Germanier, armé de matières et de lumière

Portrait de Kévin Germanier, 2025
© KEYSTONE/Jean-Christophe Bott

Au mudac, du 7 novembre 2025 au 22 mars 2026, Kévin Germanier renverse les codes comme on retourne un tissu : à l’envers, à vif, à vrai! Sous le titre « Les Monstrueuses », le créateur valaisan, alumni de la HEAD – Genève, brode un conte de couture où le déchet devient diamant, où la monstruosité se fait muse. Les perles cassées retrouvent leur éclat, les chutes de textile leur noblesse. Ici, rien ne se jette : tout se rejoue. Entre l’éclat et la cicatrice, Germanier coud l’émotion. Immersion dans un vestiaire de rédemption, où chaque perle raconte sa seconde vie.

Dans l’écrin brut du mudac, son univers éclate comme un feu d’artifice conscient. Germanier ne fabrique pas des robes : il sculpte des visions. Des silhouettes qui n’ont peur ni du trop, ni du faux ; des créatures habitées, couvertes d’écailles de sequins et de souvenirs. Ce sont des “monstres” nés d’un monde saturé, mais qui dansent encore.

mudac, Les Monstrueuses. Carte blanche à Kévin Germanier, Vue d’exposition, 2025 © guillaumepython

Chaque pièce parle d’un combat : celui de créer sans détruire, de briller sans brûler, d’aimer la mode sans s’y perdre. À travers cette ode textile à la réparation, Germanier fait de la couture une langue universelle,  celle de la renaissance.

Quand la démesure devient mesure du beau
Sous les néons du musée, le visiteur avance entre plumes et plastique, strass et silence. Les robes semblent respirer. Les fils, battre. Les volumes explosent, comme si le corps refusait désormais les lignes droites et les carcans. Chaque création se fait totem d’une époque en mue, un cri pailleté contre le conformisme. Germanier ne célèbre pas la perfection : il célèbre la cicatrice sublimée. Le luxe n’est plus dans la rareté, mais dans le geste de sauver.

Germanier, Haute Couture, FW25-26, Les Joueuses, 2025 © Courtesy of Kévin Germanier

La Suisse, pays du soin et de la couture réparée
Issu du Valais, il garde dans ses doigts la patience du tricot alpin, mais son esprit voyage dans les galaxies de la haute couture parisienne. Entre Caran d’Ache et couture, il a même transformé des crayons suisses en parure haute couture, un dialogue entre l’enfance et l’audace, entre le dessin et la robe.

Germanier, Robe Caran d’Ache, Haute Couture, Les Globuleuses, SS25, 2025 © Nicolas Stajic

Ses monstres sont des messagers : ils murmurent que la beauté n’a plus d’âge, ni de norme, ni de forme.

Germanier ou l’art du lien
Les « Monstrueuses », ce sont aussi celles et ceux qui tricotent, cousent, recyclent : les femmes du Valais, les artisans de l’ombre, les mains du monde. Dans l’atelier reconstitué, on voit la chaîne invisible entre créateur et communauté. La mode n’est plus un podium, mais un pont. Germanier coud le social à l’esthétique, le geste à la planète, la flamboyance à la foi.

mudac, Les Monstrueuses. Carte blanche à Kévin Germanier, Vue d’exposition, 2025 © Guillaume pythons

Du 7 novembre 2025 au 22 mars 2026

mudac, Plateforme 10, Quartier des Arts, Place de la Gare 17, 1003 Lausanne
mudac.ch