Une rave au GIFF

Croyez-le ou non, en 1989, dans les Midlands, en Angleterre, tout ce qui importait, c’était de trouver la fête ultime. Que ce soit la police, les promoteurs ou la jeunesse, tous, traquaient les raves à travers le pays. Au GIFF cette année, du 3 au 12 novembre, à la maison communale de Plainpalais, vous aurez l’opportunité de vivre, ou revivre ces moments d’euphorie grâce à l’expérience immersive et interactive « In Pursuit Of Repetitive Beats » de East City Films (en collaboration avec British Film Institute et Coventry City of Culture). Son réalisateur, Darren Emerson, nous raconte l’importance de l’histoire de la culture rave.   

Pourquoi avoir choisi la thématique des raves dans In Pursuit of Repetitive Beats ?
Avec ce projet, je voulais, non seulement, redonner vie aux acteurs de l’époque dont les rivalités ont conduit à une révolution de la musique et la société, honorer leur mémoire mais aussi faire ressentir l’anticipation, l’inquiétude et l’excitation qui accompagnaient les trajets vers les raves, aux participants. Mon expérience en tant que raveur, ne date pas de 89’ mais en 95, alors que j’étais jeune et à l’université. Je peux encore fermer les yeux et ressentir l’excitation et la sensation d’être sur scène en train de danser, sans t-shirt, en sueur, un sentiment brûlant de connexion à tout le monde à cet endroit. Pas de smartphone, pas de GPS, pas de selfie, pas de vidéosurveillance. Voyons juste ce qui se produit…C’était irréel. Et ça se répétait dans tout le pays.

Comment le public du GIFF sera transporté dans le passé pour revivre l’ère de la musique Acid House ?
Ils seront immergés dès leurs arrivées au festival, grâce à une scénographie unique, puis, avec l’équipement multisensorielle qui les feront voyager dans le temps. Ils pourront alors explorer tous les éléments qui ont façonné la culture rave : des chambres tapissées d’affiches aux stations de radio pirate, en passant par les quartiers généraux de la police, et les entrepôts secrets jusqu’à arriver à LA fête. Il y aussi des témoignages, des extraits de reportages télévisés et la musique house, sélectionnée par James Cooper, qui les accompagnera tout au long de l’itinéraire. En effet, nous avons mis l’accent sur le trajet vers les raves car c’est ça qui rendait ces moments uniques et excitants. Un autre aspect essentiel était de rendre le projet le plus interactif possible. Ainsi, il y aura aussi une exposition de flyer de raves suisses de l’époque fournies par l’Electron Festival, des photographies originales, etc.

Pourquoi est-il important de préserver et de partager l’histoire de la scène rave des Midlands, et comment a-t-elle façonné toute une génération ?
La scène rave des Midlands qui comprenaient l’Acid House, les promoteurs de Coventry, Amnesia House arrivent à une période clé en Angleterre : c’est la fin de l’ère Thatcher, de l’industrialisation, beaucoup de chômage et le passage à l’économie de service. Il y avait, de la part de toute une jeunesse, une quête de liberté, de rébellion contre les politiques conservatrices de l’époque. Les raves ont réussi ce qu’aucun politique n’a réussi à faire : unir tous les jeunes, peu importe leur classe sociale. Il y a eu des divisions ‘rave’ créé spécialement par la police pour traquer les fêtards. C’était fou. En fin de compte, je voulais que ce projet célèbre notre désir universel, quel que soit notre âge, de se sentir connecté aux autres, d’avoir le soutien d’une communauté et danser ensemble jusqu’à l’aube. Je souhaite remercier BFI et Coventry City of Culture pour leur aide précieuse au projet.

Comment voyez-vous l’avenir de la réalité virtuelle et de l’intelligence artificielle ?
La réalité virtuelle se développe énormément, certains l’utilisent pour faire maximum de profits, pour moi, l’objectif est d’élargir la réalité virtuelle en tant que médium. C’est un moyen extraordinaire pour se connecter à l’humanité, ressentir et comprendre des émotions fortes et créer une communauté. En tant que réalisateur, je valorise la création de narrations et d’interactions plus complexes et la réalité virtuelle m’offre la plateforme pour le faire : explorer, recréer des émotions telles que la résilience, le pardon. Créer de vrais souvenirs chez le public aussi, une empreinte dans leur mémoire car ils vivent réellement l’expérience.