Rock et tapas : Sergi Arola au W Verbier

Dans le décor spectaculaire des montagnes suisses, le W Verbier incarne le luxe et l’élégance décontractée. Mais pour les amateurs de haute cuisine, un autre joyau attire les regards : le Eat-Hola, restaurant signature de Sergi Arola, chef étoilé et figure emblématique de la gastronomie méditerranéenne. Charismatique et passionné, il orchestre chaque mouvement avec une précision presque musicale.
Nous avons eu le privilège de le rencontrer à nouveau, 10 ans après et de revenir sur son parcours et sa vision, tout en explorant son univers culinaire d’une richesse déconcertante. 

Cela fait maintenant 10 ans que vous avez atterri au W Verbier. Racontez-nous…
C’était presque une coïncidence. Au départ, on m’a proposé de superviser plusieurs restaurants du W Verbier. C’était une mission ambitieuse, mais j’aime les défis. Rapidement, j’ai réalisé qu’il fallait que je me concentre sur un espace où je pouvais vraiment m’exprimer. Et c’est ainsi qu’est né le Eat-Hola. Un lieu intime, convivial, où je peux montrer ma vision de la gastronomie espagnole, même ici, au cœur des Alpes. Ce qui m’a séduit ici, c’est l’énergie. Verbier, ce n’est pas seulement une station de ski. C’est un carrefour culturel, une ambiance cosmopolite. Pour un chef, c’est une source infinie d’inspiration.

Au Eat-Hola, la carte est une véritable ode à la saisonnalité. Comment faites-vous pour renouveler ses créations tout au long de l’année ?  (La réponse ne tarde pas, accompagnée de gestes expressifs, comme pour mimer la danse des ingrédients dans une assiette.)
Le menu évolue avec la montagne. Chaque saison a son caractère, ses couleurs, ses saveurs. En été, on célèbre la fraîcheur : des légumes croquants, des herbes vibrantes, des poissons légers. En hiver, c’est plus intense : des plats réconfortants, des textures profondes, des saveurs qui réchauffent après une journée dans la neige. Mais ce n’est pas qu’une question de produits. La clientèle change aussi. L’hiver, on a des visiteurs venus du monde entier, exigeants et curieux. L’été, ce sont des locaux ou des randonneurs. Il faut savoir adapter l’expérience à leurs attentes tout en restant fidèle à mon identité.

Le W Verbier où le chef Sergi Arola chapeaute Eat-Hola depuis 10 ans ©DR

Hier, nous avons eu la chance de vous observer en cuisine puis aujourd’hui, nous allons reproduire des plats de votre nouvelle carte sous votre supervision, une perspective à la fois excitante et intimidante…
J’aime partager. C’est dans mon ADN. Montrer comment un plat prend vie, expliquer pourquoi on choisit telle technique ou tel ingrédient, c’est essentiel. La cuisine, ce n’est pas juste nourrir. C’est raconter une histoire, créer un souvenir. Et si je peux transmettre un peu de cette passion à d’autres, alors ma mission est accomplie.

Qu’est-ce qui rend le Eat-Hola si particulier au sein du W Verbier, un hôtel réputé pour son luxe décontracté ?
Ce que j’adore ici, c’est qu’on peut offrir une expérience gastronomique sans la rendre intimidante. Les clients viennent pour se faire plaisir, pas pour se prendre trop au sérieux. Mon objectif est qu’ils se sentent comme à la maison, mais avec une cuisine qu’ils ne pourraient pas reproduire chez eux. La cuisine ouverte du Eat-Hola n’est pas qu’un décor. C’est une invitation. Les clients peuvent nous (lui & son équipe) parler, nous poser des questions. C’est cette connexion qui rend le repas unique.

Le Chef Sergi Arola au W Verbier ©DR

On vous connaît d’autres passions que la cuisine dont la musique rock. Vous la pratiquez en tant que guitariste d’un groupe…
La musique et la cuisine sont très similaires, dans les deux cas, il s’agit de trouver une harmonie. En cuisine, ce sont les saveurs. En musique, ce sont les notes. Les deux demandent de la discipline, mais aussi une grande liberté créative. Parfois, je plaisante avec mon équipe en disant que si je n’avais pas été chef, j’aurais aimé être rock star. Mais qui sait, il n’est jamais trop tard !

Quels sont vos projets futurs, vos challenges à venir ?
La cuisine est une aventure qui ne s’arrête jamais. Pour moi, chaque projet est une nouvelle étape, une occasion de réinventer ce que je fais, de m’immerger dans de nouvelles cultures et de nouvelles saveurs. Je suis particulièrement excité par l’ouverture de mes restaurants au Giza Palace, en Égypte. Ce lieu incroyable, à deux pas des pyramides, est une source d’inspiration immense. Nous y ouvrirons quatre concepts : une brasserie méditerranéenne, un restaurant chinois, un japonais et un méditerranéen. Chacun d’eux apportera quelque chose d’unique, tout en restant fidèle à ma vision de la cuisine : simple, élégante et toujours sincère.

Eat-Hola ©DR