êtes plutôt café en capsule ou café en grain ?
Sans hésitation en grain. Je recommande toujours à mes clients de commander les cafés en grains pour une expérience plus complète des sens : de la mouture à la dégustation. Le goût est plus pur et l’odeur plus présente. Pour celui de Colombie, en revanche, je conseille de le préparer avec le French Press. Son origine des sols volcaniques indigènes est idéale pour une méthode d’extraction douce.
CAFE DONA
https://www.dona.coffee/