ADELINE RAPPAZ: COUP DE COEUR MODE

Adeline Rappaz, Prix du Public Festival International de la Mode et de la Photographie de Hyères, au milieu de ses modèles

Il y a quelques semaines se tenait le Festival International de la Mode et de la Photographie de Hyères. Un rendez-vous incontournable qui nous dévoile chaque an- née les talents à suivre de très près. Parmi eux, c’est une suissesse qui a su conquérir le cœur du public. Adeline Rappaz, ancienne étudiante en Bachelor et Master de Mode et Accessoires à la HEAD Genève, a remporté le Prix du Public avec sa collection qui mêle esprit punk, haute couture, et upcycling. On découvrait alors sur le podium de Hyères des silhouettes plurielles porteuses d’un message éco-responsable. Le temps des rêves, titre donné à sa collection, nous entraîne alors dans un univers unique et merveilleux, qui se fait reflet de l’identité de la créatrice. Rencontre avec Adeline Rappaz, une étoile montante de la mode qui a déjà la tête remplie de nouveaux projets.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre parcours ? Qu’est-ce qui vous a mené à l’univers de la mode ?

Je suis née à la Chaux-de-Fonds et j’ai vécu dans le Jura pendant une dizaine d’années, puis je suis repartie dans ma ville natale pour faire un CFC de couturière et de mode. Là-bas j’ai appris toute la conception d’un vêtement, mais aussi le dessin, le modélisme, et les ques- tions de style. J’ai ensuite travaillé en indépendante à la Chaux-de-Fonds, puis je suis partie à Genève intégrer une école de maquillage avant d’entrer à la HEAD pour étudier en Bachelor, puis en Master, de mode et acces- soires. Pour ce qui est de l’univers de la mode, je sais que j’ai toujours voulu travailler dans le monde de l’art. J’ai beaucoup hésité entre différents métiers, mais au final c’est la mode que j’ai choisie pour à la fois la possibilité de travailler avec des médiums différents, mais aussi car je voulais travailler avec le corps, qui est bien évidemment central dans ce domaine.

Adeline Rappaz, Prix du Public Festival International de la Mode et de la Photographie de Hyères

Quelle était l’idée initiale derrière la collection que vous avez présenté lors du Festival International de la Mode et de la Photographie de Hyères ?

C’était ma première collection après ma sortie de la HEAD, et je voulais voir ce dont j’étais capable et montrer mon travail pour tout simplement avoir un avis sur mes créations. Mon objectif était réellement de travailler sur quelque chose de plus personnel. La collection est en grande partie inspirée de mon héritage familial, notam- ment de mes parents qui sont des artistes alternatifs et cultivent depuis toujours ce caractère punk et hippie, qui se retrouve très largement dans ma collection. C’est aussi d’eux que je tiens ce désir de créer une mode plus éco-responsable. Mes parents peignent et sculptent avec des matériaux de récupération, ils utilisent aussi de la teinture naturelle, et je voulais reprendre ces idées. Mais je me suis aussi inspirée de choses plus concrètes, comme les codes du punk, les vêtements du quotidien, et paradoxalement la haute couture qui me passionne. Cette influence se remarque notamment dans les vo- lumes généreux et les tailles marquées, ou encore les basques, qui sont des références à Dior et Balenciaga que j’affectionne tout particulièrement. Les inspirations étaient vraiment diverses, mais j’aime beaucoup travail- ler avec des opposés.

Était-ce un défi de réaliser une collection entièrement upcyclée ?

Il s’agit de la première collection que je réalisais en- tièrement en matériaux upcyclés. J’ai commencé par récupérer énormément de matériaux de manière à me constituer une palette, ou une bibliothèque. C’était un défi d’une certaine manière, car cette recherche prend beaucoup de temps, mais ça n’a en rien été un frein. Au contraire, j’ai été très inspirée par mes trouvailles, et à l’occasion j’ai dû chercher des matières spécifiques pour certaines pièces, notamment du côté du mobilier. Ma collection est d’une manière très artisanale, mais l’idée était avant tout de me réapproprier un objet textile, ou autre, et de le transformer selon ma vision. J’ai également fait appel à des personnes externes pour m’aider sur certaines pièces, notamment l’une des vestes. C’était un défi oui, mais j’ai pris beaucoup de plaisir à créer ainsi, et je sais que ma collection est faite uniquement de pièces éco-responsables.

Adeline Rappaz, Prix du Public Festival International de la Mode et de la Photographie de Hyères

Vous avez remporté le Prix du public du Festival International de la Mode et de la Photographie de Hyères (félicitations !), qu’est-ce que ce prix en par- ticulier signifie pour vous ? Et quelle est la suite ?

Je suis très fière d’avoir remporté ce prix. Celui-ci en particulier. Car le Prix du Public est la preuve que ma collection les a touchés, et je crois que de savoir ça est déjà le plus beau des prix. Je suis très honorée de l’avoir remporté, et je crois aussi avoir réussi l’un des défis que je m’étais fixé : qu’un vêtement upcyclé ne soit pas rejeté à cause de sa provenance. La suite ? Et bien après le prix j’ai été invitée à réaliser une résidence d’un mois à la Villa Noailles dans l’optique de travailler sur un nouveau projet. Actuellement je travaille pour la maison Schiaparelli et j’adore ce que je fais. Mais je tiens également à mes projets personnels, j’ai besoin d’avoir mes propres créations, et je vais continuer à travailler là-dessus en parallèle. Je ne pense cependant pas me limiter à la mode. En effet je suis intéressée par les objets, les installations, les spectacles aussi. J’aime l’art et son large champ des possibles que j’ai envie de découvrir et d’exploiter au maximum. Mais j’aimerais garder au cœur de mes projets le textile et le corps, tout en continuant à explorer l’upcycling, ou en tout les cas la création éco-responsable.

Adeline Rappaz, Prix du Public Festival International de la Mode et de la Photographie de Hyères