Puplinge Classique, un été de Racines et de Résonances

Baroque, classique, jazz, folklore, musique traditionnelle: Puplinge Classiqur offre un kaleidoscope musical (c) Jacques Philippet

Il y a des villages qui vibrent au rythme du clocher, d’autres qui s’éveillent à l’appel du chant. À Puplinge, petit coin de verdure genevois bordé de forêts et d’horizons ouverts, la musique est une langue vivante. Chaque été, elle y prend ses quartiers, s’installe dans l’église, se propage dans les prés, glisse entre les murs de la salle communale. Elle fait battre les cœurs et éclore les silences. Puplinge Classique, ce n’est pas un festival de plus sur la carte des événements estivaux, c’est une respiration. Une déclaration d’amour à la musique sous toutes ses formes, du baroque à la création contemporaine, du jazz au klezmer, de l’Orient à l’Occident.

Du 19 juillet au 23 août, la seizième édition s’annonce comme un bouquet d’intensité, d’audace et d’élégance. Son nom ? Racines. Un mot simple, profond, qui en dit long sur la ligne artistique : creuser, puiser, relier.

Une terre d’écoute fertile
Fondé en 2010 par le pianiste virtuose François-Xavier Poizat et le clarinettiste Damien Bachmann, le festival est né de l’envie de faire vibrer un territoire avec les plus belles cordes sensibles. Depuis, Puplinge Classique a grandi sans perdre son âme : un événement à taille humaine, exigeant sans être élitiste, enraciné dans la commune autant que tourné vers le monde.

Ici, pas de snobisme, mais une programmation qui prend le pouls de son époque. Des concerts pointus, oui, mais pensés pour tous les publics. Des formats variés, des lieux divers (église, salle communale, jardin, grange, place publique), une ambiance à la fois bucolique et engagée. Et surtout, cette conviction que la musique ne doit pas simplement se jouer, mais se partager.

Racines, pour mieux résonner
“Racines”, c’est le thème de cette édition. Et c’est un mot qui dit tout. Celles qu’on honore en jouant Bach ou Komitas. Celles qu’on bouscule en explorant le jazz, l’électro ou les sons du monde. Celles qu’on tisse entre une note et un regard, un silence et un frisson partagé. À Puplinge, la musique ne cherche pas à impressionner, mais à toucher juste. Et c’est peut-être ça, la vraie virtuosité : faire que l’art redevienne vivant, proche, humble. Comme une racine qui prend.

Un programme comme un arbre à mille feuilles
Ainsi, cette édition 2025 tisse des liens subtils entre les époques, les cultures, les disciplines. On y retrouve les figures tutélaires du classique, les expérimentations contemporaines, les racines folkloriques, les voix du monde, les jeunes pousses.

RAVEL 150 — On commence fort avec un hommage au maître de la nuance, Maurice Ravel, pour ses 150 ans. Deux soirées en miroir (19 et 24 juillet), deux pianos sur scène, et des interprétations à couper le souffle de Debussy, Stravinsky, Poulenc, avec le flamboyant Vyacheslav Gryaznov et François-Xavier Poizat himself.

Soirée arménienne (21 juillet) — Une traversée entre Orient et Occident, avec Astrig Siranossian au violoncelle, accompagnée de musiciens sublimes au qanûn et au piano. Une invitation à ressentir l’âme d’un peuple par les cordes et les silences.

Doubles concertos (26 juillet) — L’Ensemble PuplinGE Classique (oui, avec un G et E comme Genève et Excellence), dirigé par Louis Schwizgebel, offre un répertoire étincelant : Bach, Mendelssohn, Puccini, Nielsen. Le tout dans une proximité rare avec le public.

American Soundscape (27 juillet) — De Steve Reich à Philip Glass en passant par Leonard Bernstein, c’est toute l’âme de la musique américaine minimaliste et explosive qui se dévoile ici, portée par un quatuor de percussions à l’énergie renversante.

Et ce n’est qu’un échantillon. 17 concerts ponctuent l’été, entre moments contemplatifs et envolées fougueuses. Le festival invite aussi les jeunes talents, les étudiants du Conservatoire, les orchestres juniors, et des sessions de jam ouvertes où le public devient acteur.

Là où l’excellence rencontre la bienveillance
Ce qui fait la force de Puplinge Classique, c’est sa capacité à marier rigueur artistique et accueil chaleureux. Chaque concert est une expérience sensorielle, émotionnelle, presque spirituelle. On y entre comme on entre chez des amis. L’église devient cathédrale intime, la salle communale vibre comme une scène de festival. Et tout autour, la campagne genevoise veille, paisible, comme un décor en accord parfait avec la musique. C’est également une fête du lien : entre les générations, les cultures, les disciplines. Un hommage vivant à ce que la musique peut, quand elle est incarnée : rassembler, soigner, éveiller.

Puplinge Classique
du 19 juillet au 23 août

www.puplinge-classique.ch