Paul Klee, dessinateur

C’est un artiste qui est avant tout célèbre pour ses peintures et reconnu pour son utilisation alors novatrice pour l’époque de la couleur. Mais sur les quelques 9’000 oeuvres qu’il allait produire durant sa carrière, la moitié d’entre elles sont en réalité des dessins. Dès son plus jeune âge, mais également jusqu’à sa mort, l’artiste allemand se sert alors du trait comme moyen d’expression, revenant aux origines de la pratique artistique pour exprimer son esthétique et traiter de sujets très variés. Le MASI Lugano nous propose de découvrir dans sa nouvelle exposition 70 oeuvres, constituant l’intégralité de la Collection Sylvie et Jorge Helft. Présentée pour la première fois dans son intégralité au sein d’un musée, cette collection rassemblant des dessins et créations faisant usage de techniques diverses vient illustrer tout un pan encore mal connu de la carrière de Paul Klee. Une exposition rare qui nous invite à pénétrer dans l’univers de l’artiste mythique, autrement.

La ligne. Un point de départ essentiel pour le peintre allemand Paul Klee, qui avant de transposer ses idées en peinture sur ses toiles a passé des heures à les travailler sur papier. Exposition inédite au sein d’une institution muséale, Paul Klee, la Collection Sylvie et Jorge Helft invite les visiteurs du MASI Lugano a découvrir des travaux fondateurs de l’oeuvre de l’artiste, tous réalisés entre 1910 et 1930. Au total, ce sont 70 dessins que l’on vient décrypter du regard, et qui nous ouvrent un peu plus grand les yeux sur la production de ce peintre qui allait placer un marque-page dans l’Histoire de l’Art pour son traitement de la couleur, mais aussi son approche du trait et de la ligne. Acquise suite à une minutieuse sélection, les oeuvres de la collection de Sylvie et Jorge Helft invitent alors à la découverte d’une proposition organique, où les techniques sont variées, mais l’objectif est lui unique : produire des oeuvres spontanées et authentiques en revenant à la base de tout, le trait. Mais ce point de focus ne vient en rien réduire la complexité de ses créations, tant du côté graphique que symbolique. En réalité, le dessin nous fait plonger plus que jamais dans son univers.

Paul Klee, Esprits du théâtre, 1939, collection particulière, ©Nicolas Borel

Etranges personnages géométriques, ou à l’inverse organiques, surprenantes créatures, personnages réels et imaginaires, inspirations venues du monde du cirque, de la musique, du théâtre, mais aussi thématiques plus sombres, la mort et la maladie occupant une place bien présente dans cet ensemble, Paul Klee se révèle encore un peu plus comme un artiste complexe. Le dessin, malgré son caractère faussement facile et léger, vient ici nous faire pénétrer dans l’univers entre réalisme et onirisme de Paul Klee et faire écho au mysticisme et à la féérie de son Oeuvre. Dessins au crayon, au pastel mais aussi à la plume, gravures, lithographies, ou encore aquarelles, témoignent ici de l’adaptabilité du peintre et de sa capacité à s’exprimer à travers un large spectre de techniques artistiques toutes mises au service de la forme. Le trait se fait rigide, puis ailleurs zigzag, avant de tourner en rond, et enfin de se décider à former des corps, des lettres, des symboles. Une ligne mouvante qui vient exprimer des sentiments variés, allant de l’humour et la satire, à des créations où le drame et la tragédie dominent.

Paul Klee, L’autre chambre hantée (nouvelle version), 1925, collection particulière, ©Nicolas Borel

L’exposition nous invite alors dans un univers méconnu de la production artistique de Paul Klee, à travers une collection dont la curation nous permet à la fois d’explorer un pan de sa création peu médiatisé, et de comprendre l’origine de ses toiles les plus célèbres. Organique et pluriel, l’accrochage de cette collection au MASI nous rappelle que derrière chaque artiste, se cache un amoureux de l’expérimentation et de la recherche, sans cesse en quête de son approche propre de l’art. Une exposition à ne pas rater.