Nuit et jour à La Bâtie

(c) Alain Scherer
La 49ᵉ édition de La Bâtie – Festival de Genève, qui se déroule du 28 août au 14 septembre 2025, continue d’affirmer sa réputation de rendez-vous incontournable de la création contemporaine. Théâtre, danse, musique, performances et expériences immersives : chaque année, le festival surprend par la diversité et la qualité de sa programmation. Pour cette rentrée artistique, nous avons sélectionné cinq coups de cœur à ne surtout pas manquer, véritables fenêtres ouvertes sur l’imaginaire et l’émotion.
Nowhere- An Anti-Biography
Sur scène, Khalid Abdalla nous entraîne dans un voyage où l’intime et le monde se superposent. Entre souvenirs de la révolution égyptienne et résonances des soulèvements à travers le globe, il tisse une “anti-biographie” sensible et ludique, mêlant amitié, perte et résistance. Chaque geste et chaque mot deviennent miroir des bouleversements collectifs et de la mémoire personnelle. Un spectacle en anglais surtitré en français de 90 minutes, à découvrir dès 14 ans, qui invite à ressentir, réfléchir et se laisser traverser par l’histoire. A découvrir du 11 au 13 septembre aux Scènes du Grütli.
Magic & Naked X Palinstar
Côté musique, Magic & Naked revient sur scène après quatre années d’hibernation, enveloppé de pop vaporeuse et lunaire, où guitares éthérées et rythmes ondulants invitent à flotter dans un univers à la fois nostalgique et mystérieux. Le groupe genevois, fidèle à ses influences des années 60 et 70, transforme son héritage musical en une aventure du cœur, sincère et envoûtante. En ouverture, Palinstar déploie Backtrain Places, un monde sonore où les mélodies oscillent entre simplicité fulgurante et complexité intrigante. Entre rock lancinant et folk chaleureux, sa voix sensuelle, légèrement cassée, se fait guide d’émotions explorées librement, pour un voyage musical à la fois intime et fascinant. A écouter le 13 septembre dans la salle le Manège à Onex.
A bras-le-corps
À bras-le-corps, le tout premier spectacle de Boris Charmatz et Dimitri Chamblas, marque une véritable révolution chorégraphique. Créé en 1993 alors que Boris avait 19 ans et Dimitri 17, le duo s’affranchit des codes établis, brouillant les frontières entre chorégraphe et interprète, et abolissant la distance avec le public. Sur un carré entouré de chaises, leur jeunesse libertaire insuffle une danse brute et inventive qui continue de fasciner trente ans plus tard. Les corps évoluent, se confrontent, se jouent de la gravité, et la pièce dégage toujours une puissance jouissive, intacte au fil des générations de spectateurs. A découvrir les 11 et 12 septembre à l’Espace Vélodrome à Plan-les-Ouates.
Dumy Moyi
Avec Dumy Moyi, François Chaignaud invente un antidote aux codes rigides du théâtre occidental. Pas de gradins ni de scène, mais un espace clos et intime où public et artiste se rencontrent de plain-pied, dans une proximité rare. Rythmé par des chants ukrainiens, philippins et séphardiques, ce récital polyglotte s’incarne dans un costume-sculpture spectaculaire signé Romain Brau, qui sublime la danse et le chant. Présentée pour la première fois à Genève en 2014 lors du festival Antigel, la pièce revient au Foyer du Grand Théâtre avec toute sa délicatesse et sa démesure, offrant 35 minutes d’expérience sensorielle et envoûtante. A découvrir le 8 septembre.
Les Corps incorruptibles
Avec Les corps incorruptibles, Aurélia Lüscher explore le mystère des cadavres qui échappent à la putréfaction, transformés en reliques saintes par la religion catholique. Mais à l’heure où la thanatopraxie s’érige en industrie, une question persiste : que faire de nos dépouilles, et surtout, comment le faire en accord avec l’écologie ? Actrice et céramiste, Aurélia Lüscher plonge dans l’économie funéraire, questionne les pratiques et interroge le respect dû aux morts comme à la planète. Entre enquête, poésie et irrévérence, elle invente un théâtre qui conjugue réflexion écologique et art de la métamorphose. A découvrir les Jeudi 11 et vendredi 12 septembre aux Scènes du Grütli.
Théâtre, danse, musique, performances ou festins : La Bâtie nous entraîne dans une constellation de désirs et de vertiges. Cet automne, on plonge ensemble dans son tourbillon incandescent et on se laisse emporter par l’audace et la poésie de la création contemporaine genevoise
La Bâtie – Festival de Genève
du 28 août au 14 septembre 2025
