Peinture figurative : le comeback plus frais qu’un lifting

Pretty girls should always smile (2025), une huile sur toile de Carine Bovey.Courtoisie de l’artiste et de Gowen Contemporary, Genève/Musée d’art de Pully/Carine Bovey

Les modes s’évaporent, les tendances se dissolvent. Mais la peinture figurative, elle, revient telle une marée indocile après le calme plat : plus éclatante, plus affranchie, et désormais brandie fièrement par les mains et les regards des artistes femmes. Au Musée d’art de Pully, l’automne s’annonce en technicolor avec son expo  « Come-back ! L’art figuratif en Suisse : une scène au féminin ». Du 13 septembre au 14 décembre 2025, elle pose ses couleurs et ses regards sur un pan entier de la création contemporaine.

Cap sur les rivages colorés du féminin figuratif.

Ici, les toiles ne se contentent pas de figurer : elles racontent, elles questionnent, elles osent. On croise des héroïnes énigmatiques, des corps réinventés, des intérieurs plus inquiétants qu’un miroir de sorcière, des paysages qui brillent d’un faux calme. Comme si la figuration s’était offert un lifting poétique après des décennies de cure d’abstraction.

Lucie Kohler, Paddle pudding (2025) Crayons de couleur sur papier, 70 × 100 cm Collection du Musée d’art de Pully

Les grandes dames du pinceau passent le témoin à une nouvelle garde qui joue avec les codes comme on joue avec des allumettes : pour allumer l’imagination, pas pour brûler la maison. Résultat ? Un ballet effervescent entre les âges, un ping-pong visuel où chaque toile réplique, esquive, renverse — jusqu’à transformer l’héritage en terrain de jeu.

Ainsi, dans les salles de Pully, les générations se répondent comme des échos. Miriam Cahn incendie la toile de ses corps bruts, Valérie Favre distille son imaginaire théâtral, et Caroline Bachmann fait vibrer la lumière comme une respiration. Ces grandes dames plantent le décor, mais la relève ne se contente pas d’applaudir en coulisses : elle entre en scène, insolente et brillante. Carine Bovey détourne le sourire forcé dans un Pretty girls should always smile qui claque comme une gifle douce, Louisa Gagliardi fait flotter ses silhouettes digitales dans des paysages sous anesthésie, et Lucie Kohler empile les couches de crayons comme autant de battements de cœur. Ensemble, elles réinventent la figuration comme on secoue un vieux drap pour le remettre au soleil : ça prend l’air, ça prend des couleurs, et ça prend toute la place.

Seline Burn, Courtoisie de l’artiste et de la Wilde Gallery, Genève/Pierre Daendliker/Seline Burn

Et parce que l’art n’aime pas rester sage dans son cadre, le musée pousse l’expérience plus loin : un mur laissé en suspens, à compléter par les visiteurs crayons en main. Oui, ici, on ne se contente pas de regarder : on crayonne, on gribouille, on participe. L’art figuratif devient collectif, presque festif.

Mariana Tilly, Doce, 2025 Huile sur toile, 160 x 140 cm Courtoisie de l’artiste

Un catalogue pensé comme un manuel d’exploration (avec des plumes comme Jill Gasparina ou Julie Enckell Juillard) complète le tout, histoire de réfléchir entre deux coups de pinceau.

Le pigment en plus ?  La distinction Jacqueline Oyex 2025 qui couronne Louisa Gagliardi, alchimiste du numérique et du dessin, dont les personnages semblent flotter dans des aquariums de verre aseptisé.

Louisa Gagliardi, Ruisseau (2017) Médium gel et encre sur PVC, 42 × 35 cm Musée d’art de Pully – don de la Fondation Jacqueline Oyex

À Pully, l’art ne se contente pas de nourrir l’esprit : il titille aussi les papilles. Entre visites-lunch, brunch-table ronde et même balade gastronomique orchestrée par des cheffes locales, l’art figuratif se savoure autant dans l’assiette que sur la toile. On vient pour admirer un visage peint, on repart avec le souvenir d’une bouchée fondante — preuve qu’à Pully, la culture est décidément un plat qui se mange chaud… ou froid, selon le menu.

Préparez-vous à un voyage où la peinture reprend chair. Car à Pully, la figuration n’est pas seulement de retour : elle fait son grand come-back, mascara bien posé, sourire carmin, regard incandescent et panache assumé!

Cecile Giovannini, Prophétie (2015) Acrylique sur bois, 55 × 65 cm Collection privée — Photo : Musée d’art de Pully / © Cecile Giovannini

« Come-back ! L’art figuratif en Suisse  Du 13 septembre au 14 décembre 2025

Musée d’art de Pully, Chemin Davel 2, 1009 Pully – www.museedartdepully.ch