Six Senses Rome: le souffle ancien dans un cocon de demain

La terrasse de la suite Mellini mitoyenne avec ceux de l’église de San Marcello (c) DR

À Rome, il y a les pierres, les piazzas, les pastas. Et puis il y a les pauses. Rares. Précieuses. Celles qui suspendent le vacarme de l’Histoire pour laisser passer une vibration plus intime. C’est exactement ce que propose le Six Senses Rome, lové dans un palais du XVIIIᵉ siècle à deux pas de la Fontaine de Trevi. Ici, pas de marbre tapageur ni de faste ressuscité : on murmure avec style, on respire avec épaisseur, on groove à l’italienne, version organique et éclairée.

Et du 5 au 7 septembre, l’adresse accueillera Sanctum Infinite-Self, un rituel urbain pensé pour libérer le corps, apaiser l’ego et relier les âmes — au cœur battant de la Ville éternelle.

Un écrin traversé d’époques
Bienvenue au Palazzo Salviati Cesi Mellini, bijou baroque dont les fondations plongent dans l’Antiquité. Sous les dalles du lobby, on a redonné vie à un fragment d’aqueduc romain du IVe siècle, mis en lumière comme un vestige bienveillant, une veine souterraine qui continue de battre sous la modernité. Ce n’est plus seulement un hall d’hôtel, c’est un sas temporel, un passage discret entre les siècles.

Le Six Senses Rome sis dans un palais du XVIIIᵉ siècle sur la très chic Via del Corso (c) DR

Les murs ont vu défiler des cardinaux en route vers le Vatican, des artistes en quête de mécènes, des diplomates et des intrigues, des silences épais et des soupirs amoureux. L’histoire ne s’y expose pas, elle s’y infuse. On l’entend dans le froissement d’un rideau, dans la vibration feutrée du parquet, dans la lumière chaude qui lèche les stucs d’origine. Aujourd’hui, ce décor accueille des voyageurs à la recherche de sens — et de silence. Un silence habité, presque musical, où chaque pierre semble retenir une phrase inachevée, une confidence d’empire, une prière murmurée.

Et si le sol parle, c’est que Rome n’a jamais cessé de couler sous nos pieds. Juste à côté du Workshop, l’espace hybride qui accueille résidents et créateurs de passage, se cachent des vestiges spectaculaires : les fondations d’anciens thermes romains datant du IVe siècle, encore visibles, révélés sous verre comme un palimpseste urbain. On y devine les pierres d’un caldarium oublié, les lignes d’une Rome souterraine qui refait surface, sans jamais faire de bruit. Ici, la notion de bien-être n’est pas une tendance — c’est une tradition millénaire. Un art de se poser, de s’immerger, d’alterner les températures comme on alterne les humeurs, les époques, les états d’âme.

Le hall d’entrée tout en sobriété et style (c) DR

Et ce sol qui parle…
Juste à côté de l’Atelier créatif du Six Senses, un espace ouvert aux hôtes pour des cours de peinture, de fabrication de pigments naturels ou des ateliers de durabilité, se dévoilent les fondations d’anciens thermes du IVe siècle — préservées sous une vitre comme un palimpseste invisible. Imagine : tu te mets à l’aquarelle avec Gioia Marchegiani, tu manies des pigments minéraux aux teintes romaines, et à tes pieds, la pierre millénaire d’un caldarium inspire ton geste. C’est une école silencieuse du temps, où l’art contemporain dialogue avec un bain antique. Les ateliers ne sont pas que des leçons : ce sont des ponts jetés entre hier et aujourd’hui, entre la Rome souterraine et ton carnet de croquis.

Rome en mode feutré
Dès l’entrée, tout ralentit. La main effleure le travertin, les yeux glissent sur les courbes douces du mobilier signé Patricia Urquiola, et le cœur décélère. Ici, le design n’en impose pas — il épouse. Bois clair, pierre brute, voilages translucides : c’est Rome sans surcharge, l’élégance qui respire entre deux ruines.

L’hôtel désigné avec dextérité par Patricia Urquiola rehaussé ici par une kyrielle de belles plantes  (c) DR

Même le bar du lobby joue la carte de la légèreté. En journée, c’est café bio et infusions bien pensées ; le soir, ça vire au lounge romain ultra soft, avec des cocktails aux herbes locales et une bande-son qui ondule comme une toge dans le vent.

