We will survive : le mouvement preppers à travers le filtre du design

Instruction scraves by © Alice Watel

Depuis son déménagement, le MUDAC ne cesse de surprendre. En 2024, pour démarrer la rentrée en beauté, le musée cantonal de design et d’arts appliqués contemporains invite ses visiteurs à se plonger dans un univers à part entière : celui des preppers. Dans les salles du musée, nous sommes ainsi plongés dans l’état d’esprit de ces néo-survivalistes, se préparant aux catastrophes auxquelles pourrait faire face notre monde. Pour y survivre, le design se présente comme un outil capital. Des objets en tous genres habitent les salles du musée, du plus banal, au plus surprenant, mais comportant tous une unique fonction : survivre. Découverte d’une exposition qui nous donne toutes les clefs pour faire face à l’apocalypse.

L’apocalypse inquiète, et fascine, depuis la nuit des temps. L’idée que le monde tel que nous le connaissons puisse disparaître en un instant occupe l’esprit de l’humain depuis toujours, une peur de l’inconnu et du changement qui, malgré les technologies et connaissances contemporaines, perdure. En pénétrant dans le premier espace d’exposition, nous entamons un long cheminement dans un couloir parsemé de documents. Des codes couleurs nous aident à nous repérer dans ce flot d’informations, visant à nous expliquer les origines et développement du mouvement preppers. Catastrophes naturelles, croyances religieuses, guerres, décisions politiques, littérature dystopique, fantasme d’une vie en autosuffisance, jalonnent cette imposante frise chronologique sur laquelle apparaissent peu à peu les premiers preppers, de l’autre côté de l’Atlantique. « Le mouvement des preppers est né aux États-Unis, à l’époque de la Guerre froide, lorsque la méfiance à l’égard d’un gouvernement était perçue comme trop autoritaire. Le rejet de la propagande gouvernementale de la peur, associé à un sentiment d’abandon, s’est rapidement généralisé. Craignant que le pire était encore à venir, certains individus ont ainsi commencé à prendre les choses en main. Depuis les années 1960, les craintes se sont multipliées, au-delà de la peur d’une catastrophe nucléaire. Aujourd’hui, les craintes quotidiennes portent sur le changement climatique, les crises économiques, les cyberattaques, les troubles sociaux, l’impact possible d’un astéroïde, les tempêtes solaires extrêmes ou les pandémies, pour ne citer que les risques les plus couramment mentionnés. Ce qui unit cette communauté – dont la taille a doublé depuis 2017 rien qu’aux États-Unis, pour atteindre environ 23 millions de personnes – c’est l’importance qu’ils et elles attachent à l’autonomie et au fait de se préparer individuellement, plutôt que de compter sur des secours extérieurs » expliquent les commissaires de l’exposition. 

La suite de l’exposition nous entraîne à la découverte de quelque 400 objets, mêlant maquettes d’architecture, dessins, photographies, extraits de littérature et de magazines, mais aussi archives vidéo et extraits de films s’articulant autour de mondes apocalyptiques ou post-apocalyptiques sortis de l’imaginaire. À ces créations, s’ajoutent également les objets d’un design de la survie, nécessaires pour correspondre aux codes de cette idéologie. Au total, ce sont plus de 300 types de produits populaires, du couteau à l’allume feu, en passant par la boîte de conserve et l’éolienne portative, qui viennent s’ajouter aux objets créés spécialement pour l’exposition. Parmi les créateurs sollicités pour ce projet, le MUDAC a notamment fait appel AATB, Reed Kram, Tapio Snellman, Studio Folder et Charles Negre. En sortant de l’exposition du musée lausannois, vous n’aurez pas de doute : We will survive.

 

 

 

We Will Survive
Jusqu’au 9 février 2025
MUDAC, Plateforme 10
Place de la Gare 17
1003 Lausanne
www.mudac.ch