Steven McRae: le danseur qui défie le vent

Steven McRae, silhouette sculptée, défiant le ciel et la pierre : arabesque gravée dans l’architecture © Esben Zollner Olesen
Il y a des ballets qui se dansent sur la pointe des pieds… et d’autres qui se jettent dans le vent, au bord des falaises, devant un lac ou sous un ciel capricieux. Le “ballet sauvage” n’a ni rideaux rouges ni dorures : il s’écrit avec les éléments, avec le hasard, avec l’imprévisible. Steven McRae, danseur étoile du Royal Ballet de Londres et figure phare du projet Verdensballetten, raconte cette liberté brute : celle d’un art qui se libère du théâtre pour dialoguer avec la nature, et d’artistes qui acceptent de perdre le contrôle pour mieux retrouver l’essence de leur métier. Le 31 août, cette expérience prendra vie en Suisse, à Pully, lors d’une représentation exceptionnelle.
Plongée aérienne avec un funambule qui écrit ses arabesques avec l’encre du vent
Verdensballetten, que vous portez avec d’autres artistes, a une philosophie bien particulière. Racontez-nous…
Nous avons voulu créer un format accessible : proposer de petits extraits, cinq minutes parfois, de ballet, d’opéra ou de musique. Si quelqu’un n’aime pas un passage, il sait qu’un autre arrive aussitôt. C’est une porte ouverte pour ceux qui n’auraient jamais osé entrer dans un opéra. Et pour les passionnés, c’est un condensé d’excellence dans des lieux inattendus.

Le public conquis, assis face au coucher du soleil : quand la nature se transforme en salle de spectacle © Esben Zollner Olesen
Vous parlez souvent de votre joie immense à danser dans les conditions atypiques du Ballet Sauvage en extérieur. Qu’est-ce qui rend ces performances si uniques ?
Ce qui est magique, c’est que la nature devient partenaire. Le vent, la pluie, la lumière — tout influence la performance. On ne peut jamais reproduire ces moments en salle. Parfois, un arc-en-ciel apparaît en plein milieu d’un pas de deux. C’est fragile, imprévisible, mais d’une intensité inégalable.
On imagine que ce cadre sauvage demande une autre discipline que la scène traditionnelle ?
Absolument. L’extérieur impose une concentration extrême. Le sol n’est jamais parfait, le vent peut déséquilibrer, la musique est parfois couverte par les bruits de la nature. Il faut rester totalement présent, ajuster son corps à chaque seconde. Mais c’est aussi cette contrainte qui libère une énergie nouvelle.

Une ballerine suspendue dans la lumière du soir, tutu blanc éclatant au milieu des arbres — le lac en coulisse © Esben Zollner Olesen
Vous parlez de liberté artistique. Est-ce cela qui vous attire le plus ?
Oui, la liberté et le risque. Dans un théâtre, tout est prévu, calibré. Ici, non : on doit s’abandonner. Et cette fragilité touche profondément le public. L’émotion naît du fait qu’on ne contrôle pas tout.
Quel lien entretenez-vous avec la Suisse, où vous avez aussi dansé ce ballet sauvage ?
La Suisse a, comme le Danemark, une tradition culturelle forte et un rapport particulier à la nature. Danser au bord d’un lac ou face aux montagnes, c’est une expérience qui amplifie encore cette magie.

Pas de deux flamboyant, costumes écarlates et noirs, devant une foule suspendue aux gestes des danseurs © Esben Zollner Olesen
Et à la prochaine génération d’artistes, que souhaitez-vous transmettre ?
Le courage. Celui de tracer son propre chemin, de ne pas simplement reproduire ce qui a déjà été fait. Être artiste, c’est accepter d’être vulnérable, d’être intensément humain. Je souhaite que les jeunes danseurs osent créer, surprendre, et trouver leur voix dans ce dialogue avec le monde.
Ballet Sauvage
Dimanche 31 août 2025 à 19h30 (ouverture des portes à 17h30)
Centre Général Guisan
Av. Général-Guisan 117/119, 1009 Pully
Rocade prévue en cas de pluie
Billets : ticketmaster.ch (113 à 167 CHF)
