MICR-o aux Prisonniers du Monde
Ultima Thulé de notre société moderne, l’incarcération reste par définition pour nous autres citoyen.ne.s libres un concept que nous ne maîtrisons pas. Peu semblent vraiment comprendre ce qu’implique d’être emprisonné sauf ceux qui le vivent physiquement, psychologiquement ou les deux. Et c’est bien normal, qui sait ce qu’il se passe dans les égouts d’une ville à part ceux qui plongent dans les selles ? Or, c’est un paradoxe certes voulu mais néanmoins bien étrange, plus de 10 millions de personnes y passent du temps, voire la vie selon les cas.
Du modeste groupe tribal d’une quinzaine d’individus à des sociétés en comptant plusieurs milliards, la question du que faire de ceux qui sont considérés trop disruptifs s’est toujours posée, et avec chaque fois le même sentiment emprunté. Châtier, éliminer, isoler, rééduquer comptent parmi les hésitations que les divers groupements humains au cours de l’histoire ont eu à affronter. Et contrairement aux idée reçues, l’emprisonnement de longue durée est un moyen assez récent au regard de l’histoire humaine. D’abord moyen de s’assurer que les accusés restassent à portée de glaive, puis bagne de travail, bagne maritimes et autres joyeusetés qui ne visaient là qu’à utiliser à bon escient cette force de travail gratuite, la chiourme, et à isoler les coupables, la prison n’a que tardivement commencé à se muer en institution de rééducation, c’est-à-dire un moyen de faire prendre conscience aux intéressés de leur conduite et peut-être, par le bât, les convaincre de ne plus réitérer leurs crimes et larcins.
De nos jours le débat se tient entre les tenants de l’institution totale, c’est-à-dire la prison comme l’image populaire se la représente, et un modèle plus progressiste qui soutient que la rééducation intelligente doit directement prendre place. Sans s’immiscer trop dans ce débat, l’exposition “Prison” du Musée International de la Croix-Rouge vise avant tout à plonger le visiteur dans la réalité des geôles de notre époque à travers le monde, des prison surpeuplées de trafiquants tout-puissants en Amériques du Sud au laobei chinois, en passant les différents couloirs de la mort et par tant d’autres exemples plus instructifs les uns que les autres. L’exposition est incluse dans un décor carcéral visant à rendre quelques impressions liées à cette “expérience”.
Est-il utile d’emprisonner ? Le prisonnier est-il toujours digne d’humanité ? Ne mérite-t’il pas l’élimination pure et simple ? Comment gérer les familles qui sont très souvent prises entre deux feux ? Tant d’interrogations qui, si elle ne trouveront sans doute pas de réponse définitive à la suite de cette modeste initiative, auront au moins le mérite d’être posées.
Prison
Jusqu’au 18 août
De 10h à 18h
Musée international de la Croix-Rouge (MICR) 17 av. de la Paix – 1202 Genève
Entrée + visite 5 CHF
redcrossmuseum.ch