Quand le Land Art rencontre les traditions passées

En cette fin d’été, la commune de Veyrier et son espace culturel La Mansarde nous proposent un événement rafraichissant et innovant, mêlant projet in situ et exposition photographique. Au cœur de ce programme, l’artiste Gérard Benoit à la Guillaume, photographe franco-suisse, grand curieux fasciné par les patrimoines régionaux, et désireux de mettre en avant leurs spécificités à travers ses œuvres.  Pour cet accrochage, ce sont les bidons de lait, utilisés pour le transport, qu’il met en avant. Ce projet, qui a déjà voyagé à travers la Suisse et au-delà de ses frontières se retrouve en ce mois de Septembre à Veyrier, où seront présentés ses clichés, mais où il sera également question d’une installation participative in situ au Château de Sierne. « Bidons Sans Frontières » se voit alors comme une ode à la tradition et un refus de l’oubli de ces objets qui font notre quotidien avant de devenir obsolètes. Un projet original qui nous fait repenser cet artefact oublié dans les granges des fermes tout en soulignant nos paysages en y portant un nouveau regard.

Quand le paysage rencontre l’objet

Le bidon de lait. Objet du quotidien d’un autre temps, image de carte postale, ou porte parapluies, mais souvent délaissé entrainant avec lui la perte d’une histoire passée. Le photographe Gérard Benoit à la Guillaume s’oppose fermement à cet oubli et décide de placer sous le feu des projecteurs, et le flash de son appareil photo, ces bouilles, chânes, ou bidons. En ses termes, ces récipients métalliques à l’utilité prouvée, ayant recueilli en leurs 50 années d’existence 1 460 000 litres de lait (!), sont victimes d’une terrible injustice, laissés pour compte, abandonnés à la poussière et aux parapluies trempés. L’artiste arrive alors à la rescousse, emportant dans ses bagages quelques 200 bidons brillants pour leur faire parcourir la Suisse et la France voisine, faisant d’eux ses outils principaux dans ses compositions.

Photographe et artiste de land art, Gérard Benoit à la Guillaume se passionne pour les paysages et l’art des Nouveaux-Réalistes, rassemblant des figures aussi emblématiques que Christo et Tinguely. Il mêle alors à sa passion pour ce courant son amour du terroir et des traditions, et immortalise ses compagnons de voyage au métal rutilant dans des paysages à la beauté époustouflante qu’il vient souligner par ses installations. Ses projets in situ, bien plus que de nous prouver l’élégance de ces jarres de métal, vient accentuer les traits des paysages qu’il choisit, disposant ses bouilles à l’image du Petit Poucet, et nous invitant à suivre leur chemin. Au cœur des alpages, ou alors en pleine ville, il nous surprend par ses créations à la fois humoristiques par leur aspect incongru, et esthétiques par leur disposition et lieu d’installation.

© Gérard Benoit à la Guillaume

Les bidons s’installent à Veyrier

L’exposition prenant place à La Mansarde vient alors rendre hommage à ces outils du quotidien immortalisés avec talent, se consacrant à ce projet unique et original du photographe franco-suisse. Vous pourrez y découvrir les clichés de ses installations se multipliant sur les versants des Jura Suisse et Français, s’incrustant sans peine dans des paysages divers. Des photographies qui mêlent surprise, humour, et esthétique. S’ajoutant à cette exposition, une installation in situ participative prendra place le 29 septembre au Château de Sierne, à Veyrier, invitant toutes et tous à disposer ces bidons dans un paysage idyllique qui verra sa beauté soulignée par ces drôles d’intrus.

Témoin du passé et marque évidente de l’inscription de l’humain dans les paysages naturels, la bouille devient alors bien plus qu’un simple récipient. Il se mue en installations éphémères venant souligner la beauté de notre territoire, attirant les regards et l’attention sur des lieux parfois ignorés, et trop souvent sous-estimés. Quand un objet oublié vient nous rappeler que parfois il suffit simplement de changer son regard pour mieux apprécier ce qui nous entoure.