50 ans plus tard

En 2021 nous fêtons les 50 ans du droit de vote des femmes en Suisse. Un anniversaire en demi-teinte, qui nous fait regarder le chemin parcouru tout en nous montrant la longue route qu’il reste encore à faire avant d’atteindre une parfaite égalité des sexes. Les mobilisations féministes se sont multipliées ces dernières années, du mouvement #MeToo à la grève du 14 juin, mais les stéréotypes et l’évolution trop lente dans trop de secteurs persistent. L’exposition Quoi de neuf pussyhat ? nous propose un état des lieux, tout en nous invitant à nous interroger sur les questions de distribution des rôles et d’identité qui nous remettent face à la réalité. 

Le Musée Historique de Lausanne n’aurait pas pu trouver meilleur thème pour cette année 2021 qui marque un anniversaire tout particulièrement important dans la lutte pour les droits des femmes. Il y a seulement 50 ans, les Suisses ont eu pour la première fois le droit de se rendre aux urnes. On grince légèrement des dents quand on se souvient de l’année fatidique, 1971 nous paraît trop proche pour être juste, et pourtant depuis ce 7 février qui allait marquer l’histoire helvétique les choses ont bien heureusement changé. Mais assez ? Dans les rues de Genève et des autres villes suisses, le mouvement féministes a envahi l’espace. Collages, tags, opérations symboliques en tous genres, attirent l’œil, et nous obligent à constater les réalités d’une société encore inégale. L’exposition Quoi de neuf pussyhat ? revient sur ces mouvements et leurs actions, tout en nous interrogeant sur la question de la distribution des rôles entre hommes et femmes, mais aussi la problématique de l’identité. L’espace d’exposition imaginé comme une ville dans laquelle nous déambulerons nous surprend au premier coup d’œil. Nous sommes assaillis de symboles, de couleurs, de mots qui parviennent alors à rendre palpable la force et l’importance des mouvements féministes et de leurs revendications en Suisse, mais également à travers le monde. 

C. (tiré de la série Soyeuses) Enthea, 2019, copyright de l’artiste

La variété des médiums utilisés aboutit à une véritable surcharge du lieu, mais l’effet désiré est au rendez-vous : par sa diversité et sa quantité, l’exposition nous renvoie en miroir l’image de ces mouvements aussi différents que nombreux. Se voulant comme un état des lieux de la situation, un moment d’observation du présent 50 années après l’adoption du suffrage féminin, l’accrochage aborde à travers de multiples thématiques le féminisme, ses combats, et ses enjeux. De la question d’égalité au jeu de rôles, en passant par le pouvoir de l’image et le corps, l’exposition invite à la réflexion. Accompagnée de nombreux débats et tables rondes, elle nous plonge dans un univers parfois mal compris, mais qui fait pourtant partie du quotidien de chacun. Quoi de neuf pussyhat ? se veut cependant bien comme un état des lieux factuel, ne prenant pas position, mais exposant simplement avec clairvoyance un regard documentaire sur l’évolution de la cause féminine. Miroir de notre réalité, elle se place comme questionnement dans une société où le combat pour l’égalité des sexes, mais également l’acceptation de tous les individus quelque soit leur manière de se définir, reste une question d’actualité. Notre seul désir ? Ne pas attendre 50 années de plus pour découvrir une exposition qui nous parlera d’une égalité parfaite enfin atteinte.

Affichette collée sur une plaque de rue lausannoise à l’occasion de la Grève des femmes 14 juin 2019, impression laser sur papier © Musée Historique Lausanne