Parenthèse infusée aux Bergues

Dans le Salon Dufour du Four Seasons Genève, les heures s’étirent au rythme d’une porcelaine qui s’entrechoque doucement. Ici, le temps se sucre, se beurre et s’infuse. L’Afternoon Tea de l’hôtel n’est pas une pause : c’est une parenthèse, un rituel de douceur, une partition jouée en accords salés et sucrés. On s’est laissé happer par ce théâtre de saveurs.

Entrer au Four Seasons Hôtel des Bergues, c’est plonger dans une bulle calibrée au millimètre : marbre qui chuchote, portiers qui sourient comme s’ils vous attendaient depuis toujours, service qui vous cueille avec élégance. Ici, rien n’est laissé au hasard — tout respire le chic tranquille, ce luxe qui ne s’affiche pas mais qui s’impose. Avant même le premier thé, on est déjà dans le film.

Place au premier acte. Dans le somptueux Salon Dufour, tout débute par une tasse fumante — thé parfumé, infusion délicate ou chocolat maison velouté. Comme une ouverture en douceur, un prologue liquide qui réchauffe les mains et prépare le palais, promesse d’un après-midi où le temps s’étire en volutes parfumées.

Quand la pistache de Bronte enlace un Paris-Brest, et que le chocolat murmure au café dans un entremets raffiné (c) DR

Côté salé, ça claque : lobster roll twisté à la pomme verte, croque-monsieur de dinde à la truffe noire, anchois Cantabrico sur pain toasté, tartinette de concombre rafraîchie d’aneth et citron. On passe du iodé au terrien, du croquant à l’onctueux, comme un set bien mixé.

Les lobster rolls qui roulent en bouche comme une vague de velours salin (c) DR

Puis le sucré envoie la lumière : religieuse chocolat-noisette qui boxe dans la catégorie velours, meringue rhubarbe-verveine qui explose en fraîcheur, biscuit pêche-sureau qui joue les équilibristes. Les scones se dégustent encore chauds, la madeleine s’invite en clin d’œil nostalgique, et le clafoutis à partager casse la pose palace pour ramener la convivialité à table.

Des créations ciselées comme des bijoux, par un chef au geste sucré sans limites : Lyece Major
(c) DR

Derrière ce ballet millimétré ? Le duo en coulisses : Michele Fortunato qui orchestre, Lyece Majorqui cisèle. Deux chefs qui transforment l’après-midi en scène gourmande, où chaque assiette joue sa note juste. Résultat? Un tea time qui vaut son prix (90 CHF, ou 110 CHF avec champagne), non pas pour l’addition, mais pour l’expérience.

Un après-midi qui pulse, chic mais jamais coincé. Le genre de parenthèse où Genève devient un peu plus Londres, mais avec le charme des Bergues en prime.