Perséphone-sur-Arve

Balade cueilleur
Du 9 au 19 mai, se tient dans toute la ville de Carouge le bien nommé Printemps Carougeois, autour du cinéma Bio, du Chat Noir, du Hall de la Mairie, du Parc Louis-Cottier, de la Place du Temple, de la Cour de la Mairie, du Centre Commercial de Carouge, sans oublier l’Espace Grosselin, la Bibliothèque, les Halles de la Fonderie ou l’Espace Grange-Collomb, le Centre Musical Robert-Dunand, et du 105 Voisins. Seul.e, en couple, en famille, en meute ou en duo platonique, le festival ambitionne de s’adresser à tous; fort de cette promesse d’inclusivité, il est inutile de se sentir oppressé par le luxuriant programme proposé, soit une invite à butiner théâtre, cinéma, danse, installations artistiques, brunch et autres ateliers et expériences, le tout nimbé d’une aura verte puisque la nature fait cette année office de thématique névralgique.
Depuis l’industrialisation de l’Europe occidentale, sa modernisation à marche forcée et l’introduction des congés payés, le printemps dans la société de la fin du XXème siècle représente une douce promesse météorologique, le retour des plaisirs extérieurs voire une simple mention sur le calendrier gratuit de la voirie qui occupe le tableau de liège dans la cuisine. Nos ancêtres ont tout fait pour en arriver là, ce qu’ils considéraient comme le nanan du nanan civilisationnel : bénéficier du luxe de se ficher royalement des saisons, des rythmes de la Nature, et de ses caprices. Qui peut prétendre qu’il n’aurait été tenté, ça ou là, de se laisser séduire par cette promesse de confort éternel ? De plus, c’est bien cette étape voulue par nos aïeux qui nous permet aujourd’hui de nous pencher dessus avec un certain recul, ne versons pas dans le révisionnisme romantique non plus. La nature et ses cycles, dont le printemps tient le rôle du bellâtre principal, celui qui fait chavirer les coeurs, ainsi que leurs enseignements reviennent de plus belle. Car voilà peut-être ce qui manque le plus aux urbains que nous sommes : cet échange fusionnel et désintéressé entre la nature et ses composants, dont nous les sapiens.
Le thème du Printemps Carougeois ne portera pas sur la qualité de la spectroscopie–tunnel à très basse température de graphène sur uthonium supraconducteur en Indonésie batave, on l’aura deviné. L’Appel de la Nature sera la liane conductrice de l’édition 2019, cet appel qui se fait à nouveau entendre, qui nous rappelle que le plus performant des écrans noirs ne saurait nourrir un quelconque estomac. Ces leçons offertes par ce qui nous entoure ne nous aident que si nous ré-apprenons à en prendre conscience. Rien de mieux que distiller ce savoir au cours de manifestations en tous genres, du théâtre à la musique, en passant par des ateliers pour différentes audiences, des expositions et du land-art. Ceux qui disent que la Cité Sarde se morfond depuis 1816 et n’a rien d’autre qu’à offrir que des rues désertes se trompent !
Garderie Forestière
Des enfants ! Mais volontiers ! Plusieurs animations s’adressent spécifiquement à cette population interlope d’êtres bourgeonnants. “Des Roses dans la Salade” par la compagnie Schedía Teatro qui se tiendra à l’espace Grosselin les 11 et 12 mai est un spectacle fait d’ombres chinoises, d’animations vidéo et d’épluchures de légumes. L’épluchure à embellir devient le prétexte au dévoilement d’une vie secrète des légumes, un storytelling qui vise subtilement à rendre le concombre plus sexy qu’une barre chocolatée à l’orang-outan. La Bibliothèque de Carouge propose une journée d’ateliers sensoriels et pédagogiques “À la Découverte de la Forêt” le 15 mai, donnés par Chantal Stegmuller Darriulat. Reconnaître des espèces des règnes animaux et végétaux, se familiariser avec certaines textures pour à la fin créer une carte végétale (à mettre à côté du calendrier dans la cuisine). Les camarades de la compagnie TaMiEro vont déployer un atelier musical type Jacques-Dalcroze ciblée sur la relation parent-enfant, avec une thématique tirant logiquement vers le vert.
Art Paysagesque
Trois installations sont en parallèle présentées depuis le 2 mai, du land-art plus précisément. “Akousmaflore” est une expérience qui marie végétal et digital : un jardin de pots suspendus est relié à un dispositif sonore qui retentit dès qu’on en touche un élément. Le collectif Scenocosme est mondialement réputé pour son travail interactif et on comprend pourquoi. “Spirit” est le produit du travail de récolte des bois municipaux récoltés par la ville durant l’année par la fleuriste et la plasticienne végétale Sophie Gétaz-Jousson et Marie-Hélène Hess-Boson. “In Situ” fait référence au modus operandi de Chris Drury qui crée des oeuvres de toutes tailles avec les moyens du bord.
Bacchanales
Passons à présent au théâtre, avec une des perles de cette édition, ”Envolée Bucolique”, une sorte de mobile géant animé par la compagnie Transe Express qui sera le fer de lance d’une parade de rue le samedi 11 mai vers 21h. Le “Repas Botanique” par la compagnie l’Organisation proposera aux convives de hacher, moudre, goûter, sentir et whatnot des herbes sauvages de la saison et de la région, indispensable pour prendre conscience de cette herboristerie naturelle. “Compleanno di Terra”, l’anniversaire de la terre par le Teatro delle Ariette, un dialogue intimiste d’un couple naturaliste qui décide de ne plus s’offrir à leurs anniversaires respectifs que des lettres, que l’on devine pleines de bonnes choses. “De la Sexualité des Orchidées” nous transpose dans un magistral et loufoque cours ex-cathedra sur les attirances de ces capricieuses monocotylédones. Enfin, une scène de genre carougeoise sera donnée tous les soirs sauf le jeudi, une mise ne scène en partie amateure qui reprend et singe la vie des habitants du quartier-ville.
Ateliers Ligneux
Pour plus d’interactions, les ateliers sauront satisfaire les plus intrépides. “Racines du Ciel” de Cedric Bregnard va inviter les spectateurs à venir remplir la forme géante d’arbre reproduite sur une immense feuille de papier avec les nervures les plus osées à l’encre de Chine. “La Balade du Cueilleur” vous fera nomadiser en des lieux qui seront communiqués ultérieurement et vous permettra d’apprendre à connaître et à consommer la botanique de vos ballades dominicales. Un atelier de “Kokedama” par les Dames Coquettes vous enseignera un peu d’art floral du Soleil-Levant.
9e Art Printanier
Un peu de cinéma sur le sujet ne pourra pas générer de décès intempestif, tel que le concours de court-métrages qui ouvre le Printemps le jeudi 9 mai avec couronnement du ou de la lauréat.e, et la projection de “L’Homme et la Forêt”, un film de Claude Schauli sur le rôle centralissime des bois et sous-bois pour la survie humaine, en collaboration avec le Festival du Film Vert.
Melopées Sacrantes
Un brunch sauvage en mode ketodiet aura lieu le dernier dimanche à 105 Voisins suivi d’une sieste sonore par Julie Semoroz. Un peu de salsa pour le lancement le 9 mai et le récital de Béatrice Berrut interprétant Mahler, Liszt et Wagner.
Printemps Carougeois
Du 9 au 19 mai
Divers horaires
Divers lieux à Carouge, certains en plein-air
Nombreux spectacles gratuits
Ceux payant entre 5 et 25 CHF
printemps-carougeois.ch
