Rachel Marks reboise nos imaginaires

PLANÁŌ GERMINATIO de Rachel Marks au Forum Meyrin (c) DR
Au Forum Meyrin, cet hiver, on ne coupait pas les arbres… on les faisait repousser. Sous les doigts poétiques de Rachel Marks, la forêt s’invite entre les pages, les racines se dessinent à l’encre, et les livres deviennent feuillus. Artiste-chlorophylle, chamane du papier recyclé, l’Américaine installée à Paris a transformé le hall du Forum Meyrin en serre d’imaginaire. Bienvenue dans Planáō Germinatio, où l’on sème des récits et où l’on récolte des émotions.
Quand les livres se mettent à bourgeonner
Elle aurait pu sculpter du marbre ou modeler de l’argile. Rachel Marks, elle, préfère les vieux bouquins. Les pages fatiguées, les couvertures écornées, les mots oubliés. Elle les prend, les plie, les déplie, les entortille, et d’un coup, ils respirent à nouveau. Arborescents, racinaires, organiques : les livres deviennent vivants, littéralement. Le Forum s’est transformé en forêt de papier, entre herbier de souvenirs et jardin d’idées partagées.
Pousse collective Rachel Marks a retourné la scène comme un terreau. Papier recyclé, livres usés, imagination sauvage : tout a pris racine dans son atelier Planáō Germinatio. Tous les mercredis et samedis, les visiteurs étaient invités à mettre les mains dans les mots. Dessiner, découper, modeler, coller, rêver. Enfants, seniors, rêveurs de passage : chacun ajoutait sa branche à l’arbre collectif. Une œuvre participative comme un compost d’histoires, un patchwork de pensées. « Créer ensemble, c’est replanter du lien dans nos quotidiens trop secs », soufflait Rachel, pinceau en main et regard planté droit dans le cœur.
De Paris à Meyrin, Rachel fait feu de tout bois
Venue de l’Oklahoma, enracinée à Paris, Rachel Marks fait germer son art dans les musées comme dans les quartiers. Grand Palais, Philharmonie de Paris, New York, Pékin… et aujourd’hui Meyrin, où elle continue de tisser sa toile végétale. Son travail ? Une danse lente entre écologie, poésie et pédagogie. Une création qui pousse en spirale et se nourrit autant de compost que de concepts.
Le Forum en clairière d’avenir L’installation, exposée jusqu’en février, est bien plus qu’un décor. C’est un appel à replanter du sens. Une respiration dans l’asphalte culturel. Et un clin d’œil évident : ici, l’art prend racine là où les gens osent créer ensemble. Pas d’art figé ici. Juste un terrain fertile où l’on circule, l’œil en éveil, la main tentée de toucher. Et surtout, l’envie pressante de faire partie de cette pousse collective. Avec Rachel Marks, le Forum Meyrin n’a pas seulement accueilli une exposition : il a laissé entrer la sève. Celle des idées, des mémoires recyclées, de la main tendue vers demain. Un art qui pousse, qui feuillète, et qui donne envie de reboiser à reboiser nos vies intérieures, à réécrire nos récits, et à faire germer du lien là où tout semblait sec.
