Simplicité organique

La pépite architecturale réalisée par Shunri Nishigawa

 

C’est un projet unique en son genre qui a été porté en 2017 par le cabinet d’architecte Nishizawa Architects dans la ville vietnamienne de Chau Doc, non loin de la frontière cambodgienne. Si de prime abord nous pensons avoir à faire à une maison comme les autres, cette construction est en réalité une résidence, un lieu de vie rassemblant trois couples et leurs enfants. Mode de vie original, il est rendu possible et ce dans des conditions idéales grâce au travail de l’architecte Shunri Nishigawa qui allait bâtir une résidence ouverte sur l’extérieur mêlant les codes de l’architecture contemporaine à l’artisanat local. Une pépite architecturale qui nous invite à l’évasion alors que la rentrée nous submerge, et nous fait rêver d’une vie ailleurs, dans un petit paradis perdu, où le partage trouve un écrin idyllique.

Au cœur de la ville de Chau Doc, située au sud du Vietnam, la résidence partagée imaginée par Shunri Nishigawa, se fond dans le paysage urbain. De l’extérieur, le bâtiment ne semble pas différent de ses voisins, mais en pénétrant dans les lieux, c’est une construction rare et étonnante qui se révèle. Ce projet, commande de trois couples, tous parents, désirant vivre dans une résidence où les espaces privés côtoient des pièces partagées, s’accompagnait à son origine de nombreuses contraintes. Obligations et interdictions dictées par la ville, budget restreint – la résidence aura au total coûté 60 000 $ – et nécessité de créer un espace capable d’accueillir tous ses habitants, cette villa en pleine ville naissait avec de nombreuses difficultés. Le cabinet d’architecte choisi pour cette commande est avant tout réputé pour ses constructions contemporaines et son intégration de la nature dans ses constructions, qu’il s’agisse de demeures particulières, ou de lieux publics et autres entreprises. Dans ce projet, nous retrouvons alors ces deux caractéristiques fortes au travail de l’architecte fondateur Shunri Nishigawa. 

La pépite architecturale réalisée par Shunri Nishigawa

Si l’extérieur de la résidence donne une impression d’étouffement, en pleine ville, les câbles électriques zébrant sa façade à l’étage depuis la rue, c’est un sentiment de calme et de sérénité qui se dégage à l’intérieur. La contrainte budgétaire a forcé le bureau d’architecte à opter pour des matériaux peu coûteux, notamment des panneaux de tôle ondulée qui ont servi de base à la construction. Un choix peu moderne de prime abord, mais qui est ici exploité pour la ventilation naturelle qu’il permet, et qui une fois combinée à l’autre matériau de base de la maison, le bois, accède immédiatement à un caractère beaucoup plus contemporain. L’utilisation du béton dans la structure, se remarquant notamment au niveau des piliers et dans une partie des escaliers et des murs,  ajoute un peu plus à la modernité des lieux. Mais c’est avant tout l’équilibre entre toutes ces matières qui confère à l’espace partagé un air appartenant aux grandes constructions contemporaines, et ce pourtant avec un budget très restreint. Amateur de techniques et d’esthétique contemporaines, l’architecte a cependant cédé une place importante au travail du bois traditionnel dans cette partie du Vietnam. La structure de la charpente est totalement réalisée en bois et témoigne d’une grande rigueur dans la construction qui porte en elle un éternel air informel. 

L’intérieur boisé de cette maison d’architecte

Mais ce qui rend cette bâtisse unique, c’est son ouverture sur l’extérieur. Même si elle est implantée dans une ville, le monde rural est proche, et non loin de la maison coule une rivière. L’ouverture sur l’extérieur se fait alors par de nombreuses fenêtres qui une fois ouvertes font communiquer les deux espaces. Cette sensation de la présence du « dehors dedans » est encore augmentée par l’omniprésence des plantes dans la maison, une caractéristique que l’on retrouve dans la plupart des projets du cabinet d’architectes basé à Saigon. Dans la maison partagée, des arbres poussent à l’intérieur, créant une forêt miniature, tandis que les fleurs éclosent dans la cuisine et viennent apporter des touches de couleurs le long des escaliers. C’est pour ainsi dire une micro forêt qui a été créée, rendue possible par l’abondance de lumière naturelle qui pénètre dans l’espace. La verdure, mêlée au bois, au béton et au métal, vient équilibrer l’espace et lui conférer un caractère organique rendant la demeure tout simplement vivante. Cela est encore accentué par le choix du design d’intérieur, avec des objets et du mobilier en bambou, des formes simples, droites et nettes pour un retour à la simplicité. Parfois il suffit de peu pour créer tout un monde. 

 

http://www.nishizawaarchitects.com