Les chambres ? Des temples intérieurs
Avec ses 96 chambres, l’hôtel vous offre un autre regard sur Rome : celui du dedans. Des plafonds hauts mais apaisants, des murs en cacciopesto (technique antique romaine à base de chaux et de fragments de marbre), des banquettes qui invitent à feuilleter plutôt qu’à scroller. Certaines chambres s’ouvrent sur une cour intérieure plantée d’agrumes. D’autres regardent le ciel. Toutes chuchotent un luxe tactile, éthique et sans fioritures.

Une des 96 chambres du Six Senses avec une jolie terrasse au dessus de la Via di San Marcello (c) DR

Dans les suites, un détail craquant : les clés en bois d’olivier, gravées, comme un clin d’œil au passé — celui où l’on ne déverrouillait pas sa chambre avec son téléphone mais avec une histoire.

Le spa, entre Daphné et dopamine
Ici, le bien-être ne se contente pas de lisser la peau. Il vous ramène à l’époque des thermes de Caracalla, en version 2025. Tepidarium, caldarium, frigidarium : les rituels antiques sont réinterprétés dans une grotte contemporaine où l’on médite en suspension, où l’on respire de l’encens d’Ombrie, où l’on s’abandonne aux soins les plus pointus — de la luminothérapie au biohacking.

Le sublime SPA sur deux étages inspiré du rituel des bains romains doté d’un caldarium, un tepidarium et un frigidarium (c) DR

Sur les murs, des fresques stylisées racontent le mythe d’Apollon et Daphné, cette nymphe transformée en laurier pour fuir un amour trop brûlant. Ici aussi, on se transforme, mais en douceur : de stressé.e du bitume à vestale de l’instant présent.

BIVIUM et NOTOS — À table, en conscience
Au BIVIUM, le restaurant au rez-de-chaussée, on revisite les classiques avec fraîcheur : tomates ancestrales, huile d’olive de petits producteurs, et ces maritozzi (petits pains sucrés farcis de crème) qui vous feront définitivement pardonner vos excès la veille.

Designé tel une place de marché italien, le restaurant-bar Bivium se dévoile doté de plusieurs spots où les chefs concoctent du poisson, de la viande, des légumes… (c) DR

Sur le rooftop NOTOS, c’est un autre opéra. Le dôme du Panthéon au loin, un spritz revisité à la main, et l’impression de flotter au-dessus de Rome. C’est le genre d’endroit où l’on se surprend à philosopher entre deux olives.

Le gigantesque rooftop aux accents bucoliques du Six Senses avec vue 360• sur la piazza Venezia, la piazza Colonna et le Quirinale (c) DR

Sanctum Infinite-Self — L’art de se retrouver en mouvement
Du 5 au 7 septembre, Six Senses Rome ouvre ses portes à une traversée intérieure imaginée par Luuk Melisse et Gabriel Olszewski. Trois jours pour danser avec ses ombres et sa lumière, puiser dans la force du kundalini, la fluidité du tai-chi, la sagesse bouddhiste, le souffle “ha” venu des arts martiaux japonais. Ce n’est ni un spectacle ni un simple atelier : c’est une cérémonie vivante où le bitume devient temple, où les battements du cœur se calent sur ceux de la ville, où chaque respiration efface un poids. On y marche seul pour mieux se rejoindre, on se dépouille de l’inutile pour se vêtir de présence. Dans la ville des siècles, on réapprend à habiter le moment — et à vibrer, ensemble, à l’infini.

Une adresse à contre-courant
Dans une ville où l’on peut parfois étouffer sous les guides, les groupes, les selfies et les siècles, le Six Senses Rome réussit une chose rare : il restitue la ville à votre rythme. En mode feutré, éthique, ultra-sensoriel. C’est un lieu où l’on dort, oui. Mais surtout un lieu où l’on digère — l’Histoire, les émotions, les dolcezze. Un hôtel qui n’imite pas Rome, mais la recompose avec justesse. Un lieu qui ne fait pas de bruit, mais qui laisse une trace.

La scénographie ultra design du Six Senses Rome (c) DR

Six Senses Rome, c’est la ville éternelle au ralenti, la grandeur antique qui respire en lin lavé, un sanctuaire à taille humaine, où chaque pierre vous parle — mais à voix basse.

Six Senses Rome

Piazza di San Marcello,
00187 Rome
Italie
www.sixsenses.com